Le corridor routier, Tadjourah-Balho est certes un partenaire efficient du port de Tadjourah. En effet,  depuis l’inauguration de ce cordon ombilical, en novembre 2019, celui-ci a multiplié ses activités. En fin août dernier, deux navires vraquiers, l’un transportant 50500 tonnes de charbon et l’autre 25000 m/t de ferrailles ont simultanément accosté sur ses quais. Lors de cet événement, les employés de ce fleuron économique des régions nord du territoire national, ont réalisé une performance record en déchargeant 10 248 tonnes et en chargeant sur 248 camions en un seul jour. Par ailleurs, de la ville blanche du nord aux différentes localités situées sur le long de la route nationale n°11, des petits commerces ont vu le jour depuis la mise en service de ces infrastructures qui certes constituent un levier du développement économique de la région nord du pays.  

Pour profiter pleinement de sa situation stratégique, sise au croisement de la mer Rouge et de l’océan Indien, sur la seconde route maritime commerciale, la plus fréquentée au monde, la république de Djibouti, a durant ces deux dernières décennies, multiplié les installations d’infrastructures portuaires. L’initiative émane de la volonté du président de la république, Son Excellence, M. Ismail Omar Guelleh, qui a voulu faire de Djibouti un hub logistique et la porte d’entrée commerciale du continent africain dont celui du COMESA fort de plus de 400 millions de consommateurs.

La mise en place de 5 ports modernes, d’une ligne de liaison ferroviaire entre Djibouti et la capitale éthiopienne, d’une gigantesque zone franche, de plusieurs couleurs terrestres reliant ses différents ports avec les pays limitrophes, ont valu à notre pays d’avoir tous les atouts nécessaires pour parvenir à son ambition.

Dans ce reportage, nous allons vous conduire à Tadjourah et vous entraîner plus particulièrement dans les entrailles du dernier né parmi les 5 ports du pays. Focus sur le complexe portuaire de la ville de Tadjourah.

Dans l’histoire, la ville blanche du nord de la république de Djibouti, était connue pour les activités commerciales avec l’Ethiopie. Jadis, c’est par Tadjourah que passaient des caravanes entières de marchandises destinées à ce pays. A l’heure actuelle, moderniser ce lien commercial millénaire s’avère donc nécessaire pour booster le développement économique de cette contrée du territoire national. C’est du moins le sens de la mise en place de ce complexe portuaire à Tadjourah, ville chef lieu de la région éponyme. Inauguré par le président de la république, le 15 juin 2017, de cette ville blanche du Nord de Djibouti, vient renforcer les efforts du pays, à accroître ses activités sur le marché du transit.

Brillant de mille feux, dans le golfe de Tadjourah, ce port moderne, d’une superficie de plus de 30 ha, dispose de deux postes à quai de 485 m de longueur et de 14m de profondeur, capable d’accueillir simultanément deux navires de plus 65.000 tonnes.

Équipé d’installations modernes, le port de Tadjourah a été développé en cohérence une route, reliant la ville de Tadjourah à la capitale Mekele dans la région du Tigré, au nord de l’Ethiopie. Depuis la mise en service de ce cordon ombilicale en novembre 2019, les activités de ce port ont considérablement augmenté. En fin août dernier, deux navires vraquiers, le SOHO PRINCIPAL  et SHEBELE, l’un transportant 50500 tonnes de charbon et l’autre 25000 m/t de ferrailles ont simultanément accosté sur ses quais. Lors de cet événement, les employés de ce fleuron économique des régions nord du territoire national, ont réalisé une performance record en déchargeant 10 248 tonnes et en chargeant sur 248 camions en un seul jour. Lors d’une visite que nous avons effectuée dans ce port, ni le directeur général du port Mohamed Obokor Houmed, ni celui des opérations Omar Hassan Omar, n’a caché sa satisfaction quant aux résultats obtenus. Ils ont tour à tour félicité les cadres et les employés de ce port qui selon eux atteignent des performances remarquables dans le domaine du déchargement des marchandises en vrac.

Rappelons également que le port de Tadjourah et le corridor routier baptisé “Cheikh Sabah”, du nom du défunt émir du Koweït, constituent un levier du développement économique de la région du nord du pays. En effet, depuis la mise en service des infrastructures nationales, des petits commerces s’y sont développés aussi bien à Tadjourah que sur le long de la route nationale n° 11.

