Le secteur informel correspond en général à l’ensemble des activités économiques qui sont cachées aux autorités officielles pour des raisons monétaires, réglementaires et institutionnelles.  Il s’agit du nombre croissant d’entrepreneurs qui, avec l’arrivée du digital vendent leurs produits en ligne sans s’acquitter d’impôts, du plombier qui répare un tuyau pour un client et reçoit un paiement qu’il ne déclare pas au fisc, des contremaitres de bâtiments qui font travailler au noir des ouvriers en situation irrégulière et autres marches noirs et contrebandes. Cela réduit la capacité des entreprises à faire suffisamment de bénéfices, fragilise le pouvoir d’achat des consommateurs et accentue la pauvreté selon le constat alarmant de la Banque mondiale.

Le travail au noir, appelé aussi économie souterraine et la prépondérance du secteur informelle tuent à petits feux notre économie, en impactant durement le rendement fiscal, les charges sociales car les personnes concernées ne disposent d’aucune couverture sociale, et la taille du marché.

De plus en plus des commerçants et des petites entreprises exercent leurs activités en dehors du contrôle et de l’aide gouvernementale. Par conséquent, les résultats sont visibles et palpables avec des revenus par habitant plus faibles, des marchés financiers moins développés et des investissements financiers plus faibles.

Pourtant, pour surmonter ces obstacles, le gouvernement a en effet mis en œuvre des stratégies pour surmonter ces obstacles, incluant la promotion de la Microfinance pour faciliter l’accès au crédit et l’encouragement à la création de sociétés commerciales afin de structurer les activités informelles.

Le business du nouveau marché virtuel

C’est un business qui rapporte gros à Djibouti, et qui génère des centaines d’emplois chaque année. Cela est dû peut-être au récent lancement des fibres optiques qui a contribué à cette dynamique de hautes pénétrations des débits d’internet. Le pays assiste à une prolifération des entreprises du commerce non déclaré qui proposent divers produits en ligne, c’est le cas d’Omar Online Market, une des start-ups les plus performantes du pays qui atteint les 50 000 transactions commerciales chaque mois.

Plus de 10% de djiboutiens ont utilisé ce mode de travail en 2024, ce qui est innovant et confiant pour Djibouti de voir le e-commerce en passe de devenir incontournable dans les différentes transactions à Djibouti a condition que cela rentre dans la mise en place du cadre réglementaire pour le e-commerce cruciale pour bâtir la confiance des consommateurs, assurer une concurrence équitable et attirer les investissements.

Or, selon Kamil Ali Kamil, professeur agrégé en Economie enseignant à l’Université de Djibouti, le développement de l’économie non déclarée rend peu fiables les statistiques officielles sur le chômage, la population active officielle, le revenu, la consommation.

Pour solutionner les problèmes liés au secteur informel qui emploie 75% de la population active, il propose trois

alternatives : transformer le secteur informel par l’industrialisation et la formalisation à grande échelle, renforcer le capital humain en améliorant l’accès à l’éducation des jeunes sous-diplômés et des jeunes femmes qui sont plus présentes dans l’informel, et améliorer le climat des affaires en rationalisant la réglementation fiscale pour encourager la légalité et le développement économique durable, ajoute-t-il.

Ce sont des activités qui représentent au total des milliards de francs Djibouti par an, non portées dans les  livres des déclarations publiques, échappant ainsi au regard des agents du fisc et des statisticiens nationaux.

Les pays en voie de développement doivent être en mesure de lever l’impôt pour mieux faire avancer la réglementation fiscale et la mise en application de la formalisation avec efficacité, à l’exemple des économies des pays développées qui sont moins frappées que les pays moins riches par la recrudescence des activités parallèles. Selon l’étude de la Banque mondiale, environ 70 % des emplois des pays émergents et en développement relèvent de l’économie parallèle. Cela compromet leur expansion économique et renforce la pauvreté,

D’après un rapport de 2024 de la Banque mondiale, l’économie souterraine agit comme un frein au développement des nations émergentes, car elle réduit la capacité des pays à mobiliser les ressources budgétaires et à assurer une bonne formation des travailleurs.

Par ailleurs, les secteurs les plus exposés à Djibouti sont l’hôtellerie et la restauration, le commerce de détail alimentaire, le bâtiment, le gardiennage ou encore le transport. La taille de l’entreprise joue également un rôle dans le recours à l’emploi non déclaré, indique M. Ahmed Achkir, économiste du ministère du budget.

En conclusion, l’économie souterraine, appelée également économie informelle ou de l’ombre ne se limite seulement aux activités illégales mais englobe aussi les revenus tirés de la production de biens et services légaux.

Saleh Ibrahim Rayaleh