Par Kaled Ali Houssein

Loin est le temps où la participation des femmes aux prises de décisions était limitée dans notre pays pour ne pas dire nulle, le temps où les femmes étaient cantonnées et maintenues dans des rôles subalternes et dans un statut inférieur à l’homme considéré comme omnipotent et chef ultime de la famille. Si loin est le temps où les candidatures féminines à des postes de responsabilités passaient systématiquement après celles des hommes, même à niveaux de compétences égales. Oui, définitivement révolu le temps où la Djiboutienne était dépendante de l’homme économiquement et surtout psychologiquement.

Souvenons-nous qu’aux premières heures de l’indépendance nationale et à travers la création de l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes, les toutes premières actions d’émancipation que vont mener des femmes consisteront à se lancer dans de nouvelles luttes. Conscientes des enjeux, elles n’ont cessé d’œuvrer inlassablement à lutter aux cotés de l’État pour faire sortir leurs sœurs de l’ignorance et de l’analphabétisme, principaux obstacles à leur épanouissement et à leur émancipation. Dans les premiers temps, l’UNFD avait choisi de lutter contre la pauvreté en proposant aux femmes des formations en couture et en cuisine afin de leur permettre d’acquérir des activités génératrices de revenus. L’autre combat primordial mené par les premières vétéranes a été la lutte contre la pratique des mutilations génitales féminines. Sous l’impulsion de la Première Dame d’alors, Madame Aicha Bogoreh (paix à son âme !), les femmes ont cherché durant de longues années à se prendre en charge, à s’assumer et participer au développement socio-économique de la nation.

En 1999, grâce à la volonté politique affichée par le nouveau Président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, et bien évidemment l’arrivée à la tête de l’Union des Femmes Djiboutiennes, de son épouse Madame Kadra Mahmoud  Haïd, la question de la promotion de la femme est devenue, jour après jour, une priorité puis une réalité qui s’est bâtie, réalisée et concrétisée de manière graduelle et progressive mais néanmoins efficace et tangible.

La promotion effective du statut de la femme s’est traduite notamment par la nomination de Djiboutiennes à de hauts postes de responsabilité et de décision mais aussi par la mise en place d’initiatives telles que le Grand Prix du Chef de l’Etat visant à encourager leur leadership et l’adoption enfin d’un nouveau code de la famille dont l’objectif principal était de garantir entre autres l’équité entre hommes et femmes par le biais du renforcement du respect des droits des femmes et des enfants djiboutiens.

Par ailleurs, avec l’arrivée à sa tête, le 3 avril 2000, de Madame Kadra Mahamoud Haïd, l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes a vu la cadence de ses activités augmenter et se multiplier de manière exponentielle. Dès son accession au poste de Présidente de l’UNFD, Madame Kadra Mahamoud Haïd, forte de ses convictions humanistes et animée par un idéal porteur de modernité et de solidarité agissante, s’est investie pleinement dans ce combat social. Ainsi, elle a su impulser un nouveau souffle et un élan nouveau aux activités menées sur le terrain par l’UNFD en initiant d’importantes réformes structurelles et institutionnelles visant à moderniser l’organisation afin de mieux accompagner la nouvelle politique volontariste et avant-gardiste initiée par le Chef de l’Etat, Ismaïl Omar Guelleh, concernant la promotion de la femme et son intégration dans les sphères de décision.

Question genre. De ce fait, avec la création d’un département ministériel chargé de la question du genre, l’UNFD n’était plus seule à intervenir en matière de plaidoyer pour la promotion de la femme dans les domaines de l’éducation, l’alphabétisation, du renforcement des soins de santé primaire, d’équilibre familial, de lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes ou de soutien à la création d’activités génératrices de revenus. Il fallait dorénavant composer avec cette nouvelle institution gouvernementale. C’est dans ce sens que la Première Dame du pays, entourée d’une nouvelle élite féminine éduquée et rajeunie, s’est attelée à faire avancer la cause féminine par des programmes ciblés visant à améliorer substantiellement les conditions de vie de nos concitoyennes et optimiser leur participation  effective et équitable dans le processus du développement national.

En vingt ans effectivement, l’UNFD, sous l’impulsion de sa présidente, a vu se multiplier les activités qu’elle mène sur le terrain. Ainsi, ce n’est pas un hasard si pour la première fois dans l’histoire de notre pays, la journée internationale de la femme est célébrée chaque 8 mars, sous le haut patronage du Chef de l’Etat, en vue de dresser le bilan des réalisations et par la même occasion de lancer les perspectives dans le cadre de la promotion de la femme avec la mise en place du Grand Prix du Chef de l’Etat récompensant le leadership féminin. Dans ce cadre précis depuis 1999, plusieurs prix ont été distribués aux femmes les plus méritantes.

