L’objectif dans cet article n’est pas de réprimander ni de stigmatiser les personnes qui usent des produits décapants. Notre but est de prévenir sur les conséquences néfastes de l’usage de ces produits.

Tout d’abord, il faudra revenir sur la définition de ce qu’on appelle un produit esthétique. Un produit esthétique doit rester à la surface de la peau (fond de teint, rouge à lèvres…). Dès lors qu’une crème commence à entrer en contact avec le sang, elle devient un médicament. D’ailleurs, on appelle chez nous tous ces produits éclaircissants « dowo ». Mais un médicament qui n est pas prescrit par un médecin comporte un certain nombre de dangers. Ces

” dowo ” sont parfois détournés  de leur but premier. Par exemple, le Dermovate est fait pour soigner les taches noires laissées par des brûlures. Pour une prévention efficace, il faudra se pencher sur les causes et les conséquences du phénomène. Très tôt, le psychiatre et écrivain Frantz Fanon s’est penché le premier sur le phénomène, dans son ouvrage Peau noire, masques blancs, publié en 1952.

Pour l’intellectuel martiniquais, les peuples colonisés ont fini « par intégrer [les] discours de stigmatisations, le sentiment d’être inférieur, par mépriser [leur] culture, langue et peuple». Pour beaucoup d’intellectuels, la cause est donc un complexe d’infériorité par rapport aux blancs. 

Il faut ajouter à cela un désir de séduire. Beaucoup de femmes qui  usent des produits décapants sont convaincues effectivement  que les hommes africains préfèrent la peau claire à celle couleur ébène. Les plus jeunes,   les petites bourses ou les personnes non éduquées ne sont pas les seules à s’adonner à ces pratiques ô combien néfastes pour leur santé et… leur bourse.

Il est triste de constater que beaucoup de femmes instruites (enseignantes, présentatrices tv, star de la chanson…) qui, au lieu de brandir leur couleur de peau naturelle avec fierté, ont choisi de changer de teint. Ces femmes que l’opinion publique a plébiscité, se posent en exemple et donc influencent la gent féminine.

Les conséquences de ces produits sont tellement nombreuses et fréquentes que l’OMS a dû réagir. Plusieurs pays africains ont interdits ces produits.

Le diabète, plusieurs types de cancer et encore d’autres maladies cardio-vasculaires sont malheureusement les maladies conséquentes au blanchiment de la peau.

Comme on dit : Chasser le naturel et il revient au galop “. La mélanine à l’origine de notre teint foncé est produite naturellement par notre organisme. Les produits décapants qui luttent contre elle doivent être induits sur le corps fréquemment pour avoir un teint clair. De ce fait, il s’installe chez les usagers une addiction.

Ces produits importés ont aussi un coût qui n’est pas à la portée de tous. Beaucoup de femmes africaines vont donc se priver de beaucoup de choses plus essentielles pour s’acheter ces “poisons». Les solutions me semblent être une prise de conscience  de la dangerosité des produits décapants.

Les femmes qui se posent en leaders et instruites doivent commencer à se passer de ces produits. Le ” teint clair ” ne doit pas faire partie des canons de beauté chez les Noirs. Pour entretenir son teint, on doit revenir à nos produits naturels (beurre de karité, curcuma, miel…)

Finalement,  l’espoir est là. Elles existent ces femmes noires fières qui  brandissent  leur  beauté sur les podiums internationaux : Zozibini Tunzi (Sud Africaine élue miss Univers 2019), Iman Bowie (Iman a commencé sa carrière avec la couverture du Vogue US en 1976 puis en posant pour Calvin Klein, Kenzo et Revlon) ou encore Halima Aden (Elle est connue pour être la première Somali-Américaine à participer au concours de Miss Minnesota USA, en gardant ses cheveux sous un voile. Elle se dit fière de représenter les femmes musulmanes dans la mode).

Choukri Osman Guedi