Comme nous vous annoncions la semaine dernière dans nos colonnes,  les missions du Ministère du travail, chargé de la Réforme de l’Administration sont multiples et très variées. Elles concernent le travail, la formation des agents de l’Etat, l’emploi, l’insertion professionnelle, les relations sociales, la gestion et la sécurité  sociale. Toute la responsabilité de la mise en œuvre de la politique du gouvernement, dans ces domaines cités, lui incombe. Comme prévu, nous publions cette semaine le dossier complet sur les différentes activités de ce département ministériel qui, répétons-le, reste à jamais le poumon de la sécurité sociale et du travail décent. Jugez-en vous-même !

Selon le décret qui définit ses missions, le Ministère du Travail et de la Réforme de l’Administration prépare et met en œuvre les règles relatives aux conditions du travail, aux conventions collectives et aux droits des salariés. Il élabore et met en œuvre les programmes de Réforme de l’Administration pour renforcer l’efficacité et l’efficience de l’organisation des ministères, pour moderniser et rénover l’Administration à travers la mise en place de systèmes de gestion modernes, pour améliorer la communication et la formation aux fins de soutenir la gestion du changement. Il prépare et met en œuvre les règles relatives aux régimes et à la gestion des organismes de sécurité sociale. Il a également autorité sur l’Observatoire de l’Emploi et des qualifications. Conjointement avec le Secrétariat d’Etat à la jeunesse et aux sports et dans la limite des attributions de ce dernier en matière de Jeunesse, il est chargé d’exécuter la politique du gouvernement en matière d’insertion professionnelle des jeunes.

Dans le cadre des transformations économiques et sociales  en cours à Djibouti, le Ministère du Travail, chargé de la Réforme de l’Administration, a développé de nouvelles stratégies de réformes pour la promotion de l’emploi décent. Ces stratégies sont censées produire des réponses concrètes à la question du chômage. En améliorant les qualifications professionnelles, ces reformes peuvent apporter des réponses opérationnelles et contribuer ainsi à la croissance économique.

Pour assurer le développement économique et social du pays, d’importantes réformes multi sectorielles ont été mises en place dont la réforme de l’administration publique qui en est la colonne vertébrale. Cette réforme continue de figurer aujourd’hui dans le tableau des grandes priorités du Gouvernement de la République de Djibouti.

Cette mission de réforme de l’administration a été confiée au Ministère du Travail. Dans ce cadre, la modernisation des infrastructures et des systèmes de gestion actuels du ministère, qui fut un préalable, est en court de finalisation. Une modernisation plus que nécessaire pour ce projet d’envergure  nationale dont la réussite  permettra l’avènement d’une administration publique efficace et efficiente. Actuellement, ce système est entièrement réalisé et reste opérationnel ; tous les ministères étant aujourd’hui connectés.

Grâce à une politique saine, mise en œuvre par les différents Gouvernements qui se sont succédés, ces missions furent conduites, au fil des ans, avec abnégation pour qu’elles soient une totale réussite.

Pour mieux comprendre cet important département ministériel, nous vous présentons dans ce dossier, les différents organes chargés d’exécuter ses missions.

L’Emploi

Depuis l’accession du pays à la souveraineté internationale à ce jour, l’une des principales préoccupations de la République de Djibouti  a toujours été l’emploi. Chaque année des milliers d’hommes et de femmes affluent sur le marché de l’emploi. Rien que les dix dernières années, l’Agence Nationale de l’Emploi, de la Formation et de l’Insertion Professionnelle (ANEFIP) a enregistrée 39 254 demandes d’emplois dont 14 971 par des diplômés. Sur l’ensemble des demandeurs d’emplois, la représentation des femmes est de : 14 186 soit 36,13%.

Son ancêtre est le Bureau de la Main d’œuvre créé en 1968  par l’administration coloniale pour réguler la marché de  la main d’œuvre locale destinée essentiellement aux secteurs du bâtiment, de l’hôtellerie, de la restauration, des activités domestiques etc….En 1976, juste avant l’indépendance, le Bureau de Main d’œuvre change d’appellation et devient le Service National de l’Emploi pour apporter des solutions à des demandeurs d’emploi de plus en plus nombreux sur le marché du travail. Dans la perspective d’un programme de développement économique ambitieux qui commençait à donner ses premiers fruits, l’Etat a créé l’Agence Nationale de l’Emploi, de la Formation et de l’Insertion Professionnelle (ANEFIP). Cette agence qui a été placée sous la tutelle du Ministère du Travail chargé de la Réforme de l’Administration, reflète la volonté du gouvernement de doter le pays d’un outil de conception, de suivi et d’évaluation de la politique de l’emploi et de l’insertion professionnelle.   

