Placé sous le haut patronage du Premier ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed, la cérémonie de lancement du symposium de la santé s’est tenue hier au Palais du peuple. Outre le ministre de la santé, Dr Ahmed Robleh Abdilleh, cette cérémonie de lancement a vu la participation de plusieurs membres du gouvernement, de parlementaires, de représentants des systèmes des Nations-unies, de diplomates et surtout de représentants de la société civile djiboutienne.

Décidé au plus haut sommet de l’état, ce symposium de la santé constitue un terreau propice d’échange inclusif et de débat constructif afin de doter notre pays d’un système de santé fort, résilient et équitable à l’horizon 2030.

En effet, l’objectif général de ce symposium de la santé sera d’organiser des consultations publiques à travers des ateliers thématiques dans le but d’identifier les réformes nécessaires pour atteindre la couverture de santé universelle à Djibouti.

Lancé à travers tout le pays, ce symposium permettra de conduire une analyse approfondie du système de santé de Djibouti sur des objectifs d’atteinte de la couverture sanitaire universelle, de la lutte contre les maladies transmissibles et non transmissibles et également la préparation et les  réponses aux urgences sanitaires qui seront les principales axes thématiques majeurs…

Dans un discours prononcé à cette occasion, le Premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed a d’emblée indiqué que « ce symposium plus élargi et multidirectionnel que son ainé tenue en 2009 se réalise dans un contexte de persistance de la Covid-19 et de l’amorce d’une crise mondiale multidimensionnelle ». « Que Dieu nous préserve de ses répercussions funestes annoncées», a-t-il dit.

Il a poursuivi son discours en soulignant que « notre système de santé a certes  connu d’importantes transformations au cours de ces dernières décennies. Cependant comme tant de pays africains, Djibouti se situe dans une phase critique de sa transition épidémiologique. Et de ce fait, nous connaissons la coexistence d’un triple fardeau des maladies transmissibles, non-transmissibles et socio-comportementales auxquels évidemment s’ajoutent d’autres déterminants sociaux ». Concrètement, a-t-il dit, « je pense au logement, à l’accès à l’éducation, à la possibilité de se nourrir convenablement, de disposer d’un certain revenu, d’évoluer dans un écosystème stable et pacifique ainsi que la possibilité de pouvoir évoluer dans un contexte socialement juste et d’être traité de façon équitable ».

M. Abdoulkader Kamil Mohamed a ajouté : « vous comprendrez ainsi tous les défis auxquels le gouvernement et en premier lieu le Président de la République doivent faire face. Cela nous impose des priorités. Et parmi toutes ces priorités, la santé de la population, pierre angulaire du développement harmonieux de notre société, préoccupe constamment le chef de l’Etat. C’est d’ailleurs ce qui  motive la tenue d’une telle réflexion pour permettre « l’atteinte pour tous du plus haut niveau de santé», c’est à dire la réduction de la morbidité et de la mortalité notamment maternelle et infantile, l’amélioration de l’offre et la demande des services et soins de santé de qualité, l’extension de la couverture maladie universelle, l’amélioration de la gouvernance et du financement du système de santé. Au passage, nous pouvons nous enorgueillir de la mise en place de l’assurance maladie universelle qui a été une des réponses phares à ce défi ».

Par ailleurs, le premier ministre a fait observer qu’ « aujourd’hui avec le ralentissement de la croissance économique et à l’aune de la crise sanitaire engendrée par la Covid-19, le contexte a changé : les demandes de soins de santé augmentent plus vite que les ressources publiques affectées aux systèmes de santé. La santé n’a pas de prix, dit un adage communément répandu mais pour tout ministre de la santé, elle a un coût qu’il faut inévitablement maitriser afin que les actions entreprises soient efficientes et efficaces sous toutes ses formes. il n’y a pas de place pour les errements ».

Et de poursuivre : « Face aux difficultés engendrées par le décalage entre les dépenses et les recettes, trois stratégies peuvent être adoptées : accroître encore les ressources, par une augmentation des prélèvements obligatoires, limiter les dépenses publiques, par un rationnement des soins ou par une baisse de la prise en charge, ou bien améliorer le fonctionnement du système pour « dépenser mieux ».

Ainsi, selon lui, « une révision de notre stratégie et orientations du système de santé est devenue une ardente nécessité malgré les acquis tangibles capitalisés ces dernières années. Un regard critique, une fine analyse et des perspectives dans laquelle tous les intervenants se reconnaissent  seront surement dégagées à l’issue des travaux de ce symposium auquel sont conviés tous les acteurs de la santé ».

« La société civile, les associations communautaires, le secteur privé de santé, les établissements publics et parapublics ainsi que les corps constitués qui avaient l’habitude d’apporter leurs contributions aux différents PNDS précédents sauront surement émerger des idées nouvelles dans le cadre de ce symposium », a souligné le premier ministre en précisant : « je reste persuadé que l’amélioration de notre système de santé n’est pas uniquement dépendante de la médecine curative mais une place de choix doit être attribuée à la prévention et à la promotion de la santé. Les polycliniques et les structures de santé régionales doivent également voir leur rôle judicieusement redéfini pour faciliter l’accès aux soins de santé de base et pour désengorger les hôpitaux de troisième niveau ».

M. Abdoulkader Kamil Mohamed a également fait savoir qu’ « en projetant un regard critique sur le fonctionnement de notre système de santé, il faudra désormais mettre en place des mécanismes pour mesurer périodiquement l’indice des soins de santé c’est-à dire une estimation de la qualité globale du système de soins de santé, des professionnels de la santé, de l’équipement disponible et enfin des coûts déployés. Ayons des baromètres fiables pour le suivi de l’action sanitaire et pour l’amélioration de la gouvernance à tous les niveaux de la pyramide sanitaire ».

Il a enfin déclaré qu’ « il est unanimement admis que les déterminants de la santé  interagissent entre eux et engendrent des conditions de vie qui influent sur la santé. L’accès à un  logement décent, l’accès à l’éducation, la possibilité de se nourrir convenablement, de disposer d’un certain revenu, d’évoluer dans un écosystème stable, dans un environnement sain et caractérisé par une paix durable sont donc non négligeables. Hélas! La santé n’est pas l’affaire du seul Ministère de la Santé. Tous les départements ministériels sans exception doivent y contribuer activement chacun dans son domaine de compétence ».