Le président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, a pris part hier au deuxième forum d’Assouan sur la paix et le développement en Afrique.

Le forum d’Assouan, du nom de cette ville égyptienne désignée a abrité ses travaux, à valeur de plateforme d’identification de stratégies propices au renforcement de la paix, de la stabilité et du développement durable dans le continent. Il a été instauré à l’initiative du Président égyptien Abdel Fattah Al Sissi, alors à la tête de la présidence tournante de l’Union Africaine.

La vocation principale de ce forum est d’offrir une tribune supplémentaire d’échanges et de discussions à l’Afrique, en vue de résulats plus efficients et plus rapides de ses objectifs définis pour sa stabilité politique et son intégration économique.

Intervenu sous la forme d’une visioconférence, l’ordre du jour de ce 2ème forum d’Assouan était dévolu à la crise du Covid-19, précisément au risque de compromission grave que cette pandemie peut avoir sur la sécurité sanitaire, sociale et économique des peuples d’Afrique.

C’est pourquoi, le président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, mit à profit son intervention dans cette réunion pour formuler une série de propositions qui sont de nature à prémunir l’Afrique des conséquences négatives de cette pandémie.

« Avec la recrudescence des cas positifs, le combat contre le Covid-19 n’est pas encore gagné, nous devons par conséquent nous adapter à cette nouvelle réalité, cette nouvelle normalité. », a déclaré en substance le chef de l’Etat pour qui, cette pandémie constitue « la plus grande crise sanitaire que le monde ait connue depuis plus d’un siècle. »

Le Président Guelleh a toutefois dévolu l’essentiel de son propos dans cette intervention  à l’énoncé d’une stratégie globale contre la crise du Covid-19. Cette stratégie repose sur  le principe d’une action à 4 niveaux. Le 1er niveau d’action à entériner dans cette stratégie est relative à l’obtention  «  de la garantie que l’Afrique reçoive suffisamment de vaccins pour sa population. C’est pourquoi nous avons depuis le tout début plaidoyer pour un vaccin universel et équitable ».

Le second volet d’efforts porte sur la réalisation d’une plus grande capacité de l’Afrique « à capitaliser sur ses aptitudes à gérer les urgences sanitaires par un renforcement de ses capacités et par un agencement de ses dispositions ».

Le 3ème canevas d’action à initier a trait à  « la restructuration et l’annultaion de la dette. »

« Cette initiative aiderait les économies africaines, surtout les plus fragiles à se remettre plus rapidement de la pandémie. C’est pourquoi nous devons continuer de négocier avec nos bailleurs en parlant d’une seule voix », a-t-il dit en ce sens.

Quant au 4ème et dernier niveau d’action à engager dans cette stratagie intégrée visant à circonscrire et marginaliser les effets de la crise du Covid-19, il  a trait à l’émergence d’une plus grande détermination de l’Afrique à faire dériver son essor et développement de ses propes dispositions.

« Il est impératif d’étudier les voies et moyens permettant de réduire notre dépendance des ressources extérieures. L’Afrique doit se concentrer sur la mobilisation de ses ressources domestiques, des secteurs publics et privés, notamment par la réduction des exonérations, l’augmentation des taxes  et la participation de sa diaspora à son dévelopement », a indiqué Ismail Omar Guelleh.

Outre la question la crise du Covid-19,  les travaux de ce second forum d’Assouan ont été étendus à plusieurs autres problématiques qui revêtent une certaine acuité en Afrique, notamment la lutte contre le terrorisme, les  conséquences dommageables posées par le phénomène du changement climatique, la traite des migrants….

Outre le Président de la République, plusieurs de ses pairs Chefs d’Etat et de Gouvernement d’Afrique, notamment le Président hôte de ce forum virtuel, en l’occurrence, l’Egyptien Abdel Fattah Al Sissi, ont pris part à ce 2ème sommet d’Assouan.

A noter également la participation à  ce forum d’experts issus d’Organisations régionale, continentale, internationale et multilatérale.

