Les travaux du 8e sommet du Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur la Libye se sont achevés avec succès jeudi dans l’après-midi au centre international des conférences de Kintélé, à Brazzaville, en présence du président de la République, Ismaïl Omar Guelleh.

Inauguré par le président congolais Denis Sassou N’Guesso, ce sommet a vu la présence de plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement dont le président mauritanien, Mohamed Ould El-Ghazaouani, le premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, ainsi que des délégations de haut niveau des pays membres de l’UA. Les ministres des Affaires étrangères de l’Afrique du Sud, du Tchad, de la Tunisie et de l’Egypte ainsi que le président de la Commission de l’UA ont également pris part à ce 8e sommet du Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur la Libye. Des acteurs du conflit en Libye et autres partenaires internationaux, qui se donnent pour objectif de relancer le processus de paix, ont également été présents à Brazzaville pour tenter de trouver une solution à cette crise qui perdure depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.

Dans une remarquable allocution qu’il a prononcée à l’ouverture de ce sommet, le chef de l’Etat djiboutien a regretté la marginalisation et la mise à l’écart des Africains dans la recherche de solution à la crise libyenne. « Nous avons laissé la place à une pluralité d’intervenants extérieurs au continent pensant que c’était une solution. C’est triste mais c’est une réalité à laquelle nous devons faire face », a-t-il dit.Toutefois, le président Ismaïl Omar Guelleh a souligné que ces interventions ont montré leurs limites aujourd’hui. « Pire, a-t-il dit, la crise n’a fait que s’aggraver et la souffrance du peuple libyen perdure à ce jour ».

Pour lui, la vision africaine du règlement de cette crise se décline en trois points : « un cessez le feu, le strict respect de l’embargo sur les armes et des concertations nationales suivies d’élections libres et transparentes ».

Le président Guelleh a par ailleurs estimé que l’affirmation d’une position africaine sur la crise libyenne ne se fera pas sans un coût financier conséquent. Il a ainsi proposé le financement, à travers le Fonds sur la Paix qui sera bientôt opérationnel, d’une mission politique de l’Union Africaine pour la Libye. Ce qui constituerait, selon lui, le premier terrain de son opérationnalisation.

« D’une part, cela attestera de notre détermination auprès des acteurs libyens et des partenaires internationaux ; d’autre part, ce serait la meilleure illustration de notre engagement pour une solution politique à cette crise qui affecte l’ensemble de la région sahélo-saharienne », a-t-il affirmé.

« Le monde nous observe. L’Afrique nous regarde. Mais surtout le peuple frère libyen qui souffre nous attend. Huit ans après le déclenchement de la crise libyenne, nous n’avons plus d’excuse », a-t-il déclaré.

Les propos du président Ismaïl Omar Guelleh, très vite noyés dans un tonnerre d’applaudissements, ont décidemment marqué les esprits.

Il convient de souligner au passage que les chefs d’Etat et de gouvernement, membres du comité de haut niveau de l’UA, ont eu une réunion à huit clos avec les principaux acteurs de la crise libyenne. À l’issue des travaux de cette rencontre à huis clos, les membres du comité de haut niveau ont effectué une déclaration finale dans laquelle ils ont exprimé leur profonde préoccupation quant à la détérioration de la situation sécuritaire, humanitaire et économique en Libye.

« Cette situation en Libye nourrit les réseaux terroristes, criminels et autres trafiquants d’êtres humains qui déstabilisent plusieurs pays de la sous-région », peut-on lire dans la déclaration finale.

Ils ont en effet rappelé la décision de la 32ème session ordinaire de la Conférence de l’Union africaine tenue à Addis-Abeba, les 10 et 11 février 2019.

Il s’agit, notons-le, d’une décision qui soulignait le rôle clé des Libyens eux-mêmes dans la recherche d’une solution durable au conflit et la nécessité qui leur incombe de s’approprier du processus pour mettre fin à la crise.

Notons enfin que le chef de l’Etat a regagné la capitale jeudi, en début de soirée, au terme de sa participation aux travaux de cette rencontre au sommet.

Abdourazak Ali Diraneh