D’autre part, depuis l’arrivée à sa tête de l’actuelle Première Dame, l’UNFD, organisation investie d’une mission nationale et dotée d’une capacité de mobilisation sociale exceptionnelle ainsi que d’une solide expérience de terrain, s’est modernisée avec une nouvelle vision concernant la réhabilitation de la femme djiboutienne en tant que personne humaine, en tant que citoyenne et en tant qu’actrice à part entière de la vie sociale.

Les missions dévolues aux différentes commissions spécialisées ont été redéfinies pour mieux répondre aux exigences du nouveau millénaire. Une fois ses structures modernisées, l’UNFD a vu ses activités se multiplier considérablement suivant trois axes de propagation majeure, à savoir : l’éducation des filles et des femmes, la santé et la lutte contre la pauvreté. Des années d’efforts d’alphabétisation destinée aux femmes adultes et l’école de la 2ème chance accueillant des jeunes filles en échec scolaire ont permis de renforcer l’implication ou plutôt l’engagement des femmes dans le processus du développement du pays. Actuellement, on recense plus de 18 000 adultes alphabétisés, en majorité des femmes et surtout des mères de famille.

Pour encourager davantage les femmes à sortir de l’ignorance, l’UNFD a été récompensée à plusieurs reprises notamment en recevant le Prix du Chef de l’Etat pour l’Alphabétisation des Adultes ainsi que la décoration au grade de Chevalier de l’Ordre National du 27 juin pour sa contribution à l’éducation.

Enfin, depuis 2000 jusqu’à ce jour, le programme d’alphabétisation fonctionnelle sur mesure des adultes se poursuit avec l’appui de l’agence Djiboutienne de Développement Social avec comme résultat : plus de 32 centres d’alphabétisation mis en place à Djibouti-ville et dans les 5 régions de l’intérieur pour plus de 3 000 bénéficiaires.

L’autre domaine ciblé par l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes pour améliorer les conditions féminines a été la promotion de la santé de la Mère et de l’Enfant et particulièrement la lutte contre les Mutilations Génitales Féminines. Dès son arrivée à la tête de l’UNFD, la Première Dame s’est investie personnellement dans la lutte contre les MGF par la mise en place d’un nouveau Comité de lutte et l’élaboration d’un plan d’action pour les programmes de lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes.

Lutte tous azimuts. Enfin, l’UNFD, sous l’impulsion de sa présidente, a donc engagé une lutte sans merci sur tous les fronts pour combattre ce fléau par la multiplication des actions d’information, de sensibilisation auprès des exciseuses et accoucheuses traditionnelles, des praticiennes et des oulémas. Avec la campagne de formation et d’information des législateurs visant l’éradication des MGF et notamment l’organisation d’un important atelier de réflexion des parlementaires sur la loi contre les MGF ainsi que l’amendement de l’article 333 du code pénal pour plus d’applicabilité, une nouvelle étape dans la lutte a été franchie.

Bref, le mur du silence et du tabou qui entourait ce sujet a été brisé pour la première fois. Cette victoire a été consolidée par l’engagement politique de notre pays à travers la ratification du Protocole de Maputo sans oublier que l’UNFD a aussi mené des actions bien ciblées sur la santé reproductive en collaboration avec le ministère en charge de cette question et qui ont donné des progrès significatifs comme la diminution sensible de la mortalité maternelle intra hospitalière.

En dernier lieu, signalons qu’au niveau de la santé communautaire, de nombreux projets visant à lutter contre les épidémies de paludisme, de choléra et de la malnutrition ont été réalisés par l’UNFD.

En ce qui concerne les autres domaines d’intervention de l’UNFD, le bilan des réalisations est très éloquent, notamment les programmes de lutte contre la pauvreté, la participation active et les efforts de sensibilisation sociale dans les différentes campagnes de vaccination, les nombreux appels à la solidarité lancés par la Première Dame en faveur des populations sinistrées lors des calamités naturelles ou des incendies ou envers les peuples frères en souffrance comme en Somalie et en Palestine.

Toujours est-il qu’avec l’UNFD et sous l’impulsion de sa Présidente, Madame Kadra Mahmoud Haïd, la cause des femmes a fait une percée importante dans la vie de tous les jours mais cette dynamique ne pourra s’appuyer uniquement sur les femmes et nécessite l’adhésion et la solidarité de tous les Djiboutiens pour pérenniser une société moderne et plus juste.