« Face à cette menace commune, la solidarité, la concertation et la coopération entre états s’imposent comme un impératif »

Ismaïl Omar Guelleh

Président de la république de Djibouti

(( C’est pour moi un réel plaisir de prendre part à ce forum qui s’inscrit dans une démarche constante de réflexion stratégique, de dialogue et d’échange. Permettez-moi, de saisir cette occasion, afin de remercier le Président de la République Arabe d’Egypte, S.E.M Abdel Fattah Al-Sissi, pour son leadership remarquable et son engagement exceptionnel en faveur des grands enjeux de développement en Afrique.

Il y a un peu plus d’une année aujourd’hui, le monde faisait face à la plus grande crise sanitaire qu’il ait connu depuis plus d’un siècle.

L’Afrique, connue pour sa vulnérabilité et la fragilité  de ses systèmes sanitaires, a suscité d’énormes inquiétudes et de nombreuses études plus ou moins alarmistes. Fort heureusement, notre continent a été relativement épargné par rapport au reste du monde.

Toutefois, devant la recrudescence des cas positifs, il est clair que le combat n’est pas encore gagné  car les conséquences économiques d’une poussée incontrôlée seraient catastrophiques pour nous. Nous devons, par conséquent, nous adapter à cette nouvelle réalité et à cette nouvelle normalité dans tous les domaines de la vie car personne, aujourd’hui, n’est capable de dire quand sera l’après-Covid.

Cette pandémie est malheureusement arrivée à un moment où l’Afrique a commencé son envol et a réuni les fondations de son émergence. Je pense à l’Agenda 2063 ou encore à la ZLECA… C’est pourquoi, il est essentiel de conjuguer nos efforts pour préserver nos acquis mais également commencer à élaborer nos stratégies de relance économique aujourd’hui même, pendant la pandémie de Covid-19.

Le plan de relance comporte, à mon sens, quatre volets :

– La garantie que l’Afrique reçoive suffisamment de vaccins pour sa population. C’est pourquoi nous avons depuis le tout début plaidoyer pour un  vaccin  universel et équitable.

– La gestion au niveau continental de la crise sanitaire : les systèmes de santé de nos pays ont, en effet, fait montre, durant cette crise, de résistance et de résilience. Toutefois, il nous faudra, à l’avenir, apprendre de nos erreurs et capitaliser sur nos aptitudes à gérer les urgences sanitaires par un renforcement de nos capacités et par un agencement de nos dispositions.

–  La restructuration ou l’annulation de la dette ; cette initiative aiderait les économies africaines, surtout les plus fragiles, à se remettre plus rapidement de la pandémie car le paiement des vaccins alourdit le fardeau d’une dette déjà très élevée. C’est pourquoi nous devons continuer à négocier  avec nos bailleurs en parlant d’une seule voix.

– Enfin, et je souhaiterais m’appesantir sur ce point, la force et le potentiel de notre continent.

Cette crise est un réveil pour notre continent : elle nous pousse à rompre avec le passé, avec l’Afrique des conflits, de la faim, des maladies et de la migration clandestine. Elle nous oblige à effectuer un changement fondamental, à créer de nouvelles opportunités à restaurer notre économie en une croissance économique inclusive, à un renouveau.

Pour cela,  l’Afrique ne peut et ne doit compter que sur elle-même. De nos jours, aucun enjeu planétaire ne peut, désormais, se faire sans l’Afrique parce qu’elle constitue une force démographique, parce qu’elle est une terre d’avenir pour l’économie mondiale, et  parce qu’elle a un potentiel exceptionnel.

Dès lors, il est impératif d’étudier les voies et moyens afin de réduire notre dépendance des ressources extérieures. Maintenant, plus que jamais, l’Afrique doit se concentrer sur la mobilisation de ses ressources domestiques, des secteurs publics et privés, notamment par la réduction des exonérations, l’augmentation des taxes et la participation de sa diaspora à son développement.

Nous faisons face à un ennemi invisible qui ne fait aucune distinction entre riche ou pauvre, grand ou petit.

Face à cette menace commune, la solidarité, la concertation et la coopération entre états s’imposent comme un impératif. Face à cette menace commune, notre capacité à relancer notre économie repose sur les décisions que nous prendrons aujourd’hui mais elle dépend surtout de l’urgence avec laquelle nous allons l’aborder.))