Dans le “Dossier du Mois” que nous publions aujourd’hui, dans cette édition de joie et de fête, nous allons vous présenter l’histoire de l’école djiboutienne. Et ce, depuis ses premiers balbutiements jusqu’aux grandes réformes réalisées par le gouvernement. Pour les réussir, il a fallu beaucoup de courage, de volonté et d’abnégation. Il a suffit d’y croire !

Ecole Djiboutienne

 135 années nourries d’histoire, de passion et d’amour

Même si l’histoire de l’école de notre pays a été écrite, publiée et mise en ligne à maintes reprises, un léger rappel ne ferait du mal à personne. Et que de chemin parcouru depuis ses premiers balbutiements qui se sont produits à Obock au mois de juin 2019, où nous essayons de planter le jalon d’une année scolaire qui a pris fin et qui se referme avec ses lots de joie, de déception et d’espoir ! Mais, cela reste toujours un grand événement pour les élèves, les enseignants et les parents.135 années chargées d’histoire. 135 années durant lesquelles, elle s’est forgée lentement sur un parcours difficile et un environnement incertain. Un environnement qui l’a vu grandir et franchir, malgré les moyens, tous les obstacles qui ont pu se dresser devant elle. 135 années durant lesquelles l’incertitude a été vaincue par une solide passion et un amour inébranlable qui ont fait de notre école, l’institution citoyenne efficace dont la qualité est reconnue par le monde académique et qui fait aujourd’hui la fierté de la République. Jugez-en vous-même !

L’école va commencer ses premiers pas avec l’initiative de quelques Frères missionnaires appartenant à l’ordre des Capucins.  Pour la première fois, ces Frères vont ouvrir, en 1884, une école à Obock et seront rejoints, en 1888,  par des Sœurs Franciscaines qui elles, établirent dans la même localité une structure identique destinée cette fois-ci aux filles. Néanmoins l’enseignement prodigué restera rudimentaire  surtout, parce que ces deux confréries assuraient des missions bien particulières dont les objectifs étaient contraires à nos croyances et à nos besoins.

En 1896, le pouvoir colonial s’installe sur la rade de Djibouti et implante définitivement un comptoir destiné à ravitailler en charbon les bateaux français à destination de l’Asie du Sud Est. Les Frères Capucins et les Sœurs Franciscaines suivent le chemin de l’administration et quittent à leur tour Obock pour s’installer à Djibouti, au Plateau du Serpent, et ouvrirent les portes d’une nouvelle école en 1902. Une école dont les autorités vont exiger un semblant « caractère public » de son statut. En raison certainement de la croyance et de l’origine cosmopolite des élèves qu’elle devait éduquer. Dans la même année, l’administration coloniale crée « une école pour les enfants du pays» et cette école, dès son ouverture va accueillir un nombre important d’élèves. L’enseignement prodigué par l’une et l’autre, portait pour l’essentiel sur le français, l’écriture et l’arithmétique de base. Mais en 1905, la loi instaurant l’école gratuite et laïque met un  frein à ces institutions qui sont contraintes de fermer définitivement les portes.

Les parents d’élèves européens réclament alors au gouvernement français, une solution de rechange qui prendrait le relais, On fît alors appel à l’Alliance Française. Et au mois de novembre 1906, après d’interminables négociations et tracasseries administratives, l’école redémarre. Comme enseignants, l’Alliance Française recrutera les Frères Capucins qui étaient sans activité et disponibles sur le territoire. Ils étaient sur place et coûtaient beaucoup moins chers que de faire venir des enseignants de la France. L’Alliance les recrute donc pour sa nouvelle école en prenant toutefois, le soin de les « convertir » à  la laïcité dans le respect de la nouvelle loi.

Pourtant, la première école véritablement publique ne verra le jour qu’en 1922 et sera établie au boulevard de la République, à l’actuel emplacement du service de l’enseignement de base, sous le nom d’Ecole des Garçons. L’Ecole de la Nativité étant exclusivement réservée aux filles. Et les fonctionnaires qui  y travaillent aujourd’hui, se doivent de garder d’oublier qu’ils évoluent sur un site historique où, fut bâtie la première école publique du pays. Car, c’est là que tout a commencé.

