Dans le cadre du renforcement de la communication financière au sein de la place, la Banque Centrale de Djibouti a procédé le lundi 23 novembre 2020 au lancement officiel de son Premier rapport annuel de supervision bancaire de l’exercice 2019, document référence pour la place financière.
Le paysage bancaire Djiboutien, longtemps marqué par la présence de deux banques, a connu une profonde transformation depuis 2006 avec la libéralisation du secteur financier.
En 2019, le secteur bancaire compte actuellement 12 banques, dont 3 banques islamiques, pour un total bilan de 458 milliards FDJ et se positionne aujourd’hui comme une place financière stable, sain et robuste. Toutefois, les défis restent importants avec un taux de bancarisation faible (30%) et une inclusion financière limitée (33% des hommes ont un compte bancaire contre 13% des femmes).
La structure des bilans bancaires se présente comme suit :
• Avec des emplois qui s’élèvent à 126 milliards FDJ en 2019, le secteur bancaire enregistre une progression notable de 11% entre 2018 et 2019. Cette hausse est attribuable à la forte progression des crédits à moyen et long terme (+41,2%) tandis que les crédits à court terme se rétractent de 14%.
• Avec un total de 371 milliards FDJ, les dépôts consolidés du secteur bancaire sont en progression de 10% entre 2018 et 2019. Cette augmentation est tirée par les dépôts à terme (+18,3%) et les dépôts à vue (+10%), les deux postes les plus importants en termes de poids avec, respectivement, 19% et 68% des ressources du secteur bancaire.
La concentration de la place, mesurée par l’indice Herfindahl-Hirschman,est historiquement marquée par le poids des deux banques historiques de la place. On observe ces dernières années une baisse régulière de l’indice, une tendance correlée à l’arrivée des nouvelles banques. En 2019 l’indice Herfindahl pour les dépôts est de 0.17 (contre 0.2 en 2018), pour les crédits de 0.18(après 0.2 en 2018) et de 0.14 (contre 0.17 en 2018) pour le total bilan.
Les banques islamiques ne sont pas en reste et connaissent une croissance soutenue de 20% entre 2018 et 2019, représentant aujourd’hui 25% du total bilan de la place avec 115 milliards FDJ. Leur contribution à l’économie nationale reste importante et on observe un certain dynamisme des banques islamiques qui parviennent à attirer une clientèle avec des produits innovants conformes à la Charia. Le taux de transformation de la place s’établit à 39% en 2019 et reste dans une fourchette comprise entre 35% et 40%, ceci démontre les limites inhérentes à la place financière djiboutienne qui est caractérisée par la forte proportion des dépôts à vue et le faible niveau des crédits.
Ratio de solvabilité : au niveau prudentiel on observe une tendance à la hausse des fonds propres prudentiels des banques, conséquence de l’augmentation du capital social, de l’incorporation des réserves opérées par les banques mais également de l’introduction de nouvelles banques sur la place. Les fonds propres des banques s’élèvent en 2019 à 29 milliards FDJ contre 23 milliards FDJ en 2017, soit une progression de 13% sachant que structurellement ces fonds propres sont avant tout des fonds propres de 1ère catégorie, témoignant de la robustesse des fonds propres du secteur bancaire, les fonds propres complémentaires (2ème catégorie) ne représentant que 2% du total. Le ratio de solvabilité des banques djiboutiennes maintient une dynamique à la hausse, avec une nette amélioration ces deux dernières années, et se chiffre en 2019 à 15,7% pour un minimum réglementaire de 12%.
La liquidité du secteur bancaire reste importante, autour de 63% pour l’actif et 70% pour le passif, mais connaît néanmoins des évolutions majeures. Ainsi, la liquidité des actifs a connu un repli de 6% entre 2017 et 2019 tandis qu’au passif on observe une évolution similaire.Un nouveau texte sur la liquidité devrait voir le jour courant 2021 afin d’apprécier la qualité des actifs à Djibouti ; ce texte constituera uneavancée majeure pour la solidité de la place financière.
Les prêts non performants bruts consolidés de la place s’élèvent à 23.5 milliards FDJ en 2019, un niveau similaire à celui de 2016, et affichent une tendance à la baisse.
L’évolution des prêts non performants nets nous en donne un aperçu, ils passent de 8 milliards FDJ à 5 milliards FDJ entre 2016 et 2019, soit un net repli de 35%.
Les niveaux actuels des prêts non performants sont imputables aux deux grandes banques de la place qui concentrent 92% des prêts non performants bruts dont 53% résultent de dossiers datant de plusieurs années.
Provisionnement : concomitamment à la baisse des prêts non performants les provisions du secteur bancaire connaissent une progression depuis 2014 s’établissant à 13,5% en 2019 et se chiffrent à 18,4 milliards FDJ contre 16,2 milliards FDJ en 2018. Il s’ensuit une amélioration de la couverture des prêts non performants par les provisions, couverture qui atteint 78,2% en 2019, contre 69,3% à la fin de l’exercice précédent.
La microfinance à Djibouti s’est renforcée ces dernières années avec le réseau des CPEC (Coopératives Populaires d’Epargne et de Crédits) et s’étend en plus de la capitale aux régions du sud et du nord. Avec 34000 adhérents en 2019, dont 73.5% de femmes, 135 millions FDJ d’encours (en repli de 32% en un an) et une unité pilote de microfinance islamique,les institutions de microcrédits sont appelées à prendre un rôle plus actif dans la création d’activités génératrices de revenus.
Les institutions financières spécialisées font également l’objet d’une supervision de la Banque Centrale de Djibouti. Il s’agit du Fonds de Développement Ecoomique de Djibouti (FDED) qui a pour mission d’appuyer directement les porteurs de projets, via des prêts sans passer par les banques, et du Fonds de Garantie Partielle des Crédits de Djibouti (FGPCD).
L’actualité du secteur bancaire a été marquée en 2019 par l’introduction de la BOC (Bank Of China) au sein de la place et par l’opérationalisation du FGPCD, dispositif mis en place afin de faciliter l’octroi de financements aux PME/PMI.
L’entrée en vigueur de plusieurs textes réglementaires d’importance ont également marqué l’exercice 2019 : texte sur les relations avec les personnes apparentées, la gestion des risques ou encore le gouvernement d’entreprises des établissements de crédits. Côté supervision bancaire le renforcement des moyens s’est poursuivi avec le déploiement de la solution BSA (Bank Supervision Application) conjointement réalisé avec lesBanquesCentrales du Mozambique et du Congo (RDC).