Dans le cadre  du Projet d’Entrepreneuriat des Jeunes pour l’Adaptation au Changement Climatique (PEJACC),  le Secrétaire Générale du ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de la Pêche et de l’Elevage chargé des Ressources Halieutiques M. Ibrahim Elmi nous a accordé une interview pour nous éclairer sur les  tenants et aboutissants de ce projet de grande envergure.

La Nation :  Pouvez-vous, monsieur le Secrétaire général ,  nous présenter brièvement la genèse de ce projet ?

Le Projet d’Entrepreneuriat des Jeunes à l’Adaptation au Changement Climatique (PEJACC) est le fruit d’une réflexion stratégique initiée par le Ministère de l’Agriculture. Ce projet répond à deux priorités majeures : le chômage des jeunes et les impacts croissants du changement climatique. Conçu pour proposer des solutions durables et résilientes, le PEJACC est né d’une série de consultations nationales sur le développement durable et s’appuie sur les priorités établies dans le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique.

Quels sont les tenants et aboutissants du projet ? (Objectifs, bénéficiaires, financements).

Le PEJACC vise à renforcer les systèmes de production horticoles et caprins pour les rendre plus résilients face aux impacts climatiques. Il entend également promouvoir un agrobusiness inclusif et durable, tout en créant des emplois décents pour les jeunes et les femmes. Le projet touchera directement près de 80 000 personnes (soit environ 12 000 ménages), avec un impact indirect sur 240 000 consommateurs à Djibouti-ville. Les principales régions ciblées incluent Ali Sabieh, Dikhil, Obock, Tadjourah, Arta ainsi que les zones périurbaines de Djibouti. D’un montant global de 57,4 millions USD (10,4 milliards de francs Djibouti), le PEJACC est financé par un don de la Banque Africaine de Développement à travers plusieurs fonds (FAD, FAT, et le Guichet d’action climatique), ainsi qu’un prêt du FIDA. Une ligne de crédit de 10 millions USD permettra aux jeunes de démarrer leurs activités dans les chaînes de valeur ciblées.

Quelles sont  les principales parties prenantes de ce projet ?

Le  PEJACC est un projet transversal par essence, mobilisant plusieurs secteurs pour maximiser son impact. Les principales parties prenantes sont au niveau national le Ministère de l’Agriculture, Ministère de l’Environnement, et Ministère de la Jeunesse,  et celui de la femme et de la famille.WORLDVEG et l’Institut des sciences de la vie) ISV (du CERD pour la promotion des technologiques et innovations intelligentes au climat,  l’Agence Djiboutienne de Développement ADDS pour la formation des formateurs et le développement du curriculum d’incubation,  le Centre de Leadership et d’Entrepreneuriat ( CLE) et la chambre de commerce pour l’accompagnement de PME existantes, L’accélération et le renforcement de PME ayant obtenu un financement.. Au niveau international il implique le Centre International d’Agriculture Tropical) CIAT (pour la mise en place du système digital de suivi des points d’eaux.

• L’Union Nationale des Femmes de Djibouti) UNFD (pour la mise en œuvre des activités spécifiques aux genres.

• L’Institut de la Statistique de Djibouti) INSTAD (pour l’étude d’actualisation du recensement de cheptel national. Et enfin, l’association de jeunes, coopératives agricoles.

Quelles sont les retombées socio-économiques du projet à court, moyen et long terme ?

À court terme, le projet engendrera la création de 3500 emplois permanents et 2300 emplois temporaires, dont 60% pour les jeunes et 40% pour les femmes. Le renforcement des capacités locales stimulera également la sécurité alimentaire.

À moyen terme, l’augmentation significative de la production horticole (notamment tomate, aubergine, piment et melon) et réduction de 30% à 40% de la dépendance alimentaire aux importations.

À long terme, le projet vise une transformation durable des secteurs horticole et caprin, avec une contribution accrue au PIB national. Les pratiques climato-intelligentes auront un impact positif sur l’environnement grâce à une meilleure gestion des sols et de l’eau. Soulignons-le ce projet bénéficiera directement à 80 000 personnes, soit environ 12 000 ménages et les bénéficiaires indirects peuvent être estimés à 240 000 personnes notamment des consommateurs à Djibouti ville.

Compte tenu de l’enveloppe financière dédiée à ce projet, pouvons-nous améliorer la contribution du secteur primaire au PIB ?

Absolument. Le PEJACC est conçu pour booster la productivité et la valeur ajoutée dans le secteur primaire, en ciblant précisément les chaînes de valeur horticole et caprine. Grâce à des investissements dans les infrastructures, l’accès au crédit (10 millions USD), et l’introduction de technologies modernes, le projet renforcera la compétitivité des exploitations agricoles. En soutenant la création d’au moins 200 petites et moyennes entreprises, il générera de nouvelles opportunités économiques, augmentant ainsi la contribution du secteur primaire au PIB et favorisant même des perspectives d’exportation.

Enfin, peut-on dire aujourd’hui que notre pays est prêt à relever les défis du changement climatique grâce au projet PEJACC ?

Le PEJACC est une réponse structurée et ambitieuse aux défis posés par le changement climatique. En intégrant des pratiques climato-intelligentes et en mobilisant les jeunes et les femmes comme moteurs du changement, ce projet pose les bases d’une adaptation durable.

Avec une approche multisectorielle et des objectifs clairs, la république de Djibouti envoie un signal fort : elle est prête à transformer les défis climatiques en opportunités pour un avenir prospère et résilient.