En ces années-là, l’enseignement est plus que médiocre et les résultats sont très loin d’être encourageants. Les fonds alloués aux écoles sont très fables et les manuels de formation inexistants.  Ce parcours scolaire pour le moins chaotique était cependant sanctionné par des certificats, élémentaires ou supérieurs qui, puisque reconnus par l’administration locale, offraient des opportunités de travail à leurs détenteurs. Surtout, au sein de la compagnie de chemin de fer alors en plein essor.

Malgré tout, le système d’enseignement, démuni de toute approche pédagogique, restait totalement figé à un stade artisanal et les premiers guides du maître n’arriveront que vers les années quarante. Mais l’école verra son envol dans les années cinquante et bénéficiera d’excellentes méthodes pédagogiques qui feront le bonheur du système éducatif du pays. Car, ces méthodes vont non seulement influencer la conception même de l’école mais définiront également sa finalité et ses stratégies de mise en œuvre.

La refonte du système éducatif djiboutien

Après l’accession du pays à l’indépendance, le système éducatif hérité du pouvoir colonial subira ses premières réformes pour qu’il soit entièrement au service des enfants du pays et ce, sans la moindre distinction. L’Etat ne ménagea pas ses efforts pour augmenter la capacité d’accueil du pays des enfants en âge d’être scolarisés tout en prenant le soin d’améliorer la qualité de l’enseignement dispensé  pour renforcer les chances de réussite de nos enfants.

Lorsque le Président Ismaïl Omar Guelleh fut élu en 1999, l’école est au cœur des préoccupations du nouveau président. Avec l’instauration de l’enseignement fondamental, l’Etat va engager d’importantes réformes qui vont transformer de fonds en comble et révolutionner considérablement l’éducation nationale. La rupture avec le système hérité du colonialisme est entamée. Ainsi, depuis la tenue des Etats Généraux de l’Éducation en 1999 et l’adoption de la Loi d’Orientation sur l’Éducation en 2000, qui fonde la politique éducative, le système éducatif djiboutien a enregistré d’importantes avancées au niveau des taux de scolarisation et de l’équité.

La nouvelle politique éducative prône l’indépendance et affirme que l’éducation est un droit pour tout  djiboutienne et djiboutien sans distinction d’âge, de sexe, d’origine sociale, ethnique ou religieuse. Que l’État garantit à tous, un enseignement fondamental gratuit et obligatoire de neuf années pour tous les enfants âgés de 6 à 16 ans et le développement de leurs capacités intellectuelles, physiques et morales. La finalité du système éducatif étant d’éduquer et de former les djiboutiens pour qu’ils soient capables de contribuer au développement économique, social et culturel du pays. Le système éducatif vise à garantir l’accès équitable à une éducation de qualité gratuite et prépare l’enfant à mieux comprendre les réalités propres à son environnement social et à être utile à la Nation. A travers bien sûr, un programme d’étude et de formation capable de cultiver le savoir et les connaissances destinées à nourrir son éveil et faciliter une meilleure insertion sociale et professionnelle  permettant d’assurer le plein exercice de sa citoyenneté.

Pour atteindre les objectifs de cette ambitieuse politique, la République de Djibouti a lancé des états généraux, auxquels ont pris part la communauté nationale dans sa diversité,  Sur recommandation des participants, de nouvelles orientations juridiques, administratives et pédagogiques sont prises. L’école est redéfinie dans sa finalité et dans ses attributions. Un véritable chantier s’ouvre à l’échelle du ministère. Pour la première fois, l’école est au cœur des préoccupations de l’Etat et de la communauté. C’est dans cette approche qu’a vu le jour la grande réforme en cours aujourd’hui. Cette réforme a été marquée par une vague de réhabilitations et d’extensions des infrastructures scolaires et le renforcement de la formation du personnel enseignant. La réforme du baccalauréat fut également engagée et donna naissance, en  2014, à un BAC national. C’est dans cette même volonté de réforme et d’indépendance que l’Université de Djibouti a vu le jour, pour augmenter les opportunités de formation offerts à nos étudiants. Et à force de courage et d’abnégation, l’université de Djibouti a tenu le coup et s’est considérablement développée. Aujourd’hui, l’université djiboutienne a la capacité de former dans le pays des médecins et des ingénieurs.

Dans ce même objectif d’efficacité et d’indépendance, le Centre de Recherche d’Information et de Production de l’Education Nationale (CRIPEN ) devient autonome,  et est en mesure aujourd’hui de répondre aux besoins, en manuels scolaires, des écoles du pays.

