La commune de Balbala connaît un nombre considérable et explosif de moteurs à trois-roues appelé BAJAJ. Ils envahissent les rues de la Commune de Balbala et mènent une lutte acharnée contre les minibus pour le contrôle du transport. Or, ces derniers ayant été pendant plusieurs de décennies un moyen de transport incontournable semble aujourd’hui disparaître face à ces Bajaj triporteurs (3 roues) et quadriporteurs (4 roues) dont le nombre ne cesse d’augmenter de jour en jour et qui s’avèrent un moyen de transport très pratique.
Ce véhicule à trois roues constitue un moyen de transport local très prisé pour son accessibilité et sa rapidité, se faufilant entre les voitures dans les embouteillages. Or, les réseaux routiers qu’ils desservent quotidiennement sont conditionnés et partagés par l’État. Il est strictement interdit pour un Bajaj de se rendre à Djibouti-ville et d’opèrer que dans la zone limitée de Balbala de peur contre les grands véhicules des autoroutes. Seuls les bus et les minibus circulent et exercent dans toute la ville. Les principaux départs et terminaux des Bajaj définis par l’État comprennent : Place Cheik Moussa, Place Hayabley, PK12, PK13, Place Holl Holl et le terminal de transfert de Fun City. Quant aux minibus, ils sont en voie d’extinction car leur importation a été prohibée et les peu restants qui circulent sont vieillissants et non entretenus. Les habitants de Balbala sauf s’ils sont contraints, détestent être servis par ces véhicules en raison de leur confort rudimentaire et pour leur condition de sécurité déplorable.
Les routes de Balbala conviennent au Bajaj, l’infrastructure routière est globalement en bon état à l’exception de quelques recoins. Même en cas de pluie et d’inondations, les Bajaj répondent présents et rendent service à leur clientèle de Balbala. Quand la saison des pluies arrive, ce n’est pas agréable pour les gens, mais les conducteurs de Bajaj sont contents.
Un nombre élevé d’artères circulantes, à Balbala, ont un revêtement de mauvais état et pourtant les 3 roues roulent et zigzaguent dangereusement entre les minibus et les trottoirs étroits et non continus.
A Balbala, beaucoup de quartiers nouvellement apparus ne sont pas desservis par les minibus les considérant comme non rentables, et ce sont les Bajaj qui assurent le transport de ces zones les plus reculés.
Normalement, ce tricycle peut transporter jusqu’à trois personnes de corpulence normale, en plus du conducteur, et pour y monter à 4 ou à 5, les passagers se serrent bien volontiers entre eux. Le siège avant est destiné au conducteur et un banc disposé à l’arrière permet d’accueillir les voyageurs. Parfois, un passager trouve de la place sur le siège du conducteur !
Les versions plus modernes des Bajaj appelés aussi tuk-tuk ont jusqu’à deux banquettes arrière et même une malle arrière. Les côtés sont ouverts et le toit est bien refermé par un tissu ou par un toit incorporé à la carrosserie. Les voyageurs sont ainsi protégés de la chaleur du soleil et de la pluie.
Témoignage de chauffeurs de Bajaj. Le métier de conduite de Bajaj est une profession en pleine mutation qui nécessite plus d’agilité, de sang-froid et de sécurité d’où la présence quantitative de jeunes âgés de 18 à 27 ans, et le jeune Ahmed fait partie de ceux-là. Il a 23 ans et a quitté la vie scolaire en classe de 9 eme après l’obtention de son BEFE. Il nous révèle que la Commune de Balbala a réuni la semaine dernière le syndicat de Bajaj pour tenter de parvenir à dégager une solution aux nombreux problèmes qu’ils rencontrent avec la circulation urbaine tels que la sécurité routière, salubrité, sanctions en cas d’infractions, octroi de licence et renouvellement.
Il faut souligner que conduire un Bajaj nécessite l’obtention d’un permis B de voitures classiques. Or, le secteur de Bajaj est un domaine administré et suivi par le Ministère de l’Intérieur. Le prix du transport des Bajaj est déterminé par une réglementation spécifique codifié par l’Etat :
– Il est fixé à 50 FD rien que dans la périphérie de Balbala.
– Au-delà de 10 Km le montant est de 100 FD
– Au-delà de 20 Km il passe à 200 FD.
Cela irrite et énerve Ahmed qui prétend que 200 FD c’est peu pour 20 km et il faut que l’Etat revoit cela, puis il nous parle de la difficulté d’obtention de l’essence pour les Bajaj car il existe quelques stations qui refusent d’approvisionner les Bajaj et les motos.
Puis, nous interpellons M. Guirreh un peu plus âgé qu’Ahmed (2 ans de plus) et un peu plus éduqué puisqu’il a quitté l’école en Terminale sans obtenir son Bac. Il nous apprend que la profession des Bajaj est un secteur affectionné par les jeunes qui ont prématurément quitté la vie scolaire et l’Education Nationale n’assure pas ce type de préparation.
Continuant son récit, il nous relate la vie quotidienne vécue en Bajaj et nous dit qu’il se profile actuellement dans les rues de Balbala de plus en plus de tricycle et de moins en moins de clients.
C’est pourquoi un chauffeur de Bajaj ne se contente pas seulement d’attendre les clients et de les conduire d’un point à un autre. S’il veut travailler de façon rentable, il a tout intérêt à établir une stratégie de prise en charge : il doit savoir se trouver aux bons endroits (Hôpital Cheiko et Al-Rahma, près des Collèges et Universités de Balbala. Etc.) et au bon moment. Ensuite, il ajoute que le chiffre relatif au revenu journalier d’un chauffeur de Bajaj varie entre 2000 FD et 5000 FD car plusieurs paramètres entrent en jeu tels que l’état du deux-roues, les vacances des enfants qui ne sont pas rentables pour eux, travail nuit/jour ainsi que les pourboires. Et enfin M. Guirreh nous confie que son rêve le plus cher est de s’orienter plus tard dans l’activité des transports spécialisés dont la conduite des poids-lourds. L’Inde produit chaque année 800 000 Bajaj motorisés, dont plus du tiers est exporté en Afrique. Il est nettement moins cher qu’un taxi et permet à des milliers d’habitants de Balbala et de nos districts ruraux d’aller travailler très loin sans faire des kilomètres à pied.
Enfin, ces tricycles qui pullulent partout dans la banlieue de Balbala sont des engins qui apportent leur lot d’avantages en matière d’écologie et d’entretien. Le Bajaj offre une expérience nouvelle et amusante dans les rues souvent bosselées, bruyantes et embouteillées. Selon le témoignage de M. Wahib, passager qui se rend quotidiennement avec le Bajaj de PK12 à Cheick Moussa pour son commerce informel de boutiquier, nous apprend que se balader dans ce type de véhicule offre une meilleure approche à l’agitation de la population locale. Se déplacer en Bajaj est une sensation unique, une sensation de nostalgie”, dit-il. Et il ajoute que le Bajaj est plus rapide qu’un taxi ou qu’une voiture personnelle, telle une moto, il peut rouler sans problèmes sur des routes secondaires.
A noter également que le célèbre homme d’affaires Rahul Bajaj
fabricant et concepteur de deux-roues Bajaj dans le monde, vient de succomber en Inde ce samedi 12 février 2022 à l’âge de 83 ans. Avec son fleuron, Bajaj Auto, il s’est hissé dans le top 10 des constructeurs de deux-roues dans le monde et est le premier fabricant de triporteurs, avec une part de marché de 72%.
Saleh Ibrahim