Rachid Bayleh

Ils ont dit…

Mohamed Obokor Houmed

Directeur général du port de Tadjourah

«La compétence de nos employés nous ont permis de réaliser des performances remarquable en déchargeant en un seul jour quelques 10 248 M/T de charbon»

«Le port de Tadjourah a réalisé une performance remarquable en août dernier. C’était la première fois depuis l’inauguration de ce port en juin 2017, que deux navires vraquiers accostent simultanément ses quais. Le premier, le SOHO PRINCIPAL, battant pavillon des îles Marshall transportait dans ses soutes quelques 50 500 tonnes de charbon appartenant à l’Ethiopie quant au deuxième, le SHEBELLE, était chargé de 25 000 M/T de matériel de construction composé essentiellement de fer. Pour cette occasion, nous avions mobilisé 850 camions pour l’un (SHEBELLE) et pour l’autre c’est-à-dire le SOHO PRINCIPAL, nous avions prévu 1200 camions. Pour la première fois, nous avions des milliers de camions en file d’attente dans ce port. Le charbon était destinés à Dire-Dawa et les camions transportant cette marchandise ont donc emprunté la route de l’unité, puis ont rejoint cette ville éthiopienne via la route d’Ali Sabieh. Tandis que les matériaux de construction composés essentiellement cette fois-ci de ferraille ont été acheminés par la route de Balho. Puisque nous n’avons pas encore de hangar de dépôt, nous déchargions les navires et nous chargions les marchandises dans les camions. C’est-à-dire, qu’elles passent directement du navire au camion. Comme vous le savez, nos ports ont une certaine notoriété au niveau de la région et même sur le plan continental. Pour satisfaire notre clientèle et préserver l’image de notre port dans ce domaine, il nous a donc fallu de faire en sorte que le travail soit en continue et que les opérations ne s’arrêtent pas. Pour réussir nous avions mobilisé pour le déchargement de ces deux navires une quarantaine d’employés du port et quelques quarante autres issus de la société qui ont fourni la main-d’œuvre portuaire ou PLS qui ont travaillé par Shift.  Je profite d’ailleurs de cette occasion pour féliciter tout le personnel de ce port, pour le travail remarquable qu’ils avaient fourni et pour ces nouvelles performances réalisées.»

Dabaleh Ali Dabaleh

Propriétaire d’un gite d’accueil de camionneurs à Boli

«Pour la population de la région de Boli, le corridor routier relié au port de Tadjourah est une aubaine économique»

«Je suis native de la région de Boli. Je suis la première personne  issue de cette région qui a cru aux opportunités économiques des infrastructures portuaires et routières mise en place dans le cadre du développement des localités nord de notre territoire national. Quelques jours après le lancement des travaux de construction de ce cordon ombilical qui relie notre pays à l’Ethiopie et plus particulièrement aux régions du nord de ce pays par le Président de la République de Djibouti son Excellence, Al Hadj Ismail Omar Guelleh, pour profiter des opportunités de la route émanant du port de Tadjourah, j’ai investi pour mettre en place dans une zone se trouvant à mi-chemin entre le port de Tadjourah et la localité frontalière Balho, un projet d’éco-tourisme et actuellement j’ai aménagé un terrain pour accueillir les camions et héberger également les chauffeurs. Car comme vous le savez, le port de Tadjourah est étroitement lié au corridor routier entre ce port et la localité frontalière Balho. Boli est à mi-chemin entre Tadjourah et Balho, son altitude est de 1000m donc il fait frais et j’ai trouvé le lieu idéal pour mettre en place d’abord sur le flanc de la montagne un village touristique. Des que j’ai mis les 2 premières tentes les clients commençaient déjà à venir pour profiter de l’endroit. Puis j’ai rajouté sur un site aménagé près de la route, un lieu pour accueillir les camions et pour héberger les chauffeurs qui après le long trajet, se reposent avant de descendre vers Tadjourah. Là nous offrons également aux chauffeurs éthiopiens la restauration. Grâce à cette route, beaucoup de touristes européens et djiboutiens passent les week-ends dans le village touristique. Lors de l’épidémie du COVID-19, il y a eu un freinage des activités du tourisme mais actuellement, les choses commencent à reprendre. Une dizaine des familles à Boli vivent de l’opportunité économique offerte par cette route. Des petites cafétérias, des petites boutiques….etc, s’installent sur le long de ce corridor.

Pour moi, le seul frein aujourd’hui est que tous les projets réalisés se font avec les fonds propres de la famille, j’espère que je vais bénéficier d’une subvention pour élargir mes services, car j’ai dans ma tête plusieurs autres projets dont un service de dépannage des pneus des véhicules dans le parc de stationnement des camions. Actuellement, j’ai deux employés à plein-temps et 3 de plus selon les activités. Mais avec l’extension prochaine de mon projet, j’aurai besoin de beaucoup plus d’employés. Bref, d’une manière générale, pour la population de la région de Boli, le corridor routier relié au port de Tadjourah est une aubaine économique»

Propos recueilli par RB