Arrivé aux Sept-Frères pour une dernière visite, l’ancien moniteur de plongée sous-marine y a rendu son dernier souffle le 2 janvier 2020. Il avait 93 ans.

C’est une histoire touchante digne d’un roman de Steinbeck, et qui a ému tous les Obockois en raison de la personnalité de son principal personnage : Martel Marceau. Cet homonyme du célèbre mime français est un homme que les Djiboutiens de moins de trente ans ne peuvent pas avoir connu.

Ancien moniteur de plongée sous-marine à Ras-Syan, en région obockoise, Martel Marceau, avait dû quitter ce formidable site en 1991 en raison du conflit civil. Il s’était installé plus tard en Nouvelle Calédonie où il avait continué ses activités. Venu passer à 93 ans ses vacances de fin d’année parmi ses anciens disciples obockois, Martel Marceau est décédé à Khor Angar le 2 janvier, non loin de son cher Ras Syan qu’il avait quitté trente ans plus tôt. Il a été inhumé le jeudi 2 janvier  au cimetière marin d’Obock, conformément à sa dernière volonté. 

Ce dernier voyage à Obock, le vieil homme avait pu l’entreprendre grâce à l’aide logistique des frères Marill, en raison de ses liens avec leur défunt père. Pour les Obockois, ce pèlerinage de M. Marceau avait commencé quelques jours plus tôt par une rencontre préliminaire organisée par les Marill  au Ghoubet, du côté de Dankalelo entre le visiteur et l’un de ses meilleurs disciples siyyannois : Ibrahim Mouggaq. Ce dernier, aujourd’hui membre du corps des Garde-côtes, était arrivé directement d’Obock sans avoir été averti au préalable de la présence en ce lieu isolé de son ancien moniteur de plongée. Ce fut une rencontre émouvante et chaleureuse.

C’est ce même Ibrahim Muggaq, accompagné d’autres amis communs, qui accueillera deux jours plus tard à Ras Syan celui qui avait été l’une des figures emblématiques de ce lieu si apprécié par les amateurs de plongée sous-marine. Autrefois préservés de tout, Syan, le plus célèbre des Sept Frères, et l’ensemble de ce site à nul autre pareil, ne sont peut-être plus pour longtemps un paradis sous-marin. Le vieil homme a-t-il perçu ce « danger », cette épée de Damoclès au-dessus des Sept Frères et de leur faune ? Il n’en a rien laissé paraître en tout cas et a apprécié son bonheur d’avoir pu réaliser son rêve de visiter une dernière fois ce lieu où il avait pleinement vécu sa passion de la mer. Le lendemain, le jeudi 2 janvier 2020, le vieil homme a été pris d’un malaise vers quinze heures à Khor Angar où il s’est éteint paisiblement. Martel Marceau a été inhumé le jour-même à Obock-ville, au cimetière marin car telle a été, semble-t-il,  sa dernière volonté exprimée.

Sur la blogosphère djiboutienne où les photos des retrouvailles de M. Marceau et de ses amis obockois circulaient depuis le premier jour,  son décès a été longuement commenté. « Les hommes de caractère réussissent tout avec panache, même leur mort », a ainsi commenté M. Afada, un Obockois qui avait connu le défunt. 

Ibrahim Mouggaq et ses anciens condisciples du centre de plongée de Ras Syan, qui étaient si heureux d’avoir pu revoir l’homme qui leur avait appris à aimer la mer et à respecter sa faune et sa flore, sont aujourd’hui inconsolables. Outre Ibrahim et ses amis, les frères Marill, le docteur Bruno Della’quilla ainsi que d’autres personnes ont participé à l’enterrement de M. Marceau dans le petit cimetière français d’Obock. Pour Ibrahim Mougga, le fait que la ville d’Obock soit devenue ainsi le lieu du repos éternel de son ancien moniteur de plongée est une bonne chose. « Nous pourrons au moins régulièrement honorer sa mémoire », soupire-t-il.  Adieu, Monsieur Marceau.

ABS