Tout le monde le sait : le diabète est une maladie chronique qui se caractérise par un excès de sucre dans le sang. On distingue deux types de diabète : le diabète de type 1et celui de type 2. Les causes de ce dernier sont bien connues. Elles sont essentiellement dues à notre mode de vie: le tabac, l’alcool, les boissons gazeuses, le khat, l’obésité, la sédentarité, tels sont les principaux facteurs en cause .Ajoutons que le type 2 est le plus fréquent à Djibouti et dans le reste du monde. Il constitue 90% du diabète.

Quant au diabète de type 1, il n’est nullement lié au mode de vie de patients : c’est plutôt une maladie héréditaire puisqu’elle apparait généralement chez les enfants avant l’âge de 20 ans. Le diabète de type 1 peut avoir des conséquences ou des complications graves s’il n’est pas contrôlé et suivi. toutefois, le patient peut mener une vie à peu près normale s’il est pris en charge à temps. Le traitement consiste en trois choses: une injection quotidienne d’insuline, un régime alimentaire sain et la pratique régulière d’une activité physique. Selon certains spécialistes, les deux types sont en nette progression dans notre pays.

Mais aujourd’hui, nous allons nous intéresser au plus dangereux de deux : le diabète de type 1. Pour cela, nous nous  sommes rendus, dimanche dernier,  à une structure médicale spécialisée : le  Centre de Jeune Diabétique, au PK12.  Fondé il y a une dizaine d’années par le Dr. Douksieh , pédiatre et diabétologue,  ce centre accueille  un nombre sans cesse croissant   d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes de moins de 35 ans qui vivent avec cette maladie.

Nous y rencontrons Nasteho Ahmed qui a bien voulu nous raconter son histoire. Née à Dikhil en 2003, la jeune fille était une bonne élève sportive. Elle pratiquait le judo et le foot dans sa ville natale. Le diabète, elle n’en avait aucune idée. On n’en parlait pas chez elle. Ses parents, ses frères et sœurs, aucun membre de sa famille n’était connu comme diabétique.

C’est à l’âge de 14 ans qu’elle commence à se sentir mal, en proie à une profonde dépression. Elle ressent aussi  le besoin pressant d’aller aux toilettes, surtout la nuit. Elle est constamment fatiguée, voire épuisée. Et, un jour, la voilà qui  tombe  subitement dans les pommes: elle s’évanouit. Elle est rapidement transportée aux urgences de Dikhil. Et, c’est là que le diagnostic tombe : Nasteho souffre de diabète de type 1. Elle reçoit  sa première injection d’insuline avant d’être transférée  au service de la réanimation de l’hôpital Peltier. . Elle y apprend qu’elle suivra son traitement à vie. Seulement voilà : ce traitement quotidien et à vie   a un coût. Or, les parents de Nasteho étant au chômage, la famille connait de graves difficultés financières.  La jeune patiente manquait sa dose quotidienne de l’insuline, faute de moyens. Très souvent malade, elle était incapable de poursuivre ses études de façon régulière: elle abandonne l’école et son rêve de devenir  un jour policière se dissipe. Désespérée, la jeune fille passe des jours particulièrement difficiles quand un jour elle entend parler de cette structure  médicale dont nous avons parlé plus haut. Elle s’y rend rapidement, accompagnée de ses parents.

Nasteho y bénéficie alors d’une prise en charge médicale et de conseils avisés du Dr. Douksieh. Depuis lors, son état s’est nettement amélioré. Elle mène, aujourd’hui, une vie presque normale, ayant repris confiance en elle. Elle a même recommencé  la pratique de sa passion : le judo et le football. Confiante dans l’avenir, elle recommence  aussi à caresser son rêve de servir un jour  son pays dans les rangs de la police nationale.

Nasteho, reconnaissante, exprime sa profonde gratitude au Dr. Douksieh et à son équipe médicale.” Sans cette prise en charge  médicale, je ne sais pas où je serais aujourd’hui”, nous  dit-elle, émue. Nasteho n’est pas la seule à bénéficier d’une prise en charge : le Centre de Jeune Diabétique  au PK12  soigne plusieurs centaines de jeunes patients, la majorité d’entre eux de familles modestes. Nous souhaitons bon courage à Nasteho.

Sadik Ahmed