Au sommet des PMA où il participe à Doha, le Président de la République M. Ismail Omar Guelleh a prononcé un important discours dans lequel il a déclaré : «  Dans ces conditions, l’objectif d’accélération du redressement de la catégorie des PMA se heurte à une multitude de défis.  Il nous faut collectivement évaluer de manière critique les résultats de nos précédents plans et prendre les mesures correctives pour en faire un outil efficace de stimulation du développement des PMA. C’est toute l’ambition du Plan d’action de Doha ! ». Nous vous reproduisons l’intégralité du discours du chef de l’Etat.

A l’entame de mes propos, qu’il me soit permis d’emblée d’adresser nos chaleureux remerciements à l’État du Qatar pour l’accueil qui nous a été réservé à moi-même et ma délégation ainsi, que pour la qualité des dispositions prises pour la tenue de nos assises.

Au nombre de 25 en 1971, pour culminer à 50 en 2007, la catégorie des États dit les Moins avancés comprend à ce jour 46 membres dont 33 sont Africains.

Depuis l’établissement de cette catégorisation, il y a un peu plus de 50 ans, se sont succédé 4 plans décennaux. Ces programmes d’actions avaient tous pour dénominateur commun la promotion du développement socio-économique des pays les plus vulnérables.

Cette ambition puisant toute sa raison d’être car, se situant au cœur même de la charte des Nations Unies au travers de son Article 1 alinéa 3 qui stipule et je cite, «  le but des Nations Unies étant de réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d’ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire »

Aujourd’hui, 50 ans plus tard, le constat est sans équivoque. Les mesures d’appui internationales mises en place pour accompagner les PMA n’ont pas produit les résultats escomptés. Nous sommes en deçà des objectifs poursuivis dans la plupart des domaines d’actions prioritaires retenues lors des conférences antérieures en ce qui concerne notamment, les capacités productives, l’agriculture, la sécurité alimentaire, les produits de base, la mobilisation des ressources financières en faveur du développement ou encore, la transformation structurelle, les échanges commerciaux internationaux ou le changement climatique. 

Dans ces conditions, l’objectif d’accélération du redressement de la catégorie des PMA se heurte à une multitude de défis. 

Il nous faut collectivement évaluer de manière critique les résultats de nos précédents plans et prendre les mesures correctives pour en faire un outil efficace de stimulation du développement des PMA. C’est toute l’ambition du Plan d’action de Doha!

Les indicateurs montrent que les crises exogènes ont brutalement heurté les efforts de nos pays qui, pour certains, avaient réussi à voir les premiers signes de transformation structurelle et de progrès tangibles vers l’émergence économique.

Elle constitue la première récession en 25 ans pour le continent africain. Nous en appelons à nos partenaires bilatéraux et multilatéraux afin qu’ils tiennent compte de ces facteurs dans la formulation de leur stratégie de soutien aux PMA.

L’adoption par l’Assemblée Générale des Nations Unies du programme d’Action de Doha le 17 mars 2022, coïncide avec la dernière décennie de l’Agenda 2030 et se veut être une décennie pour l’action.

Comme vous le savez, cette programmation décennale repose sur six axes d’actions prioritaires qui devront permettre à terme aux États membres du groupe des PMA d’opérer des transformations profondes et durables dans une perspective de développement soutenu et irréversible.

A l’image de la thématique sous le sceau de laquelle se déroulent nos travaux « du potentiel à la prospérité », le plan d’action de Doha vise à renforcer la résilience des PMA face à la situation de polycrise que nous vivons ces dernières années.

Les PMA ne doivent plus être limités à la seule catégorie de pays récipiendaires d’aides. Cette vision étroite, étriquée, débilitante doit être changée !

Ils devraient être considérés comme une zone d’investissements à fort rendement.  Il nous faut donc accorder plus d’importance aux investissements productifs.

Pour atteindre un tel objectif, il est impératif de s’attaquer aux failles d’un système multilatéral commercial qui ne joue pas sa fonction de développement et ne favorise pas la solidarité internationale en faveur des plus vulnérables.

En matière commerciale, les États membres de l’OMC doivent se réengager à mettre en œuvre pleinement et rapidement toutes les décisions de ses conférences ministérielles prises en faveur des pays les moins avancés. Notamment en ce qui concerne l’accès aux marchés en franchise de droits et hors contingent sur une base durable pour tous les pays les moins avancés,

Les économies développées, les institutions financières internationales et les banques multilatérales doivent enfoncer leur soutien aux réformes qui permettent aux PMA fortement endettés d’éviter une nouvelle aggravation de leur situation budgétaire.

Et enfin, les engagements en matière d’aide publique au Développement doivent être respectés

Depuis près de deux décennies, mon pays s’est résolument engagé dans un vaste chantier devant permettre une transformation durable de notre environnement socio- économique.

En effet, depuis l’adoption du plan d’action d’Istanbul en mai 2011, en passant par les ODD en 2015, Djibouti, a souscrit à l’esprit et aux principes de l’Agenda 2030 et a pleinement mis en œuvre les Objectifs de Développement Durable.

• Le nouveau Plan National de Développement dénommé « Djibouti ICI » couvrant la période 2020-2024 et qui met l’accent sur un meilleur partage des fruits de la croissance enregistrée et ce afin de mieux répondre aux défis et exploiter toutes les potentialités du pays, il s’agit de consolider les acquis de la SCAPE et du Pacte National de Solidarité mis en place durant la période de la pandémie du COVID-19.

Grâce à ses infrastructures portuaires, Djibouti a joué un rôle crucial pour maintenir la chaîne logistique pendant l’épidémie du COVID-19 et favoriser les échanges commerciaux internationaux.

Notre détermination à renforcer les capacités du pays en matière portuaire est inébranlable !  Le Gouvernement continuera à investir dans ce secteur stratégique.

Deux projets structurants majeurs sont, également, en cours de finalisation.  Il s’agit d’un chantier naval, destiné à la réparation, l’entretien et la maintenance des navires ainsi qu’un terminal de stockage pétrolier dans le parc industriel de Damerjog. 

Nous saisissons cette opportunité pour renouveler l’appel à nos partenaires bilatéraux et multilatéraux afin qu’ils appuient Djibouti dans sa politique de développement des ports eu égard à la position stratégique du pays et rôle dans le commerce international. 

Nous soulignons, en outre, l’impératif de soutien aux PMA dans leurs projets de construction d’infrastructures structurantes, notamment par l’intermédiaire d’un accès facilité à des ressources concessionnelles importantes. 

En dépit de ce progrès, il nous faut mobiliser des ressources additionnelles pour renforcer la résilience du pays face à la persistance de défis climatiques, environnementaux et à l’afflux continu de réfugiés.  Nous souhaiterons en particulier souligner les défis suivants :

• L’impact de la sècheresse sur la sécurité alimentaire et les conditions de vie des Djiboutiens

• Le coût sur les finances publiques du pays engendré par la politique d’accueil des réfugiés climatiques et des conflits dans la sous-région

• L’impact du changement climatique sur les infrastructures du pays (en raison notamment des inondations). Le Fonds sur les pertes et dommages lancé par la COP27 doit être opérationnalisé dans les meilleurs délais.

Je souhaiterais conclure mes propos en réitérant mon appel à une mobilisation forte pour la réalisation effective du plan d’action de Doha. 

A charge pour nous de démontrer de manière concrète et tangible que le multilatéralisme traverse, certes, une crise douloureuse mais qu’il peut faire la différence pour les milliards d’hommes et de femmes, qu’il y a donc des raisons de croire et d’espérer.