
A l’approche de la fête de l’Aïd, les rues sont ornées et les familles djiboutiennes se préparent à cette fête où tradition rime avec dépense. C’est le moment où les parents s’oublient pour combler leurs enfants. L’achat des vêtements neufs reste incontournable et chacun s’adapte avec son budget. Une course aux achats pour faire de cette fête de fin de ramadan un moment de joie et de partage en famille perpétrée dans la tradition djiboutienne.

Pour l’ensemble de musulmans, l’Aïd el fitr est un jour de réjouissance, c’est le jour où les musulmans expriment leur reconnaissance envers Allah pour les nombreuses bénédictions accordées durant le mois du ramadan. En cette fin de Ramadan, Djibouti la capitale bouge au rythme de la fête de l’Aïd, les souks de la place Mahamoud Harbi sont en effervescence, les préparatifs de l’Aïd sont lancés, les clients se bousculent matin et soir dans les boutiques, les tailleurs, dans les salons de coiffure et dans certaines espaces aménagées pour les tresses et manucures.
Qui parle de fête, parle de dépense. A quelques jours de la clôture du mois béni du ramadan, les chefs de famille multiplient les calculs pour satisfaire les besoins de leur famille et cela passe par l’achat des chaussures, des vêtements, , et sans compter le frais du condiment pour la préparation d’un festin.

Dans la famille Guedi D., ce dernier âgé de 57 ans, père et grand-père à la fois, les dépenses sont énormes car une vingtaine de petits enfants et de petits fils attendent leurs habits de fête : « Sans compter mes filles et garçons qui sont au nombre de douze, j’ai aussi en charge ceux de mon fils ainé qui est au chômage et ceux de mon défunt frère, mais comme chaque année grâce Allah, je les habille tout neuf avant la fête pour leur combler de joie et de bonheur car c’est un jour de joie tant attendu par eux et par tout enfant ».
Pour les familles djiboutiennes, cette année est particulière car les boutiques sont bien approvisionnées d’habillement en tous genres, des articles de qualité même si pour certains les prix dépassent souvent leur pouvoir d’achat.
Dans les ateliers de couture, tout le monde se bouscule, chacun veut avoir son habit avant la fête, chose que Hassan couturier de longue date nous explique :
« Dans l’ensemble, tout se passe bien entre nous et nos clients, on arrive toujours à se comprendre sur les prix seulement c’est que chaque client veut à temps sa commande, ce qui complique les choses pour nous ».
Au marché de PK12, les bazars restent ouverts tard dans la nuit pour les achats de dernière minute.
Salon de coiffure comble et usage de henné pour la fête de l’Aïd
Aller au salon de coiffure à la veille de l’Aïd est une tradition chez les djiboutiens et djiboutiennes pour rafraîchir leurs cheveux avec les plus belles coupes.
Chez « Habon coiffure », c’est l’ébullition. Le salon est situé sur la populaire rue d’Einguela. Très kitsch, sa façade n’a pas changé depuis des années. Sur un fond bleu galaxie, le nom de l’enseigne est inscrit en blanc et rose. De part et d’autre de sa vitrine, des modèles de coupes de cheveux femmes sont affichés.
Après la pose d’une teinture châtain sur une cliente, place au shampoing et au brushing pour une autre. Alors, entre deux tirages de cheveux, certaines font des exercices de montée de genoux pour faire circuler le sang. Le tout, sous le regard attentif du patron qui tient la caisse.
Il est déjà 16 h, il est déjà impossible de s’asseoir, toutes les places sont prises. les femmes sont plus nombreuses aujourd’hui en train de patienter sur les sièges de coiffure. Parmi les femmes qui passent le cap de la porte, il y a deux types de clientes. Celles qui, malgré tout ce monde, décident de patienter sous la chaleur des sèches cheveux, et les moins courageuses qui font demi-tour et reviennent quelques heures après. La cadence est dure à tenir pour les coiffeuses, elles peuvent à peine souffler. « C’est pareil depuis 9h du matin, et l’avènement de l’Aïd il y a encore plus de monde. Je finis à 19h et mes collègues à 20h ».
Alors que le henné est une coquetterie féminine qui plonge ses racines aux sources des plus anciennes traditions. Dès la Nuit du Destin (Leilat el Kadri) et jusqu’ au jour de l’Aïd, femmes, enfants, ont les mains ou les doigts teints en rouge orangé ou brun. On l’aura deviné, il s’agit du henné, dont l’usage remonte à d’anciennes traditions. Les mères de famille s’attachent toujours, dans les moindres recoins du pays, à utiliser le henné pour manifester la joie et la gaieté à l’occasion de l’Aïd et des fêtes religieuses.
Enfin pour illuminer encore plus cette fête de l’Aïd qui approche, la décoration de la maison est aussi de mise dans la bonne humeur et l’ambiance festive, on décore dans toutes les chambres des rideaux scintillants et un tas d’accessoires pétillants.
A cette occasion, les autorités renforcent la sécurité dans les principales zones commerciales de la ville pour le bon déroulement de ces jours saints marquant par la fin du ramadan.
Saleh Ibrahim Rayaleh