L’enseignement fondamental

Dans le même élan, l’enseignement fondamental est instauré. Il est constitué de l’enseignement « Préscolaire » dont la durée est de deux ans ; l’enseignement primaire qui lui s’étale sur 5 années ; et l’enseignement moyen qui se réalise sur un parcours de 4 ans. Au sein de cet enseignement fondamental, seuls les enseignements primaire et moyen sont obligatoires. Cette obligation est inscrite dans la loi d’orientation de 2000. Quant à l’enseignement secondaire, il est constitué de deux filières : la filière générale et la filière technique et professionnelle. Les filières de l’enseignement technique sont en pleine réforme et plusieurs options ou spécialités sont possibles. Cet enseignement a une durée de 1, 2 ou 3 ans selon les cas. Enfin, l’enseignement supérieur abrite aussi bien des enseignements généraux que professionnels.

Depuis la tenue des Etats Généraux de l’Éducation en 1999 et l’adoption de la Loi d’Orientation sur l’Éducation en 2000, qui fonde la politique éducative, le système éducatif djiboutien a enregistré d’importantes avancées au niveau des taux de scolarisation et de l’équité. Ces performances traduisent les engagements pris dans le schéma directeur (2010-2019) qui est encore en cours d’exécution. L’amélioration du système éducatif est également un des objectifs clairs de la « Vision Djibouti 2035 » avec un accès à une éducation de base pour tous, qui délivre les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être, tout restant axée sur l’excellence.

Depuis une dizaine d’années, des efforts importants ont été déployés par le gouvernement Djiboutien pour améliorer la scolarisation des jeunes Djiboutiens. Que ce soit en termes d’accès ou de qualité. Ainsi, le système éducatif a connu un développement sans précédent avec un accroissement du nombre de salles de classe, la révision des programmes de l’enseignement fondamental et secondaire général, le renforcement de la formation et de l’encadrement des enseignants et la réforme en cours de l’enseignement technique et la formation professionnelle.

Et faire en sorte que, d’ici 2030, toutes les femmes et tous les hommes aient accès à des services de développement et de prise en charge de la petite enfance pour assurer une éducation préscolaire de qualité qui puisse les préparer à suivre facilement, et sur le même pied d’égalité, un enseignement primaire, moyen et secondaire gratuit et de qualité. Ou vers un enseignement technique, professionnel ou tertiaire (y compris universitaire) de qualité et d’un coût abordable. Car, le pari d’une « Education Pour Tous » de qualité, assurant à chaque élève les compétences et les qualifications utiles et indispensables à son épanouissement personnel et à son insertion sociale, a toujours été prôné par le Président de la République. D’où l’importance de cet objectif qui s’affiche comme étant le principal souci du gouvernement. Et c’est en très bonne voie ! La volonté est là et cet objectif sera atteint par tous les moyens nécessaires.

Les principales priorités ciblées par le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFOP) sont non seulement l’accès à la  scolarisation universelle de l’enseignement fondamental, la réduction des disparités liées au genre, aux régions et aux enfants à besoins spécifiques, la mise en œuvre progressive de l’enseignement préscolaire mais également, le renforcement de la qualité ainsi que le développement professionnel des enseignants, le développement de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle.

Pour atteindre ces objectifs et améliorer l’accès à l’école, l’équité et la qualité du système éducatif, un large processus consultatif couvrant l’ensemble du territoire national, a été lancé. Ces consultations ont eu lieu par le biais des établissements scolaires, sur les ondes de la radio nationale et sur les réseaux sociaux.

Cette méthode a facilité la participation de tous les usagers de l’école, des partenaires, de la société civile et donné la parole, pour la première fois, à la diaspora djiboutienne qui a montré un intérêt considérable aux différentes discussions. Cette démarche a entraîné une forte participation de tous les acteurs sur le terrain. Les partenaires techniques et financiers qui appuient le MENFOP ont également été associés à ce projet.

En résumé, la vision de développement à long terme est articulée autour de trois principes : un système éducatif mis en œuvre par des acteurs sociaux désormais plus conscients de leurs responsabilités ; un système éducatif accessible physiquement et économiquement : et enfin, un système éducatif qui repose sur une mobilisation des ressources humaines et financières sûres, mieux gérées, suivies et réévaluées périodiquement.