Des réformes institutionnelles et stratégiques ont été initiées au niveau du système d’information de l’emploi. C’est ainsi qu’a été créé l’Observatoire National de l’Emploi et des Qualifications (ONEQ). Le Ministère du Travail, Chargé de la Reforme de l’Administration  a pour sa part, procédé à la déconcentration de l’ANEFIP en implantant des antennes dans les régions de l’intérieur. Face à la libéralisation du marché du travail, l’ANEFIP, elle-même,  a développé de nouvelles approches en matière d’emploi afin de rendre l’accès au travail plus accessible aux jeunes et aux femmes.

Au cours de l’année 2019, l’ANEFIP a enregistré 4220 demandes d’emplois, dont 1713 déposées par des femmes. Parmi eux, 2964 sont des diplômés, soit 70% des demandeurs d’emplois. Cela témoigne l’affût des jeunes diplômés sur le marché du travail chaque année.

Pour répondre à cette forte demande, l’ANEFIP a mis en place plusieurs programmes pour améliorer les capacités et les connaissances des jeunes, en partenariat avec l’EDC, pour les aider à mieux préparer les dossiers de demandes d’embauche. Ainsi à ce jour, 3208 jeunes ont été formés à cette pratique.

Cependant, la formation en employabilité, malgré son importance dans le renforcement des capacités des jeunes demandeurs d’emploi, ne garantit pas un emploi. Pour y remédier,  l’ANEFIP a financé sur fond propre un projet intitulé “appui à l’emploi des jeunes”. Ce projet qui a été mit en place en septembre 2019, fonctionne et donne entière satisfaction. Il consiste à placer des jeunes dans les différentes entreprises pour un stage rémunéré d’une durée de 6 mois. Ceci permet aux stagiaires de s’adapter et de se familiariser dans les milieux du travail. Ainsi 150 jeunes ont bénéficié de ce programme et placés dans différentes entreprises de la place.

L’insertion professionnelle demeure donc un moyen efficace pour permettre aux jeunes, qui représentent la majorité des chômeurs, de trouver un emploi adéquat. Toujours dans la perspective de renforcer l’équilibre entre l’offre et l’emploi, l’ANEFIP a développé une plateforme numérique, qui est composée d’un site web et d’une application mobile, pour faciliter le contacte entre employeurs et demandeurs d’emplois. La plateforme permet aux employeurs de trouver les CV correspondant aux profiles désirés et aux demandeurs de rechercher des offres d’emploi à leur convenance.

En perspective, l’informatisation des procédures d’enrôlement des demandeurs d’emploi et  des employeurs va fluidifier considérablement les services d’accès à l’emploi.

Parallèlement à ces actions, l’Observatoire National de l’Emplois et des Qualifications (ONEQ) a lancé des enquêtes pour développer une base de données sur les besoins du marché en matière d’emplois. Ainsi une enquête sur le secteur financier a été faite durant l’année 2019. Une autre est en cours pour déterminer et mesurer l’impact du COVID -19.

La réforme de l’administration

Pour assurer cette importante mission qu’est la réforme de l’administration, un Secrétariat exécutif chargé de la réforme de l’Administration (SECRA), rattaché au Ministère du Travail, a créé en 2012. Institué pour impulser et exécuter les mesures de reforme édictées par le Gouvernement,  il a pour objectif  de restructurer l’administration publique Djiboutienne et de la rendre plus moderne, plus efficace et plus responsable. Afin qu’elle soit capable de contribuer à l’essor de développement économique et social du pays.

 A cet effet, le Ministère, à travers le SECRA,  déploie massivement ses efforts pour atteindre les objectifs qui lui ont été assignés afin de matérialiser des résultats à tous les niveaux, en s’alignant aux ambitions du Gouvernement et de la vision 2035.

