Pour Djibouti, le complexe pétrochimique de Damerjog est le premier projet d’investissement d’envergure pensé et étudié pour être réalisé sur son sol. M. Aboubaker Omar Hadi, président de l’Autorité Portuaire et des Zones Franches de Djibouti, s’emploie depuis une décennie déjà à multiplier la conception et la réalisation de projets d’envergure tels que DMP et la nouvelle Zone Franche (DFTZ) du PK23. A Damerjog, le projet de terminal pétrolier, conçu au départ pour permettre l’exportation du pétrole brut Sud Soudanais, s’est considérablement développé au fil des années pour se transformer en un gigantesque complexe industriel et pétrochimique unique en Afrique de l’Est. Sous la houlette d’un président de la République visionnaire et innovateur qui a fait le pari, dès sa première élection à la magistrature suprême, de développer tous les secteurs porteurs du pays et de les rendre compétitifs. Et c’est dans le cadre du vaste programme de la « Vision2035 » que prend forme ce projet de complexe industriel de Damerjog qui projettera la République de Djibouti parmi les nouveaux pays émergeants de la planète. Jugez-en !
Tout d’abord, ce fût l’idée d’une raffinerie qui vît le jour avant que ne viennent s’imbriquer par la suite des projets tels qu’une cimenterie de 600 000 tonnes, une centrale électrique de 60 MW, une zone de réparation navale, une usine métallurgique, un dépôt pétrolier de 300 000 m3 et peut-être, le terminal du gazoduc de 767 km de long, en provenance de la Région somali de l’Éthiopie.
Particularité du projet, avant la construction de la raffinerie sur la terre ferme, une unité de raffinage monté sur bateau entrera en exploitation. Cette usine flottante transformera, dans un premier temps, du pétrole brut importé de l’Arabie Saoudite et du Soudan. Sa production sera destinée à la consommation de Djibouti et de l’Éthiopie ; l’extra devant-être écoulé sur le marché régional et international.
Sous le haut commandement de l’Autorité des Ports et des Zones Franches de Djibouti (APZFD), la DDID a lancé la construction d’une très belle arcade d’accès sur le site et un immeuble principal qui abritera l’administration. Les travaux de la jetée qui devrait débuter au mois de mai dernier, démarreront très prochainement. Ces travaux qui coûteront la somme de 125 millions de dollars sont entièrement financés par Afreximbank.
Le nouveau parc industriel de la région de Damerjog couvrira une superficie totale de 30,96 km², avec une zone pilote de 2,51 km², et abritera des cuves de stockage du brut, une raffinerie de pétrole, des cuves de stockage de produits raffinés, une centrale électrique, des cales sèches pour l’entretien et la réparation de navires, des usines métallurgiques pour toutes sortes de matériaux de constructions, un terminal gazier et son complexe industriel et une zone portuaire. Dans l’espoir prévisionnel de créer plus de 20 000 emplois. Pour être prêt à alimenter en électricité les premières installations, le projet Damerjog construira dans l’immédiat, une centrale électrique hybride de 20 MW et, d’ici 2022, d’une centrale thermique de 150 MW. La première centrale produira les 5 MW qui seront mis à disposition dès fin 2020 pour couvrir les besoins énergétiques nécessaires aux activités qui vont démarrer à court termes. Une capacité initiale de 5 MW sera mise à disposition d’ici la fin de l’année. Le reliquat de la production électrique quant-à lui, sera disponible au cours de la première saison de 2021. Une fois achevée, la production annuelle sera de 31,785 400 millions de Kwh.
Après l’électricité, il a fallu trouver une solution pour l’eau. Une solution bien sûr, pouvant répondre aux besoins du parc industriel. A cet effet, une usine de dessalement d’eau de mer sera construite à Damerjog et sa production sera associée à ceux des forages existants sur le terrain de la concession. Avec une échelle de dessalement d’eau de mer de
120 000 m3 par jour dans un proche avenir, les infrastructures de production atteindront une capacité d’approvisionnement en eau de 50 000 m3 par jour.
Quant au Complexe pétrolier, il couvrira une superficie totale de 80 hectares à la fin du projet. Mais dans un premier temps, 32 hectares seront nécessaires pour abriter des cuves de stockage d’une capacité prévisionnelle de 300 000 m3 ; d’un terminal pétrolier et d’une ligne de chemin de fer reliant le terminal à la gare de Nagad et donc, à la ligne Djibouti-Addis Abeba.
Le pétrole raffiné et les produits chimiques, y compris pour le diesel, l’essence, le kérosène et le stockage des huiles usées recyclées, répondront également à la demande de matières premières des raffineries de la zone ; tout en approvisionnant le marché environnant en pétrole raffiné. C’est le principal projet soutenu par la société du chemin de fer Djibouti – Addis Abeba, le crédit ayant obtenu la garantie du consortium.
Mais avant la construction de la raffinerie sur la terre ferme, l’exploitation d’une raffinerie flottante sera lancée. Elle aura une capacité annuelle de 6 millions de tonnes et sera mise en place au large du littoral de Damerjog. Ce projet sera réalisé en association avec la China Marine Bunker Co. Ltd (CHIMBUSCO), produisant principalement du carburant marin à faible teneur en soufre. Parallèlement au carburant marin, du diesel, du naphta, du gaz de pétrole liquéfié et d’autres produits sortiront de la raffinerie.
