Le Président de la République, Son Excellence Ismail Omar Guelleh a, dans une allocution faite à la tribune du 15ème sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de Pays membres de la Convention des Nations unies à la Lutte contre la Désertification et la Sécheresse, appelé de ses vœux à la réalisation d’une plus grande solidarité internationale autour des conséquences drastiques nées du cumul du réchauffement climatique et de la réduction des terres arabes dans plusieurs régions du monde. Dans cette intervention, il fit état du degré élevé d’acuité dans lequel se révèlent les conséquences de la sécheresse dans cette partie du monde qu’est la Corne de l’Afrique et, à plus forte raison à Djibouti, pays notoirement connu pour appartenir à un « climat semi-aride et aride. »  «  Notre région n’a connu aucunement de pluie depuis la fin 2020 et le cheptel des populations nomades sont aujourd’hui décimés », a déclaré en substance le Président de la République. « Nous faisons face depuis 40 ans, à 4 saisons de pluies consécutives avec peu ou pas de précipitations », a-t-indiqué dans le même élan. Il mit ensuite à profit cette tribune pour procéder à l’inventaire non exhaustif des dégâts multiforme avec laquelle afflue la problématique transversale de la sécheresse dans notre région. La désertification et la sécheresse sont à l’origine du spectacle insoutenable de tragédies faites de « dégradation des terres, d’insécurité alimentaire, de migration, de chômage et de pauvreté», a déploré le Président Ismail Omar Guelleh qui, a qualifie cette situation  de «  cercle vicieux qui ne pourra être brisé que si nous apprenions à mieux vivre en harmonie avec la nature ».

Nous vous reproduisons ci-dessous l’intégralité du discours du chef de l’Etat.

Permettez-moi, à l’entame de mon propos, d’exprimer au nom de ma délégation et en mon nom propre, ma profonde gratitude au peuple frère de la Côte d’Ivoire, à son Gouvernement et à Son Excellence, Monsieur Alassane Ouatarra, Président de la République de Côte d’Ivoire, pour l’accueil chaleureux et la généreuse hospitalité qui nous ont été réservées depuis notre arrivée.

J’associe à ces remerciements, l’ensemble du système des Nations Unies, pour leurs contributions essentielles à l’organisation de ce sommet.

Monsieur le Président,

Cela fait plus de deux décennies que la protection de la nature est progressivement devenue un combat quotidien, qu’il s’agisse du changement climatique, de la biodiversité, de la lutte contre la dégradation des terres, la désertification…

Ce combat a, certes donné lieu à de multiples déclarations et conventions, toutefois, malgré nos hautes ambitions et certains efforts consentis, la situation reste très critique.

Déjà, les scientifiques parlent de points de basculement ou points critiques pour certains écosystèmes, signifiant ainsi que ces écosystèmes ont atteint un stade de dégradation n’offrant plus de possibilité pour un retour à un état de fonctionnement normal.

Nul besoin de démonstration scientifique sur les conséquences. Nous les vivons déjà dans notre région. Les sécheresses, qui sont de coutume cyclique, sont désormais de plus en plus fréquentes, où le désert avance rapidement et où l’eau se raréfie à cause de l’assèchement des nappes souterraines.

De ce fait les pénuries d’eau déjà présentes continuent de s’aggraver et, outre la menace réelle de la soif, il y a aussi le danger pour la santé des populations au vu de la qualité d’eau disponible.

Notre région n’a connu aucunement de pluie depuis la fin 2020 et le cheptel des populations nomades sont aujourd’hui décimés.

Les communautés nomades sont donc contraintes de se déplacer à la recherche de nourriture, d’eau et de pâturage et viennent rejoindre les camps pour personnes déplacées des villes alentours. Les déplacements de populations induits par le climat sont donc une réalité dans la Corne de l’Afrique.

A l’heure où je vous parle ; nous faisons face depuis 40 ans, à 4 saisons de pluies consécutives avec peu ou pas de précipitations.  Le danger est donc bien réel.

Monsieur le Président,

Les pays semi-arides et arides comme Djibouti sont les plus touchés par le changement climatique déjà caractérisé par des précipitations faibles et irrégulières, des températures particulièrement élevées et une évapotranspiration potentielle intense l’exposant tout particulièrement au phénomène de désertification et de sécheresse de plus en plus fréquent qui ne permet pas aux populations nomades de se remettre entre deux chocs climatiques.

Pour faire face à ces menaces récurrentes, Djibouti a mis en place plusieurs stratégies d’adaptation.  On retiendra, entre autres, les :

– Reboisements localisés sur l’ensemble du pays,

– L’émergence de solutions locales adaptées, encourageant les économies d’eau comme par exemple l’irrigation des gouttes à gouttes et la mise à dispositions des serres.

– La mobilisation des eaux de surface en vue de faire des réserves d’eau. Cela servirait à l’irrigation agricole mais aussi à la réalimentation des nappes souterraines par infiltration

– L’octroi d’intrants agricoles, notamment des semences améliorées à tous les exploitants des périmètres agricoles du pays.

– L’utilisation de drones pour ensemencer les zones de pâturage pendant la saison des pluies, afin de permettre une régénération du couvert végétal sur des grandes superficies.

-Des formations dispensées à l’ensemble des agro-pasteurs du pays sur la régénération des parcours et pâturages et sur les bonnes pratiques des techniques culturales.

On peut aisément établir, Mesdames et Messieurs, le lien évident entre la dégradation des terres, l’insécurité alimentaire, la migration, le chômage et la pauvreté ; un cercle vicieux qui ne pourra être brisé que si nous apprenions à mieux vivre en harmonie avec la nature.

Face à ce constat, un impératif s’impose : celui de passer des engagements aux actes.

Cela signifie que cette COP 15 doit marquer le point de départ d’une véritable concrétisation des engagements des Etats ainsi que des partenaires au développement quant à la réhabilitation des terres dégradées afin de restaurer les écosystèmes terrestres.

Bien entendu, ces actions devront être renforcées par :

– Des investissements massifs, des mesures nouvelles et fortes fondées sur une approche systémique, un cadre novateur pour une gouvernance audacieuse du développement durable et une définition d’objectifs à réaliser.

– L’implication et la participation de tous les acteurs, qu’ils soient gouvernementaux, scientifiques, techniques et financiers…

– Le développement des technologues vertes intégrées et un partage de connaissances pour promouvoir les bonnes pratiques des gestions durables des terres.

– La promotion des partenariats régionaux et mondiaux pour l’investissement dans la restauration et la gestion durable des terres à toutes les tribunes d’échanges que nous aurons.

Les dix prochaines années, Mesdames et Messieurs, doivent être une décennie de transformation où on doit dépasser les égoïsmes nationaux et mettre en exergue la responsabilité universelle car le sort de notre maison commune est entre nos mains.