Dans le cadre de la  stratégie de mise en œuvre de la réforme, les champs d’intervention du SECRA couvrent plusieurs domaines, qui ont pour seul but de transformer l’administration Djiboutienne et de lui donner une image moderne. Pour ce faire, le SECRA exécute une politique qui favorise le rapprochement entre l’administration et les administrés. Elle est intitulée « Déclaration de Service aux Citoyens ». Celle-ci vise à donner une visibilité sur les missions menées par les Ministères en matière de services publics en identifiant la qualité inhérente aux prestations rendues aux usagers. A travers cette politique, chaque ministère s’engage, dans un document solennel, à améliorer continuellement ses services afin de satisfaire les intérêts des usagers et de rétablir un climat de confiance. De ce fait, depuis 2016, des nombreuses activités ont été menées dans ce cadre, impliquant les 23 départements  ministériels à instaurer la DSC. Ce qui affiche aujourd’hui une réussite considérable en matière de qualité et de traitement des prestations rendues aux usagers. La poursuite de cette politique ne se limite pas uniquement aux services centraux mais s’étend également dans les régions et dans un futur proche dans les établissements publics.

Le SECRA agit notamment dans le domaine de la modernisation du cadre légale et des textes statutaires de la fonction publique qui est une des composantes importantes de la réforme.  En effet, au sein de cette composante, il a été réalisé tout une panoplie d’activités consistant à réviser les textes de la fonction publique pour actualiser et moderniser afin de tenir compte des évolutions actuelles de l’Administration et des usagers. Une commission composée de 11 membres issus des différents départements ministériels a été mise en place pour réformer le statut des fonctionnaires de l’Etat.

En outre, le SECRA se charge de pallier aux lacunes juridiques existant en initiant l’élaboration des projets de textes juridiques relevant du domaine de la réglementation et visant des secteurs ciblés dans le but de combler le vide existant. Par ailleurs, dans le cadre de la mise en œuvre de cette politique de réforme, il a été développé, parallèlement aux projets d’envergure cités plus haut, un programme de perfectionnement et de renforcement des capacités dédié aux agents de l’Etat.

À l’issue de ce programme, il a été élaboré en collaboration avec l’INAP et  l’ENAP du Québec, des thématiques spécifiques véhiculant le concept de la réforme pour inculquer dans l’esprit des agents une culture axée sur la performance et le rendement dans l’exercice de leurs fonctions. A travers, ces formations, il y a lieu d’opérer un changement et de briser toute résistance.

Conformément aux mesures de prévention, contre le Covid-19, décrété par le Gouvernement, le Ministre du travail chargé de la Réforme de l’Administration a mis en place une commission multisectorielle pilotée par le SECRA et chargée d’élaborer un plan d’action axé sur la communication, la sensibilisation, la promotion des services et le suivi de l’impact au niveau de l’administration publique. Enfin, le SECRA soutient également les réformes sectorielles entreprises par le Ministère de l’économie et des finances  et du Ministère du Budget, en les accompagnant et en les appuyant dans cette démarche vers le changement.

Le travail

De nos jours, il n’y a aucun doute que le monde du travail connait des bouleversements multiple dictés par les mutations de l’économie mondiale. Une situation qui rend nécessaire l’ajustement des dispositifs légaux et institutionnels du travail face à l’évolution en cours.  

Au cours des dix dernières années, la direction du travail et des relations professionnelles s’est résolument engagée dans un processus de  reforme du cadre légal du travail. Notamment, suite à l’entrée en vigueur en 2006 du nouveau code du travail, des conventions collectives sectorielles et des accords d’entreprises ont été élaborés et mis en œuvre. Ces reformes ont permis  de concilier à la fois le renforcement des droits des travailleurs et aussi de rendre plus souple les relations de travail pour renforcer la compétitivité de notre économie. 

Parmi ces reformes, on peut citer la réintroduction du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à 35 000 Fdj. Cette dernière permettra de garantir une rémunération journalière ou mensuelle pour les salariés de la catégorie professionnelle la moins qualifiée. Ce nouveau SMIG améliore les conditions de vie des ménages à faibles revenus et  se rapproche des bonnes pratiques internationales qui fixent le SMIG à 200 dollars.

La plus importante modification apportée au code du travail est incontestablement la nouvelle reforme sur le congé de maternité qui consacre une avancée sociale majeure.