Les différents secteurs de financement

Pour répondre efficacement aux défis d’une Education de qualité pour Tous, le gouvernement Djiboutien a consacré sur la période 2009-2016, une moyenne de 19,2% de ses dépenses courantes au secteur de l’éducation. L’accroissement annuel moyen s’établit à 5% contre 11,8% pour les dépenses courantes de l’État. En volume, les dépenses courantes passent de 10.875 millions de FDJ à 14.310 millions sur la même période 2009-2016, soit une multiplication par 1,25. Par rapport à la richesse nationale, l’effort consacré au secteur de l’éducation, y compris les investissements, s’élève en moyenne à 6,5% avec un léger recul à partir de 2012.

En 2016, le budget du MENFOP s’élève, en francs Djibouti, à 16 602 742 573 et celui de l’Enseignement Supérieur à 3 366 614 958. L’État djiboutien consacre 17% de ses dépenses au secteur de l’Éducation, y compris l’Enseignement Supérieur (13,7% au MENFOP et 2,7% à l’Enseignement Sup). Sur le plan économique, les dépenses de personnel et de transferts et subventions, représentent en moyenne 93,4% des dépenses totales. Il s’agit d’un déséquilibre structurel au profit des dépenses de salaires et de bien-être social du personnel, qui ne favorise pas des arbitrages au profit des dépenses de biens et services qui contribuent à l’amélioration de la qualité de l’éducation. Ces dépenses en biens et services restent constantes à hauteur de 6,6% sur la période. Enfin, les dépenses d’investissement de l’éducation qui sont généralement financées par les apports extérieurs, dans le cadre des programmes sectoriels, se situent en moyenne à 10,4% par rapport aux dépenses d’investissement de l’État. Les montants connaissent une variation importante qui s’explique par la forte dépendance des investissements vis-à-vis des dons et emprunts extérieurs.

L’enseignement préscolaire

Le MENFOP a opté pour une stratégie de développement du préscolaire qui s’appuie sur trois types d’établissements : les établissements publics, les établissements communautaires et les établissements privés.

Sur la période 2010-2015, qui coïncide avec la première phase du schéma directeur, les effectifs enrôlés dans le préscolaire restent faibles avec 2148 élèves en 2015/2016. L’enseignement préscolaire a structurellement peu évolué ces dernières années et reste essentiellement organisé dans un cadre privé (93%). Le MENFOP a opté pour une approche progressive avec, dans un premier temps, un enseignement préscolaire public d’une année pour les enfants âgés de 5 ans.

En 2015/2016, le taux de couverture dans l’enseignement préscolaire était de seulement 7%. Ce faible résultat est à mettre en relation avec la faiblesse de l’offre des services et l’insuffisance de construction de salle de classe dans le public et l’absence d’appui aux communautés pour le développement des structures communautaires. Actuellement, l’appui aux communautés est essentiellement organisé par le Ministère de la Femme et de la Famille pour le développement des garderies communautaires pour les enfants de 3 et 4 ans.

L’enseignement primaire

L’enseignement primaire a constitué et constitue encore la priorité de la politique éducative du gouvernement djiboutien.  Des efforts importants ont été déployés ces dernières années pour améliorer l’accès des élèves à travers la construction de 127 nouvelles salles de classe entre 2014-2016. Si ces constructions ont permis de diminuer les effectifs pléthoriques par classe (environ 70 élèves en 2013 à 45 élèves en 2016) et donc, d’améliorer les conditions d’apprentissage, il n’en reste pas moins que le double flux n’a pas été totalement supprimé dans certaines écoles en raison notamment de la forte demande scolaire, surtout en milieu urbain. En effet, 52% de classes fonctionnent toujours en double flux contre 55% en 2013. Les effectifs des élèves dans l’enseignement public sont passés de 61392 en 2010 à 62940 élèves en 2014/15, soit une progression moyenne de 2,5% par an mais une baisse des effectifs est constatée en 2015/16. Malgré cette hausse des effectifs et les efforts de construction, l’objectif d’amener le taux brut de scolarisation au primaire à 84,25% en 2016 n’a pas été atteint. Ce taux, calculé sur des données démographiques de la DISED (Direction de la Statistique et des Etudes Démographiques) s’établit à 78% à la rentrée scolaire 2015-2016. Depuis trois ans, il existe un léger recul dans le taux brut de scolarisation, lié essentiellement à une croissance de la population scolarisable. Il en est de même pour le taux brut d’admission en 1ère année du primaire qui baisse passant de 80,2% en 2013 à 78% en 2015.

