Pratiquer les arts martiaux offre une chance d’apprendre à se défendre en cas de danger, améliorer la posture, rendre plus flexible, agile, vivace et puissant. Ces qualités, quand elles sont proprement développées, peuvent transformer des destinées. Les arts martiaux ne sont pas asiatiques, seulement ils ont juste réussi à garder « vivantes » davantage de traditions martiales en tant qu’enseignement culturellement valorisée.

Il existe également des arts martiaux européens (bartitsu, gladiature, etc.), africains (dambe, ngolo, istunka, Musangwe, Nuba, dakaïto ryu, etc.), américains (américain kenpo) etc.  A Djibouti, nous avons aussi notre propre art martial. Il s’agit du Dakaïto Ryu, un art martial fondé en 1995 par Maître Ô Senseï Looita, originaire de Djibouti. Le Maître élabore en un tout homogène la philosophie des techniques de combat africain et plus précisément les techniques de combat de la communauté afar et un ensemble des règles des arts martiaux asiatiques. Le Dakaïto Ryu est un sport de lutte. Le mot Dakaïto Ryu a pour sens : « Daka » signifie lieu chaleureux, « ïto » signifie la racine ou l’origine et «Ryu » veut dire apprentissage des connaissances et de la culture.  A l’issue d’un travail physique d’un haut degré, le Dakaïto Ryu dispense un enseignement des techniques poing/pieds, projections, immobilisations, armes (couteau, nunchaku, sabre), d’auto-défense. O Senseï Loïta astreint à des combats libres méthodiques entre partenaires où les situations périlleuses troublant l’efficacité doivent être présentes sans cesse. Les enseignants inculquent et demandent d’agir d’une manière honorable, indulgente et respectable avec le maître et son partenaire. La préservation de l’intégrité du corps (combats protégés) est incluse. Le concept fondamental de cet art comprend les respects de la psychomotricité, la prise de conscience de la notion de distance et du timing. La précision, le contrôle absolu et progressif de la respiration, augmentation de la faculté d’apprentissage et de perfection technique et disciplinaire sont exigés dans l’exercice de cette activité. A force de travail et d’abnégation, maître Mohamed Looïta fondateur de cette discipline a mis sur pied dans plusieurs pays des fédérations, ces pays sont la République de Djibouti, le Maroc, la France, l’Algérie, le Madagascar, le Sénégal, la Tunisie …

Le Dakaïto permet de  protéger sa santé et celle du partenaire tout en permettant l’épanouissement du pratiquant. En résumé, le Dakaïto Ryu est un art martial dans une pratique  sportive encadrée par l’éducation et la préservation de la santé. La fédération a été créée en 2009. Elle est reconnue par décision du pouvoir exécutif. Son rôle principal est d’organiser, de contrôler et de développer la pratique du Dakaïto Ryu en République de Djibouti.  Au-delà de cette fonction, la fédération Dakaïto Ryu s’occupe de l’organisation de compétitions nationales et internationales et du passage d’obtention de grades à partir de la ceinture noire.                                                          

Djibril Abdi Ali     

En aparté avec…Medina Saleh Ali,

présidente de la fédération djiboutienne du Dakaïto Ryu

Le Dakaïto Ryu est devenu une discipline largement pratiquée dans la capitale. Pour avoir plus d’informations sur ce sujet,  nous nous sommes entretenues avec  la présidente de la fédération du Dakaïto Ryu, Mme Medina Saleh Ali.

 La Nation : 1ère question: Présentez-vous tout d’abord à nos lecteurs ?

Madina Saleh Ali : Bien que de formation juriste, je suis conseillère technique du Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, en matière de communication, et présidente de la Fédération Djiboutienne de Dakaïto Ryu, depuis septembre 2020. Depuis janvier 2021, je suis également 3ième vice-présidente du Comité National Olympique et Sportif Djiboutien, chargée de communication.  Je suis dans les mouvements associatifs depuis plusieurs années. Rotaract, Rotary, Conseil National de la Jeunesse… c’est une manière pour moi d’essayer d’apporter ma contribution au développement de mon pays.