En effet, le 09 mars 2019, lors de la journée internationale de la femme, le président de la république, Son Excellence Monsieur Ismail Omar Guelleh, a déclaré que le congé maternité passera de 14 semaines à 26 semaines afin de permettre aux femmes de rester sur le marché du travail.

La Direction du Travail et des Relations Professionnelles encourage très fortement la négociation en faveur de l’élaboration des conventions collectives. C’est ainsi qu’ont été mis en place des institutions tripartites au rang desquelles on peut citer le CONTESS, la commission nationale paritaire des conventions collectives et des salaires ; et la commission nationale de sécurité et de santé au travail.

A cet effet, la Direction du Travail et des Relations Professionnelles  veille à la stabilité et à la pérennité du climat social  qui est un facteur déterminant pour la qualité de vie au travail et la productivité de l’entreprise.

Dans le cadre des relations avec l’Organisation Internationale du Travail (OIT), la République Djibouti, membre depuis 1978, a ratifié 67 Conventions Internationales et un protocole relatif à la convention du travail forcé. Au total, 59 conventions internationales sont en vigueur, dont huit conventions fondamentales.

Le Ministère du Travail entretient des relations privilégiées avec le Bureau International du Travail (BIT) avec qui, il reste de concert pour développer une attitude politique plus engagée dans le monde du travail. Dans l’optique de faire progresser la justice sociale par le travail décent, plusieurs activités de coopération technique sont en perspectives. Notamment la formulation d’un Programme Pays pour le Travail Décent (PPTD), un renforcement des capacités des mandants pour l’élaboration du PPTD, et l’élaboration d’un guide de prévention contre le harcèlement dans le monde du travail.

Enfin pour face à la crise  de la pandémie, la direction du travail a élaboré deux textes : l’un sur la mise en place d’un régime dérogatoire des relations de travail (télé travail, temps partiel) et l’autre relatif aux conditions d’attribution des indemnités compensatrices aux salariés et des allocations aux entreprises durant la pandémie afin d’éviter aux salariés tout  licenciement. Cette initiative inédite dans le monde du travail à Djibouti favorise l’engagement civique et responsabilise nos entreprises. D’autres mesures d’accompagnement et de soutien ont été entrepris par le gouvernement notamment le report du prélèvement des charges fiscales et sociales durant la période de la pandémie du Covid-19.

Gardien de la paix sociale

L’Inspection Générale du Travail et des Lois Sociales est un organe du Ministère du Travail chargé de la Reforme de l’Administration. Elle fait donc partie intégrante de l’administration du travail (convention N°150 de l’OIT), chargée de veiller au respect de la législation et de la réglementation en matière du code du travail en vigueur sur tout le territoire national de la République de Djibouti. Observateur éclairé des tendances du marché du travail, en vertu de ses liens privilégiés avec les partenaires sociaux, l’inspection du travail est investie d’une mission régalienne et prête une attention très particulière au travail décent pour tous et la gestion des conflits.

Sa mission est alignée sur l’objectif de développement durable et du travail décent de l’agenda des objectifs du développement durable qui stipule la promotion d’une croissance économique soutenue, partagée et durable. Ainsi qu’un plein emploi productif et un travail décent pour tous. Conformément aux conventions de l’Organisation International du Travail (OIT), qui définissent le champ d’intervention et d’application de  l’inspection du travail, l’IGTLS a mené de nombreuses campagnes de contrôles, médiatisées et diffusées sur les réseaux sociaux, tant à Djibouti ville que dans les régions de l’intérieur. Ces opérations de contrôle avaient pour but d’assoir le respect des dispositions réglementaires en vigueur en République de Djibouti. C’est-à-dire, contrôler l’application de la législation sur l’ensemble du territoire national, conseiller les employeurs et les travailleurs sur le respect des dispositions de la législation  du travail et faire un compte rendu aux autorités compétentes afin de les informer sur les déficiences du système de l’administration du travail.

Le contrôle est une activité principale de tous systèmes d’inspection du travail, telle que le préconise la convention de l’OIT, et un instrument destiné à corriger les infractions pour garantir un travail décent. De ce fait, l’Inspection générale du travail et des lois sociales (IGTLS) de Djibouti a pour mission de réguler les rapports de travail entre employeurs et salariés dans le but de garantir une atmosphère de travail saine.