L’accord de coopération stratégique du projet a été signé par DDID et l’investisseur du projet à Shenzhen, en Chine, le 31 décembre 2019. Les travaux de conception, de modernisation et d’assemblage de la raffinerie ont été mis en œuvre et devraient être inaugurés officiellement au début de 2021, faisant de Djibouti le premier fournisseur de soutage de la région.
Fabrication de matériaux et équipements de construction
La zone, du parc industriel de Damerjog, destiné à la fabrication des matériaux de construction et d’équipements couvrira une superficie totale de 144,7 hectares, dont 34,7 seront valorisés au cours de la phase pilote du projet avec un prêt standardisé pour la fabrication. Le projet d’une station de broyage de ciment sera lancé à la fin de 2021 avec une capacité de production de 1 million de tonnes pour la première année et une augmentation progressive qui ira jusqu’à 2 millions de tonnes à la fin de l’année 2022.
Selon les prévisions, la construction d’une zone vie destinée à accueillir une communauté d’expatriés de 3 000 personnes, est prévue dans le projet. Elle abritera des logements d’habitation pour le personnel et une cantine centrale pour la restauration. En outre, plusieurs bâtiments à usage administratif verront le jour à différents endroits du site. Cet ensemble qui sera situé non loin de la RN 2, devra répondre parfaitement aux besoins des entreprises en matière de logements et de bureaux.
Tirant parti des riches ressources marines de la Mer Rouge et de l’Océan Indien, une usine de transformation des produits de la mer, d’une production annuelle de 10 000 tonnes, sera mise en place pour produire du poisson en conserve, du filet de poisson surgelé, du thon réfrigéré de haute qualité et des aliments pour animaux de compagnie destinés aux marchés d’Afrique de l’Est, d’Europe et du Japon. Ce projet de transformation des produits de la mer a été investi par un consortium d’entreprises éthiopiennes et somaliennes. L’usine de transformation et d’entreposage frigorifique est terminée et prête à l’exploitation. Toutes les activités que nous venons de citer seront finalisées au cours de la première phase du projet.
Durant la deuxième phase, de grands projets industriels seront développés à l’image de l’industrie métallurgique destinés à la production de matériaux en fer et en acier. Selon le plan directeur, la ligne de production de laminage d’acier dans la phase initiale produira des matériaux enroulés et du fil machine à une capacité annuelle de 1 million de tonnes. Parallèlement, la construction d’une ligne de forgeage de billettes d’une capacité de 3 millions de tonnes entrera en service dès 2021. Elle sera alors l’industrie pilier du parc.
Il est prévu d’introduire 4 à 5 millions de tonnes de pétrole brut, pour produire principalement de l’essence, du diesel, du kérosène d’aviation et d’autres produits dérivés du pétrole. En outre, une usine de fabrication d’éthanol-carburant est en cours d’étude pour exploiter la grande capacité de production éthiopienne de canne à sucre. En effet, il existe en Ethiopie d’immenses plantations de cannes à sucre d’une superficie de plus de 20 000 hectares avec une production totale de 2 millions de tonnes. Ce projet viable bénéficiera de tous les avantages qu’offre le transport ferroviaire. Selon les prévisions actuelles, une capacité de 200 000 tonnes par an d’éthanol-carburant pourrait être produite dans le parc industriel de Damerjog.
Par ailleurs, d’ici 2026, le projet pourra accueillir au moins 7 000 expatriés, venus du monde entier, pour travailler dans les différents secteurs du complexe industriel de Damerjog. Par conséquent, des installations et des services complets tels que des hôtels d’affaires, des sites de loisirs et de divertissements seront d’ici-là achevés.
Ensuite, pour tirer parti des avantages des mouvements intensifs de navires dans le détroit de Bab el-Mandeb où est situé Djibouti, DDID a l’intention d’introduire des entreprises internationales influentes dans le domaine du transport maritime, présentant des avantages technologiques et une forte capacité de production ; et de construire une base intégrant un service d’entretien et de réparation navale et des équipements marins qui seront manufacturés en Afrique de l’Est. Compte tenu de la nature et du volume des navires qui traversent la région, la superficie du chantier naval de Damerjog, telle qu’elle est prévue, sera de 197 hectares. Ce chantier naval fournira principalement des services de maintenance et de rénovation pour toutes sortes de navires.
S’appuyant sur les conditions écologiques et climatiques supérieures de Damerjog, une synergie éco-agricole de 30 km², avec une ferme photovoltaïque, un réservoir en amont et un village agricole moderne et centralisée, émergera du côté sud de la RN2. Cet ensemble agricole produira toutes les variétés de fruits et de légumes dont le marché local a besoin. Ce projet est en phase d’étude.
Une fois que toutes les phases seront réalisées, le complexe industriel de Damerjog propulsera la République de Djibouti vers une ère nouvelle et permettra d’entrer par la grande porte dans le cercle prestigieux des pays émergeants. Le vent nouveau du changement que le Président Ismaïl Omar Guelleh avait annoncé, continu de souffler favorablement et partout dans le pays, le peuple commence à récolter ses fruits. L’espoir s’affiche désormais au grand jour !
A.A.-Mahe