Au niveau de la qualité, le taux d’achèvement du primaire a connu une nette progression passant de 67,6% en 2013 à 75,5% en 2015/2016, soit 1,1 point de plus par rapport à l’objectif qui était fixé en 2016. Toutefois, le taux de redoublement en 5ème année reste très préoccupant avec 22%, révélant, à la fois, un problème de capacités d’accueil au moyen et un problème d’acquisition des compétences de base.

Au niveau de l’acquisition des apprentissages, l’évaluation certificative des Objectifs Terminaux d’Intégration (OTI) qui porte sur un test en rapport avec le contenu des programmes d’enseignement est administrée aux élèves de 5ème année de primaire dans 3 matières : français, arabe et mathématiques. Si des analyses désagrégées des résultats aux OTI permettraient de mieux analyser la qualité des apprentissages, l’annuaire statistique donne certaines informations intéressantes sur les résultats aux OTI mais de façon très globale. Pour les élèves qui ont passé l’OTI en 2015, le taux de réussite est de 64,09%.

Cela signifie qu’un peu plus de 6 enfants sur 10 ont les compétences suffisantes pour passer au collège. Les écarts entre circonscriptions sont assez importants entre Djibouti 1 avec un résultat de 80,94% et Djibouti 4 avec 54,67% A noter que l’écart entre le score des filles et des garçons est marginal.

L’enseignement moyen

L’enseignement moyen scolarise les élèves qui sortent de l’enseignement primaire et forme avec celui-ci le cycle fondamental. La demande scolaire pour l’enseignement moyen est forte en raison des effectifs de plus en plus élevés dans le primaire.

Le taux brut de scolarisation de l’enseignement moyen a progressé de 3,5 points entre 2013 et 2015 passant de 57,5% à 61%. Les effectifs sont passés de 37214 élèves en 2013 à 39018 en 2015, soit une croissance annuelle moyenne de 1,6% sur la période. Ces effectifs sont répartis sur 57 établissements dont 22 privés.

L’élargissement de l’accès s’est accompli avec un niveau de redoublement relativement faible avec moins de 6% entre les classes de 6ème et de 8ème. Seule la classe de 9ème enregistre un taux de redoublement excessivement élevé de 28%. En revanche, les taux d’abandon ont fortement augmenté sur la période du PAE précédent passant de 3,7% en 2013 à 7% en 2015. Cela signifie qu’un accent particulier doit être mis pour mieux identifier les raisons de ces abandons.

A l’issue de l’enseignement moyen, seuls les meilleurs, classés par ordre de mérite en fonction de la moyenne combinée du contrôle continu et du Brevet d’Enseignement Fondamental (BEF) représentant respectivement 40% et 60% du résultat d’admission au lycée, sont admis en classe de seconde. L’analyse des résultats au BEF pour la session 2015, montre de fortes disparités entre les écoles privées et les écoles publiques posant ainsi de façon encore plus prononcée la question de la qualité des établissements publics. En effet, en 2015, le taux de réussite pour le BEF des établissements privés est de 79% contre 58% pour les établissements publics. L’écart entre les filles et les garçons est de 2 points pour les établissements publics alors qu’il y a égalité entre les sexes pour le privé. En revanche, des disparités importantes existent entre les sexes pour la région de Arta (le taux de réussite des filles est de 37% alors que le taux de réussite total est de 44%).

Le secondaire général

Le secondaire général accueille les sortants de l’enseignement moyen et conduit au baccalauréat. Ce degré d’enseignement a enregistré une croissance moyenne annuelle de près de 7% jusqu’en 2014/15 mais une baisse des effectifs est observée en 2015/16. Sur le PAE 2014–2016, seul un lycée a été construit alors que le PAE en prévoyait quatre.

En conséquence, l’objectif d’avoir un taux d’inscription en seconde de 38,3% en 2015/2016 n’a pas été atteint et ce taux est même en baisse passant de 34,2% en 2013 à 31,4% en 2015/2016. En revanche, il faut noter la nette augmentation du % de filles inscrites en classe de seconde, passant de 29,4% à 44,3%. Jusqu’en 2015, la formation initiale des enseignants était inexistante pour l’enseignement moyen et secondaire. La création en 2015 du Centre de Formation des Enseignants de l’Enseignement Fondamental (CFEFF), marque une nouvelle dynamique au niveau de la formation initiale et continue pour tous les acteurs de l’éducation. Le CFEEF constitue un levier essentiel de l’amélioration de la qualité des enseignements-apprentissages. C’est également un outil au service du développement professionnel des enseignants.  …

Le CFEEF

Créé en 2016, le CFEEF est un établissement d’enseignement et de formation professionnelle destiné aux personnels de l’éducation nationale. De ce fait, c’est un instrument essentiel pour promouvoir  un système éducatif de qualité et performant.