A l’issue de ce volet, l’IGTLS prévoit également de diminuer le maximum possible le taux des conflits sociaux au sein des entreprises. D’où la nécessité d’une gestion de ces phénomènes, qu’ils soient individuels ou collectifs, qui ne cessent d’augmenter avec la croissance économique enregistrée ces dernières décennies. Gardien de la paix sociale, l’inspection du travail justement, s’assure à tout moment que le climat social soit paisible en milieu professionnel. Bien sûr, à travers  des outils de préventions tels que le contrôle inopiné, la sensibilisation et l’information des partenaires sociaux. En choisissant le meilleur moyen de faire respecter les dispositions réglementaires et la formation des partenaires sociaux.

La conciliation par exemple, permet de régler les différends entre employeurs et salariés. La présence de l’inspection du travail rassure les partenaires sociaux sur le bon déroulement des  élections destinées à élire les délégués syndicaux.  Pour prévenir les conflits entre travailleurs et employeurs, l’Inspection doit agir par des contrôles continus et ponctuels sur les lieux de travail. En effet, avec le nouveau code du travail les employeurs recrutent aujourd’hui librement la main d’œuvre locale dont ils ont besoin. Pour tout établissement ou société, qu’il soit public ou privé, le dialogue social est primordial afin d’assoir un climat social sain. L’inspection du travail œuvre donc largement en faveur du développement économique et social.

La Formation

Dans le cadre du vaste chantier de réforme de l’Administration publique, l’INAP bénéficie  en 2015, d’un changement de statut institutionnel  modifiant son fonctionnement et son organisation, pour devenir désormais l’Etablissement public que nous connaissons aujourd’hui. Un établissement public à caractère administratif, doté de la personnalité morale, avec une autonomie financière. Dans cet article, nous allons vous faire découvrir le parcours et la progression de cette glorieuse institution qui fit des émules ; ses missions, son bilan et ses ambitions. Nous allons voir si oui ou non les principaux objectifs qui lui furent fixés dés sa création sont aujourd’hui atteins et découvrir les perspectives  à l’horizon.

Dès l’indépendance en 1977, les responsables de la jeune République nourrissaient  déjà un brûlant désir d’émancipation administrative pour s’affranchir du lourd héritage colonial. L’État se devait obligatoirement d’assurer la relève des coopérants français et de mettre en place un dispositif de formation initial et continu de ses agents afin  d’améliorer leur niveau de compétence technique et managériale. Et, en dépit des innombrables  difficultés financières de l’époque, l’idée de création d’une structure de formation efficace naquît très vite et devînt l’une des priorités du gouvernement. Avec la naissance en 1988, au terme du décret n°88-062/PR/FP relatif à la création du Centre de Formation Administrative (CFA), le rêve de l’Etat fut ainsi transformé en réalité. Le Centre fut donc le principal instrument que l’Etat s’était doté pour renforcer et développer la formation continue de ses agents et de ses cadres, quel que soit le niveau. Il aura par ailleurs, les moyens de jouer un grand rôle dans la nouvelle stratégie administrative animée par la compétence, la performance et la culture afin d’accompagner parfaitement les premières réformes lancées par le Gouvernement.

Et dans ce domaine, l’INAP n’a pas d’égal et reste de loin le leader absolu de la formation administrative, et propose des sessions de formation dans le domaine  de la gestion des ressources humaines , du management des organisations, du Suivi/Evaluation ,du Droit Public, de la Planification stratégique ou de la Gestion axée sur les résultat,..etc. Depuis l’année 2013 à ce jour, l’Institut a formé plus de  7824 cadres et agents  réparties dans les différents départements ministériels.  Les sessions de formation dispensées par l’Institut s’inscrivent dans une démarche intégrée visant à optimiser le potentiel et les compétences de chaque agent au regard des besoins de l’Administration. Des formations assignées à la qualité, à la performance  et à l’excellence dans le rendement des services tout au long de la carrière de l’agent.

L’INAP dispense actuellement un programme de formation professionnelle de 8 mois au profit de 38 contrôleurs de travail de l’Inspection général du travail et des contrôleurs assujettis  de la CNSS, grâce à un partenariat avec ses deux grandes institutions.

Un programme de formation des animateurs et directeurs des CDC de la capitale et des Régions de l’intérieur a été mené avec succès par une équipe de l’INAP en février-mars 2020.