Pensez-vous que le Dakaïto Ryu retient l’attention de nos jeunes et du public djiboutien en général et que faites- vous pour favoriser son essor ?

A Djibouti, il existe une vingtaine de fédérations sportives dont plusieurs en charge des arts martiaux. Nous avons le judo, le Karaté, le Kung fu, le taekwondo… chacun est porteur de la philosophie de son pays d’origine à savoir le Japon, la Chine, la Corée…

Mais contrairement à ces arts, le Dakaïto Ryu est originaire de chez nous. C’est ce qui m’a poussé à m’investir dedans. Depuis son implantation à Djibouti, du chemin a été parcouru. Bien que les autres arts existaient bien avant l’arrivée du Dakaïto Ryu, nous avons petit à petit gagné du terrain.

Aujourd’hui, on peut fièrement s’enorgueillir de compter le plus grand nombre de pratiquants et cela grâce à l’appui de nombreuses personnalités du pays à leur tête le Premier Ministre, son Excellence Abdoulkader Kamil Mohamed.

Par ailleurs, nous sommes sur le point d’ouvrir une nouvelle page de notre histoire grâce à l’appui du  Secrétaire d’état à la jeunesse et aux Sports, son excellence Hassan Mohamed Kamil.

Est-ce que la fédération du Dakaïto a mis les moyens nécessaires pour former ses disciples ?

Le Dakaïto Ryu est un art martial qui demande beaucoup d’efforts physiques ainsi que tout le corps et principalement la lutte traditionnelle afars millénaire qui apporte un développement du corps très important.

Mais la discipline a aussi la pratique des armes telles que : le sabre, le Guilai, le Ilo, ainsi qu’une partie des armes japonaises. La diversité fait sa richesse ce qui permet un développement de la motricité très importante

L’élève ne reste pas sur quelques mouvements gestuels mais il explore l’ensemble d’énergie que son corps lui propose et mobilise les poings, les pieds ainsi que tout le corps. L’utilisation d’équipements de protection est donc obligatoire lors de chaque combat. Ainsi, les combattants doivent porter des casques, des gants… Malheureusement, malgré le don de la Fédération Mondiale, puis du Secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux Sports en 2016, nous manquons cruellement à ce jour d’équipements. C’est pourquoi, nous avons déposé une demande d’équipements au niveau de la Direction des Sports le mois dernier et attendons un retour.

Nous faisons également appel aux sponsors pour nous aider dans l’acquisition des équipements nécessaires à une meilleure pratique de notre discipline.

Pour sa pratique, quelles sont les techniques que le Dakaïto Ryu rassemble ?

Maître LOOITA a étudié plusieurs pratiques des arts martiaux et a exploré aux côtés de professionnels de la santé les avantages et les inconvénients de la plupart des arts martiaux existants.Il a axé son étude sur la manière de transmettre de l’énergie aux éléments : des membres ou des objets.

Grâce à cette étude, il a découvert que tout geste fait par un être humain débouche toujours sur la transmission d’énergie. Par exemple: la manière pour un tennisman pour frapper la balle, la manière pour un nageur d’évoluer dans l’eau, la manière pour un cheval de lancer sa jambe arrière pour se défendre

Tous ces actes se déclenchent de la même manière et pourtant ils ont des formes différentes. Ce ne sont pas des techniques qui sont rassemblées au sein du Dakaïto Ryu, c’est la manière de transmettre une énergie.

C’est pourquoi, le pratiquant et la pratiquante de Dakaïto Ryu utilise aussi bien les pieds, poings, lutte, armes : nunchaku, guilai , seefi, Tonfa….

C’est une discipline 100% complète où vous trouverez aussi bien la partie de la dépense physique (pour évacuer le stress, canaliser les enfants, ….) que la partie méditation au travers des wellos (gestion de la respiration…). Une pratique qui aidera chacun de vous dans votre quotidien.

Sa devise est l’ensemble des arts martiaux en un seul qui préserve et développe la culture djiboutienne à travers les 5 continents.

Propos recueillis par Djibril Abdi Ali