Il a pour missions :                                                                                                                                                      

– La formation professionnelle initiale et continue des personnels d’enseignement, d’encadrement, de supervision, d’administration et de gestion de l’éducation nationale ;                                                  

 – La formation professionnelle initiale et continue des personnels des institutions d’enseignement privé sur demande ;                                                                                                                                                 

– L’étude et le développement de l’ingénierie de formation ;                                                                    

– La promotion de la recherche en science d’éducation ;                                                                                

– La certification des enseignants en collaboration avec les Inspecteurs de l’Éducation Nationale et les Directions Générales en charge de l’enseignement, de la formation professionnelle du Ministère de l’Éducation Nationale ;                                                                                                

– Le développement des innovations dans les domaines de la formation, de la pédagogie, de la didactique et des TICE (technologie de l’information et de la communication en éducation);                                                                                                                                              

– La délivrance des certificats relevant de ses compétences.

Ainsi, le dispositif de formation envisagé par le gouvernement Djiboutien met le CFEEF au centre de l’organisation de la formation initiale et continue. Cette institution va gérer l’ensemble du processus de formation quel que soient les besoins, l’opérateur ou le partenaire financier.

Le CFEEF élabore et actualise chaque année les besoins de formation grâce à la mise en place d’un système de collecte et de traitement des besoins/attentes des différents acteurs de l’éducation et analyse les résultats aux Objectifs Terminaux d’Intégration (OTI), école par école, en collaboration avec le Service des évaluations du MENFOP. Ce qui permet de cibler les formations prioritaires en vue de l’atteinte des objectifs du schéma directeur 2010-2019.

L’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle

L’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle (ETFP) a un double objectif : la réduction de l’échec scolaire et l’employabilité des jeunes sortants. L’ETFP est actuellement dans un processus de réforme tant du point de vue des filières d’enseignement que des types d’établissements avec une implication beaucoup plus forte du secteur privé pour mieux adapter les formations aux besoins du marché du travail.  C’est dans ce cadre qu’une nouvelle structure de gouvernance a été mise en place. Il s’agit de la Direction Générale de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (DG-ETFP).

Plusieurs actions ont été mises en place pour renforcer la formation professionnelle avec notamment l’adaptation et la mise à jour des programmes aux besoins des compétences du marché de l’emploi. A ce titre, une étude sectorielle a été réalisée sur les compétences et les besoins du marché du travail ainsi qu’une analyse de situation de travail, la mise en place d’une commission de rédaction des nouvelles formations et la rédaction des curricula. Des cadres, composés de directeurs et de chefs de services ont été formés pour assurer une politique de formation professionnelle dans toutes ses dimensions : stratégie, ingénierie, réglementation, financement, pédagogie, achat.

Un référentiel de formation pour 4 spécialités (mécanique auto, conduite de process, installation réseau informatique et télécommunication, maintenance des équipements) pour le CAP et Bac professionnel a été élaboré. Enfin, 3 commissions sont mises en place (génie électromécanique, Génie civil et Tertiaire) et 13 curricula sont réalisés pour les programmes de formation BAC PRO.

Par ailleurs, en vue de développer le partenariat avec les entreprises du secteur privé, la DG-EFTP a signé douze accords-cadres entre 2014-2016. Ces accords-cadres ont permis la signature de 9 partenariats pour des formations de courtes durées (6 mois) au profit de 494 jeunes formés aux métiers de chauffeur professionnel, agent de sécurité, conducteur de camion poids lourd, conducteur de semi-remorque, conducteur d’engin de chantier etc… De plus, ces accords-cadres ont également permis la signature de 44 conventions avec les entreprises privées au profit de 1550 stagiaires. Enfin, 12 spots télévisés d’offres de formation ont été produits pour accompagner la « Stratégie de valorisation de l’ETFP ».

Il existe aujourd’hui 10 établissements d’enseignement technique et professionnel, répartis dans les cinq régions du pays. L’effectif global des élèves en 2015/16 est de 5 879 apprentis (3399 en enseignement technique et 2480 en formation professionnelle). La part des filles a augmenté de 59% entre 2013 et 2016.