Dans le cadre d’un partenariat avec la Mairie de Djibouti et l’AIMF l’Institut apporte son expertise et son accompagnement pour un programme de renforcement des capacités  des agents des Collectivités locales qui est actuellement en cours d’activité depuis 1 an .Les agents  et les élus des Collectivités bénéficient de session de formation à la carte notamment dans le domaine de la décentralisation , Gestion Administrative et Financière des collectivités  en lien avec les partenaires…etc

L’étroite  collaboration  entre l’INAP et le  SECRA  a permis  d’organiser conjointement plusieurs  formations  visant à renforcer les capacités des fonctionnaires de l’Etat et améliorer l’efficacité et l’efficience  des différents services publiques, à  travers la mise en place de la stratégie de Déclaration de Service  aux Citoyens(DSC).

En collaboration avec les SESRIC et l’Organisation Arabe du Travail, l’INAP a également abrité des sessions de formation en Droit du Travail et en «entreprenariat et développement personnel » au cours de l’année 2019.

La Caisse Nationale de Sécurité Sociale

La CNSS, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est née de la fusion de l’Organisme de Protection Sociale (OPS) et de la Caisse Nationale des Retraites (CNR) en 2008. Sa mission est d’assurer la protection sociale de ses affiliés en les accompagnant, à chaque étape de la  vie active et durant leurs retraites. Elle garantie une couverture médicale universelle pour tous et protège ses assurés face aux risques professionnels et aux aléas de la vie.

Généralement, les prestations servies à court termes sont les indemnités journalières résultant des accidents du travail, des congés de maternité pour les femmes en couche (26 semaines), des allocations uniques ou versement d’un capital, en cas de décès l’assuré, des remboursements de cotisations à partir de 55 ans, en cas d’inactivité de l’assuré. Et à long termes, les prestations familiales et les allocations mariage, les pensions de vieillesse, d’invalidité et de décès et les rentes d’accidents du travail.

A ce jour, la couverture sociale ne concerne que 30 % de la population active. Les travailleurs du secteur informel, qui représentent la proportion la plus importante, ne bénéficient toujours pas d’une couverture sociale. Des efforts de gestion soutenus et des réformes importantes ont été engagés pour continuer à offrir aux assurés sociaux des prestations de qualité. Ces avancées majeures ont touché tous les régimes de retraite et toutes les catégories d’assurés sociaux.

Depuis sa création en 2008, la Caisse Nationale de Sécurité Sociale est confrontée à un triple défi : assurer la pérennité des régimes existants, développer la couverture sociale et l’étendre à de nouvelles populations pour assurer des risques jusque-là non couverts et trouver de nouvelles sources de financements autres que les seules cotisations des salariés.

A l’image de cette nouvelle catégorie de pension, appelée “pension globalisée”, destinée aux travailleurs ayant cotisé aux deux régimes de pension pour leur permettre de bénéficier d’une liquidation séparée de leurs pensions, tout en conservant l’intégralité de leur temps d’assurance.

L’instauration ensuite, sur l’ensemble du territoire national, d’un régime d’assurance maladie universelle avec sa composante Assurance Maladie Obligatoire (AMO) destinée aux travailleurs salariés et indépendants, et leurs ayants droits, en contrepartie d’une cotisation mensuelle. La composante la plus importante, appelée PASS, est destinée plus particulièrement aux populations démunies et sans ressources. Elle est entièrement financée par un fonds de solidarité nationale alimenté pour l’instant par la CNSS et l’Etat.

L’extension de la couverture sociale permet aux dockers de bénéficier d’une couverture plus complète contre la précarité et leur assurer un revenu de substitution (pension) en fin de carrière. Le déplafonnement de l’assiette des cotisations est destiné à prendre en considération l’ensemble des rémunérations perçues par un assuré sociale et ce, principalement lors de la liquidation de sa pension de retraite. Cette révision du mode de calcul permettra à très court termes d’assurer aux futurs pensionnés une retraite plus conséquente.

La suppression de l’impôt de solidarité, exécuté sur décision présidentielle, a permis aux pensionnés de la CNSS de recouvrer une partie conséquente de leur retraite et d’améliorer substantiellement leurs pouvoirs d’achats.

