Le ministre de l’agriculture, de l’Eau, de la Pêche et de l’Elevage M.Mohamed Ahmed Awaleh a fait  la semaine dernière une allocution en vidéo conférence au sommet mondial sur les systèmes alimentaire avec à ses côtés le représentant de la FAO à djibouti et auprès de l’IGAD Dr Pissang Tchangai Dademanano ainsi que la représentante du PAM à Djibouti Mme Mary Njoroge  en presence du Secretaire General du Ministere de l’Agriculture M.Ibrahim Elmi. Il a appelé à la mise en place d’un mécanisme de financement pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique, mené par la première institution financière d’Afrique, la Banque africaine de développement. Nous vous reproduisons la quintessence de l’intervention du ministre.

Les systèmes alimentaires de Djibouti s’inscrivent dans un contexte difficile : une très forte aridité et des effets négatifs des changements climatiques sur les systèmes de production, une urbanisation très rapide, une grande concurrence entre productions alimentaires nationales et importations. Face à un environnement naturel sous forte pression et dans une région où la géopolitique est complexe, avec la proximité du Yémen, de la Somalie et de l’Ethiopie, Djibouti a fait de nombreux efforts pour promouvoir des approches innovantes dans le cadre de la sécurité alimentaire qui ont contribué à rendre le pays de plus en plus résilient face au défi de la dépendance des systèmes alimentaires nationaux vis-à-vis des marchés internationaux.

En effet, depuis des années, des investissements importants ont été réalisés dans les domaines de l’eau, afin d’assurer l’accès durable de l’ensemble de la population à l’eau potable et à l’eau productive :

F 170 forages profonds en milieu rural, dont 70% fonctionnant à l’énergie solaire ;

F 1520 puits et plus de 300 citernes enterrées et excavations ;

 61 micro-barrages et 7 barrages de rétention d’eau avec une capacité globale de plus de 20 Millions de m3.

En ce qui concerne le milieu urbain, compte tenu de l’accroissement démographique, des extensions des infrastructures portuaires et de l’implantation d’industries au niveau des free zones, deux grands projets,à savoir : l’adduction d’eau potable Hadagala-Djibouti pour un volume journalier de 100.000 m3/ jour et l’unité de dessalement de Doraleh d’une capacité de 25.000 m3 / jour, ont été réalisés pour satisfaire entièrement  les besoins des centres urbains en eau potable. 

Tous ses efforts déployés ont abouti à affranchir de la soif les populations vivant tant en milieu rural qu’urbain, avec la gratuité de l’eau potable en milieu rural. 

Djibouti importe environ 80% de son alimentation et dans le but de réduire cette dépendance vis-à-vis de l’extérieur, différents projets et programmes ont été réalisés permettant :

F L’augmentation de la production agricole par le développement d’une agriculture maraichère intensive avec l’introduction de cultures sous-serres et l’installation de système d’irrigation en goutte-à-goutte. Ainsi, les rendements sont en nette augmentation. Aussi, compte tenu des conditions climatiques arides de Djibouti, le choix du palmier dattier reste primordial dans le cadre du renforcement des systèmes alimentaires.  Pour répondre aux besoins des agriculteurs en plants,une unité de production de plants in vitro d’une capacité de 10 000 vitro-plants par an en variétés nobles et productives a été mise en place et le défi de l’indisponibilité des plants dattiers est désormais révolu sur le plan national ;

F L’amélioration de la production laitière par introduction chèvres de races améliorées importées (Alpine et Saanen) et leur croisement pour l’amélioration génétique des races locales

Concernant la pêche, ces dernières années des efforts ont été  déployés sur toute la façade maritime pour renforcer l’outil de production, de conservation et de commercialisation par la réalisation de quais de débarquement, de fabriques de glace et de chambres froides  et par la fourniture aux pêcheurs de bateaux équipés et de véhicules de transport réfrigérés entre les pêcheries et les marchés. Un acteur clé du dispositif de sécurisation de la consommation des produits alimentaires importés à Djibouti, le  Laboratoire National d’Analyses Alimentaires (LANAA,) après avoir obtenu l’accréditation ISO/CEI 17 025-2017, vient récemment de bénéficier du renouvellement de cette accréditation.

L’expertise du personnel, les installations et équipements utilisés sont de nature à garantir la traçabilité de tous les produits alimentaires analysés au LANAA  en appliquant des normes du système international garantissant après analyse, la qualité sanitaire des produits d’origine animale ou végétale importés dans le pays ou exportés vers les marchés régionaux ou internationaux tels que les pays du Golfe Arabique, l’Europe ou les Etats-Unis d’Amériques.  L’un des principaux impacts de la COVID-19 est le ralentissement des activités économiques dans les économies africaines et la réduction des recettes et des entrées de devises. 

En conséquence, la majorité des États membres de l’UA sont confrontés à des contraintes budgétaires sans précédent qui limiteront leur capacité à mettre en œuvre les résultats de ce Sommet. 

Afin de soutenir nos États membres, nous appelons à la mise en place d’un mécanisme de financement pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique, mené par la première institution financière d’Afrique, la Banque africaine de développement.

Au total, pour développer des systèmes alimentaires durables une dynamique nationale est en train de se mettre en place à travers :

F L’émergence de l’agrobusiness en agriculture comme dans le domaine de la pêche ;

F La mise en place de projets transfrontaliers pour endiguer les flux migratoires ;

F L’exonération des droits des douanes sur les produits alimentaires de base à l’importation.