« Il est grand temps de nous prendre en charge et d’exploiter avec ingéniosité notre terre »
Fils d’un ancien militaire du GNA (Groupement Nomade Autonome), il est lui-même un ancien inspecteur de l’éducation nationale qui était en poste au CFEEF. Le préfet d’Ali Sabieh M.Moussa Aden Miganeh nous a accordé cette interview dans laquelle il nous livre sa vision pour le développement de sa région. Sa priorité est de combattre le chômage des jeunes et de leur donner de l’espoir pour qu’ils réussissent sur tous les plans.
LA NATION : Monsieur le préfet, merci de nous avoir accueillis dans votre bureau et d’avoir accepté de répondre à nos questions. Vous êtes à la tête de la région d’Ali-Sabieh presque cinq mois. Comment vous y prenez-vous pour être à la hauteur de votre tâche de représentant des pouvoirs publics dans cette région ? Est-il difficile de gérer une région comme la votre ?
Moussa Aden Miganeh : Sans aucune formation préalable, il est toujours difficile d’assumer une telle responsabilité pour tout nouveau préfet que ce soit la région d’Ali-Sabieh ou autre. La particularité de la région d’Ali-Sabieh est aussi la présence d’un nombre important de réfugiés (plus de 32 000 à Ali-Addé et à Holl-Holl).
Votre première action, dès votre prise de fonction le 15 Septembre dernier, était de combattre l’insalubrité urbaine de la ville d’Ali Sabieh. Aska, ville- propre était bien votre slogan de sensibilisation de la population sur la propreté de leur ville. Qu’en est-il de ce combat pour faire votre chef-lieu propre ?
Après ma prise de fonction, j’ai d’abord établi un plan d’action qui comprenait trois volets : faire un état des lieux de la situation de la région ,hiérarchiser les actions à mener par ordre de priorité, et enfin planifier des actions à mener pour améliorer la situation des populations Assajog et Binijog. Dans la ville d’Ali-Sabieh, l’insalubrité était flagrante et avait largement dépassé le seuil de tolérance. C’était donc ma priorité numero un. Il s’agissait de sensibiliser la population sur la problématique de l’insalubrité, organiser une grande journée citoyenne « Ali-Sabieh ville propre », mettre en place un mécanisme de collecte des ordures ménagères et surtout éduquer la population sur les bons comportements à adopter.
Il faut savoir que la lutte que je mène contre l’insalubrité ne se limite pas au chef-lieu, mais que nous avons mené des actions similaires à Ali-Addé et que ce village est maintenant doté de son propre service de collecte des ordures ménagères avec la dotation d’un véhicule adapté à cet usage et de trois employés à plein temps. Vivre dans une ville implique nécessairement un mode de vie différent de celui du nomadisme.
Pour réussir ce combat, vous avez créé l’Agence de la Voirie d’Ali-Sabieh (AVAS). L’AVAS est-elle rentrée en fonction ? Si oui, elle est sous tutelle de la préfecture ou de l’instance régionale de la décentralisation ? Pour bien mener sa mission, l’AVAS a-t-elle à sa disposition tous les moyens humains et matériels ? Sinon, qu’attendez des hauts responsables de l’Etat ?
Il faut d’abord préciser que l’agence «AVAS » a été créée par le conseil régional. Mais pour que cette agence puisse prendre son essor, il fallait remplir trois conditions essentielles : Le transfert des compétences par la préfecture, l’élaboration des textes juridiques de l’agence et la mise en place de moyens financiers, humains et matériels nécessaires. Notre conception est simple : nous prendre d’abord en charge avant de faire appel aux hauts responsables de l’état.
Tous les officiels de passage dans votre région soulignent la bonne entente qui prévaut entre la préfecture et le conseil régional, qu’en dites-vous ?
Le développement lancé par le Président de la République son Excellence Ismaël Omar Guelleh passe nécessairement par la décentralisation des régions et la déconcentration des services publics.
Il est donc normal que les préfectures puissent procéder aux transferts des compétences et aider les conseils régionaux à remplir leurs rôles et leurs missions.
Quels sont les projets de développement dans l’agenda de la préfecture pour mieux combattre le chômage des jeunes et redonner une lueur d’espoir à beaucoup d’entre eux ?
Après le combat contre l’insalubrité, l’urbanisation et la lutte contre le chômage sont mes priorités dans mon agenda.
La lutte contre le chômage des jeunes est mon souci quotidien et avec le bureau de « l’ANEFIP » d’Ali-Sabieh, la recherche d’emploi pour nos jeunes se fait tous les jours. D’un autre côté, nous favorisons énormément l’entreprenariat des jeunes Assajogs avec la création du club régional des jeunes entrepreneurs, l’organisation de la foire d’Ali-Sabieh pour donner plus de visibilité aux activités des jeunes entrepreneurs. La lutte contre le chômage passe aussi par la formation. Les jeunes ont des diplômes mais ne maitrisent aucun métier proprement dit. C’est ainsi que « l’ANEFIP » propose souvent aux jeunes des formations pour les préparer à l’insertion professionnelle.
Quels sont vos ambitions pour le développement de votre région ?
Avec l’aide des pouvoirs publics , nous essayons d’attirer les investisseurs privés à s’installer à Ali-Sabieh pour exploiter les richesses de notre région à savoir :l’exploitation de l’agriculture (un domaine en plein essor), les minerais comme le sable fin, le gypse, la taille des pierres et le commerce transfrontalier. Nous donnons une importance particulière au développement du tourisme avec la réhabilitation de sites touristes tels que « le col » , les peintures rupestres du grand Bara… Il faut compter aussi la création d’un port sec au niveau de Guellileh…
Enfin, quel message voulez-vous transmettre aux assajogs et plus largement aux habitants de la région d’Ali-Sabieh?
Aux Assajogs, je dirais qu’il est grand temps de nous prendre en charge et d’exploiter avec ingéniosité notre terre. Je vous remercie.