Le bâtiment R+3, inauguré par le Président de la République, est aujourd’hui le principal  pôle de soins spécialisés de la CNSS. Ce pôle est équipé de salles d’urgences ultramodernes, de cabinets de consultations, de laboratoires d’analyses de dernières générations. Des  médecins spécialistes et un personnel médical compétent et performant assurent 24 heures sur 24 tous les services dont les affiliés ont besoin.

La CNSS respecte l’adhésion de la “Vision Zéro Accident de Travail” lancée par l’Association Internationale de la Sécurité Sociale et exécute la stratégie nationale en matière de Santé et de Sécurité au Travail (SST) en collaboration avec les départements concernés du Ministère du Travail, Chargé de la Reforme de l’Administration.

Les prestations familiales versées aux travailleurs salariés, qui étaient limitées à 3 enfants, sont désormais étendues à 6 enfants. Et le droit de congé de maternité de 14 semaines que bénéficiaient les femmes salariés enceintes est désormais de 6 mois (26 semaines).  Cette nouvelle initiative engage la CNSS non seulement à prendre à son compte 50 % des  charges salariales (hors plafond) durant les 14 premières semaines mais également, l’intégralité au cours des 12 semaines restants.

Pour des perspectives axées sur l’efficience et la qualité de services, et afin de relever les défis d’un système de sécurité sociale en perpétuelle mutation, la Direction Générale de la CNSS est déjà sur plusieurs axes de reformes. Tout d’abord, sur un vaste projet d’autonomisation du système d’information de la CNSS, lancé depuis 2016, et qui concerne l’ensemble des processus de gestion des prestations et du recouvrement des cotisations sociales. Ce programme PASS dont une part est déjà installée dans le système de gestions des prestations sera complètement intégré et finalisé en fin d’année. Ce système est destiné à améliorer l’efficacité, l’efficience et la productivité de la CNSS. Un autre système intégré, numérisé et inspiré des systèmes les plus innovants au monde, sera destiné à la gestion de l’assurance maladie et des patients. Facilitant et privilégiant ainsi, une meilleure collaboration entre les différents acteurs du système de santé. La CNSS a mit en place un régime d’assurance d’invalidité destiné aux travailleurs salariés devenus invalides, des revenus de remplacements pour eux et leurs familles.  Ce régime ne concerne pas les accidents du travail.

La construction d’un hôpital général, d’une capacité de 140 lits, est également en projet. Cet hôpital sera en mesure d’améliorer l’accessibilité et la qualité des services de santé spécialisés et de contribuer aux programmes « santé pour tous » lancés par le Gouvernement pour faire face au fardeau croissant des maladies.

La CNSS et le COVID 19

Dès l’annonce de la pandémie du COVID 19 sur le territoire national, la CNSS a mis en place un dispositif de riposte et d’interventions de grande envergure, pour répondre aux besoins à l’échelle nationale. L’institution a ainsi transformé l’Hôpital Régional d’Arta en un centre de mise en quarantaine et de réanimation avec une prise en charge complète, construit un site mobile et aménagé le Lycée d’Arta pour augmenter la capacité d’accueil des malades. Elle a opéré le réaménagement de ses Centres de soins pour assurer à la fois la prise en charge quotidienne des patients et accueillir, dans un dispositif particulier, les cas du COVID 19.

Elle a mobilisé l’ensemble des équipes médicales et paramédicales ainsi que le personnel administratif et de soutien. Soit effectif total, durant cette période de confinement,  de plus 400 personnes toutes catégories confondues. Engageant l’achat d’un ensemble d’équipements et de consommables médicaux pour prendre en charge les plus délicats. Face au nombre croissant des malades, la CNSS a renforcé de l’unité de réanimation de l’Hôpital Régional d’Arta et de ses équipements. Enfin, elle a installé un laboratoire munit d’un lot d’équipements de pointe et de test salivaires ultra-rapides (Easy Cov) pour le Centre de dépistage « Covid 19 » de l’Aéroport International de Djibouti.

L’INAP à l’heure du COVID-19

Dans le cadre des initiatives prise par le Gouvernement pour organiser un déconfinement progressif face à la pandémie du Covid-19, l’INAP a organisé un atelier de vulgarisation, le  mercredi 17 juin 2020,  pour favoriser  la mise en mise en place de la visioconférence et du télétravail au sein de l’Administration Publique dans le cadre de la rotation des effectifs au sein des services.

