D’après l’institut statistique de l’UNESCO, le patrimoine naturel désigne les spécificités naturelles, les formations géologiques de géographie physique et les zones définies qui constituent l’habitat d’espèces animales et végétales menacées, ainsi que les sites naturels qui présentent un intérêt sur le plan scientifique, dans le cadre de la conservation ou en termes de beauté naturelle. Il comprend les aires naturelles protégées privées et publiques, les zoos, aquariums et les jardins botaniques, les habitats naturels, les écosystèmes marins, les sanctuaires, les réserves, etc. Dans le cadre de la protection des différents écosystèmes qui sont partie intégrante du patrimoine national, l’état djiboutien a crée des aires protégées pour préserver les espèces animales et végétales en danger d’extinction. Parmi ces espèces protégées citons une espèce emblématique : le Francolin de Djibouti que nous allons évoquer dans cet article.

Le Francolin de Djibouti également appelé francolin de somali (Pternistis ochropectus) est une espèce d’oiseaux de la famille des Phasianidae. Son plumage est globalement brun-gris, avec des rayures et des stries blanches sur ses parties inférieures, qui deviennent plus fines vers les parties supérieures. L’oiseau a des marques noires sur la tête et une couronne grise.

Il mesure 35 cm de long, avec une courte queue, et pèse 940 g. Il peut être trouvé en petits groupes et est extrêmement farouche. Il se nourrit de baies, de graines et de termites, et se reproduit entre décembre et février.

Les sexes sont semblables, mais les mâles sont en moyenne légèrement plus grands que les femelles et ils possèdent deux ergotsproéminents sur les jambes, tandis que la femelle n’en a pratiquement pas. Les femelles ont également plus de roux dans les plumes de leur queue. Le juvénile ressemble aux adultes, mais il est plus terne et barré de chamois plutôt que strié sur les parties inférieures.

Aucun autre francolin ne vit dans la région où se trouve le Francolin somali même si le Francolin à cou jaune (Pternistis leucoscepus) vit également à Djibouti. Il ne peut donc être confondu avec aucun autre oiseau.

Le Francolin somali est endémique de Djibouti,où il n’est présent que dans deux sites. Le premier site se trouve dans les monts Goda de la forêt de Day, à environ 25 km au nord du golfe de Tadjourah. Cet habitat, qui couvre seulement 14 à 15 km2, est en train de changer. L’autre site est situé dans les monts Mabla, à 80 km au nord de la forêt de Day et reste non étudié. Ce site a été davantage exposé aux perturbations des activités humaines que la forêt de Day, et il est donc considéré comme moins viable. L’aire de répartition totale du Francolin somali est estimée à 58 km2.

Ce francolin préfère les bois denses de Genévriers d’Afrique (Juniperus procera), avec une canopée fermée, se trouvant entre 700 et 1 780 m d’altitude, de préférence sur un plateau. Cet habitat forestier est mêlé de buis (Buxus hildebrandtii) et d’oliviers africains (Olea europaea africana). Ce francolin a été trouvé dans les forêts secondaires, les forêts de buis Buxus hildebrandtii, et dans les boisements d’acacias Acacia seyal. Le Francolin somali peut également s’aventurer dans des zones boisées plus ouvertes et dans les oueds après la saison de reproduction.

Les forêts de genévriers africains ont été en grande partie endommagées ou détruites du fait des activités humaines ; on ignore dans quelle mesure ces forêts mortes peuvent encore servir d’abri au Francolin somali bien que certains jeunes aient été observés dans ces zones. On considère généralement que ces oiseaux réagissent à la destruction de leur habitat naturel en essayant de trouver un nouveau refuge aussi proche que possible de leur ancien habitat naturel.

À la suite de la disparition des genévriers, le buis Buxus hildebrandtii est devenu l’arbre dominant des zones les plus fréquemment habitées par le Francolin somali.

Localement le Francolin somali porte le nom de gogori en somali, ou de kukaace en afar. La majorité des autochtones des zones abritant l’oiseau croient que l’espèce est importante, soit en raison de sa viande, qui peut être consommée par les musulmans, qui constituent le groupe religieux dominant de la région, soit parce qu’il fait partie du patrimoine naturel de la région. Bien que l’espèce soit rarement consommée aujourd’hui en raison de sa rareté, il y a quelques décennies elle était si commune qu’elle était capturée facilement quand elle s’approchait de villages voisins.

Le Francolin somali a été représenté sur deux timbres : l’un de Djibouti de 1989, et un autre du Territoire français des Afars et des Issas, nom que portait alors l’actuelle République de Djibouti, en 1972.

Cette espèce est considérée comme « en danger critique d’extinction » (CR) selon l’UICN, car sa population a subi un déclin de plus de 90 % en vingt ans. En 1977, ses effectifs étaient estimés à environ 5 600 oiseaux dans la forêt de Day, qui était alors le seul endroit connu pour abriter le Francolin somali. En 1986, cette population était descendue à 1 500 individus. L’espèce est découverte dans les monts Mabla en 1986. Alors que la population des monts Mabla n’a pas encore été étudiée, les effectifs de la Forêt de Day n’ont pas cessé de baisser, et 500 à 1 000 Francolins somalis étaient trouvés en 1998, puis seulement 115 à 135 en 2004. La population totale en 2006 était estimée entre 612 et 723 adultes. Le déclin de la population est difficile à estimer, mais les effectifs semblent décroître de 30 à 49 % toutes les trois générations.

MOHAMED ADEN