Des hauts responsables du Ministère du travail, et notamment le Secrétaire général Mr Abdallah Ali Mohamed, ont assisté à cet effet à une présentation de l’utilisation de la plateforme de visioconférence ZOOM et du télétravail. Les responsables ont assisté à une démonstration de l’utilisation de la plateforme ZOOM  sur poste informatique et Smartphone.

L’INAP compte mobiliser sa salle de visioconférence pour programmer des sessions de formation à distance pour les agents de l’Administration.

Les sessions de formation qui étaient suspendu depuis 3 mois à cause du confinement  reprendront a partir de la dernière semaine de ce  mois de Juin et se dérouleront à la fois en présentiel par groupe de participants limité dans le respect des gestes barrières et par visioconférence.

L’Institut  assure également des séminaires, des ateliers thématiques  ou des prestations de conseils/accompagnement ou  de suivi et d’évaluation de programme ; sans oublier des sessions de perfectionnement  en  langues telles que l’arabe, le français et l’anglais. Les modules de formation sont flexibles, souples et très bien adaptés aux besoins de tous les secteurs de l’Administration Publique, et du secteur  privé.

Le système de formation actuel de l’Institut a permit de développer  quantitativement et qualitativement des actions formation au bénéfice de tous les agents de l’Administration dans une relation de proximité avec les agents et les DRH des différents ministères.  La durée et la dotation allouée restent cependant insuffisantes pour certaines  formations. Et selon les responsables de l’INAP, il existe également un manque de professeurs permanents et de cadres qualifiés en ingénierie de formation.

D’autant plus que l’Institut National d’Administration Publique, parallèlement aux programmes de formation qui lui sont propre, assure l’hébergement de certains centres de formation  appartenant à d’autres départements ministériels, tout en leur apportant la meilleure collaboration et assistance qui soit. A l’image du Centre d’Application Financière (CAF) créé par le Ministère du Budget, il y a presque deux ans, et qui a clôturé avec brio sa première promotion en juillet 2019 au terme de 10 mois de formation intensive dispensé à des cadres issus du corps de  la Douane, de la direction des impôts, et de la direction de l’exécution budgétaire . De l’avis de tous, le partenariat et la complémentarité  INAP-CAF a été un franc succès et doit servir d’exemple à tous les autres départements ministériels. Surtout, ceux qui continuent d’envoyer leurs agents à l’étranger sans se demander, si oui ou non, il est possible d’assurer les formations souhaitées à l’INAP. Ce choix réduirait des dépenses inutiles et empêcherait d’éparpiller les ressources que l’Etat alloue à la formation. D’ailleurs, ce dernier a tout intérêt à réduire les dépenses inutiles et à renforcer l’Institut dans tous les domaines, pour que celui-ci soit en mesure de former la totalité de ses agents. Cela ne pourra-être que bénéfique et pertinente et assurerait la cohérence de la politique de formation des agents de l’Etat et une meilleur suivi du parcours professionnelle de chaque agent. L’INAP entend renforcer son partenariat avec tous les ministères et institutions de l’Etat ainsi qu’avec les Ecoles de formation administrative des pays amis, plus particulièrement avec l’ENAP du Québec qui est un partenaire historique et l’ENA de France. L’INAP entend renforcer également son partenariat  avec les institutions des pays africains dans le cadre de la coopération Sud-Sud.

Avec le recul, le parcours fut long à se dessiner et parfois chaotique mais, c’est en le survolant à nouveau  que l’on peut constater à quel point le travail accompli par cette institution est énorme. L’Institut Nationale d’Administration Publique a le potentiel d’assurer réellement toutes les formations nécessaires à l’ensemble des agents de l’Etat. Cependant, il a besoin d’être renforcé pour que son rendement soit optimal et qu’il puisse viser un horizon plus large. L’Etat a incontestablement beaucoup investi pour faire de l’Institut la référence qu’il est devenu  aujourd’hui, mais cette Institution a besoin de s’élargir, se développer et d’innover toujours dans l’attente de  ses principaux objectifs. C’est pour cela qu’il mérite encore davantage d’égards afin qu’il réalise pleinement chaque jour  sa vocation de pépinière des futurs grands commis de l’Etat.