A L’assemblée nationale a abrité lundi dernier les travaux de l’atelier de lancement de l’Alliance Parlementaire Djiboutienne contre la Faim et la Malnutrition. Cet atelier a été conjointement organisé par le parlement de Djibouti et l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

L’assemblée nationale a abrité lundi dernier les travaux de l’atelier de lancement de l’Alliance Parlementaire Djiboutienne contre la Faim et la Malnutrition. Cet atelier a été conjointement organisé par le parlement de Djibouti et l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Placée sous le haut patronage du président de l’assemblée nationale, la cérémonie inaugurale s’est déroulée dans la nouvelle salle de conférence du parlement. Le représentant de la FAO à Djibouti, Pissans Tchangai Dademanao, la représentante résidente du système des Nations Unies à Djibouti, Barbara Manzi, et des experts de la FAO qui se sont déplacés depuis leur siège régional ont participé aux travaux de cet atelier qui s’est achevé hier.

Dans son mot d’ouverture, le président de l’assemblée nationale, Mohamed Ali Houmed, a indiqué que par la mise en place d’une alliance parlementaire pour la sécurité alimentaire et la nutrition au sein du parlement djiboutien « notre pays devient le 5ème pays membre de l’Alliance Parlementaire d’Afrique de l’Est. La composition de l’alliance représente toutes nos régions ainsi que les différentes sensibilités politiques présentes à l’assemblée nationale.

Notre alliance doit déployer tous les efforts possibles pour améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition, comme le préconise l’ODD nº 2 ».

Le fléau de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition chronique persistent toujours de façon préoccupante dans notre pays. Au niveau national, la proportion des ménages en insécurité alimentaire se situe à 14,5%, dont 2,8% en insécurité alimentaire sévère et 11,7% en insécurité alimentaire modérée. Cela étant, les alliances parlementaires sont essentielles pour placer la lutte contre la faim et la malnutrition au plus haut niveau des priorités de l’Etat. A titre de rappel, le premier sommet parlementaire mondial contre la faim auquel ont aussi participé des députés djiboutiens le 29 et 30 octobre 2018 à Madrid a réaffirmé l’engagement des élus du peuple à garantir « le droit a un niveau adéquat et à mettre un terme à la faim d’ici 2030 conformément aux ODD ». En outre, ce sommet a appelé les parlementaires à établir des cadres législatifs, à superviser des politiques et des allocations budgétaires considérables, etc.

Les missions principalement dévolues à cette alliance pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle sont:

– Promouvoir et/ ou promulguer, le cas échéant des lois et autres instruments juridiques ;

– Influencer les allocations budgétaires en faveur de la SAN dans les principaux ministères concernés ;

– Plaider et rallier la volonté politique, l’engagement et l’action nécessaires pour promouvoir la sécurité alimentaire et nutritionnelle ;

– Favoriser l’intégration de la nutrition, la sécurité alimentaire et les droits des enfants dans les politiques et stratégies ;

– Exiger la responsabilité et l’engagement de l’exécutif pour améliorer les résultats en matière de nutrition par le biais de commissions parlementaires;

– Sensibiliser le public et galvaniser les actions de nutrition dans leurs circonscriptions.

L’atelier de lancement de l’Alliance parlementaire a consisté en une série d’exposés suivis d’échanges/débats, le rôle des députés en matière de promotion de la SAN, l’importance d’une alliance nationale parlementaire…

Le président de l’Assemblée nationale a par ailleurs annoncé que le parlement abritera la troisième assemblée générale ordinaire de l’Alliance sous régionale du 8 au

10 mars 2020.

Notons que le président d’honneur de cette nouvelle alliance n’est autre que l’ancien premier ministre Dileita Mohamed Dileita et le président en exercice est le député Abdallah Barkat.

« Orienter la politique du gouvernement pour éviter une dépendance excessive à l’égard des importations »

Mohamed Ali Houmed, président de l’assemblée nationale

« Il nous incombe à travers l’alliance de soutenir davantage le renforcement des moyens d’action des coopératives agricoles, qui jouent un rôle essentiel dans le développement de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. Par ailleurs, l’investissement dans l’agriculture familiale a été négligé en Afrique au cours des trente dernières années, tandis que la dépendance envers les importations de denrées alimentaires des pays à faibles revenus a augmenté de façon significative, les rendant vulnérables aux variations des prix sur les marchés internationaux.

Notre pays est assez vulnérable dans ce domaine et la politique agricole ne répond dûment pas à ce jour aux besoins quotidiens de nos populations. C’est pourquoi, il me parait important que les élus du peuple, ayant la capacité de légiférer, d’assigner le budget national et de veiller à la bonne gouvernance de l’exécutif, se saisissent de cette question pour influencer le gouvernement afin qu’il adopte une politique populaire qui réponde parfaitement aux attentes des couches les plus vulnérables. C’est pourquoi, il convient donc à nous, élus du peuple, d’orienter la politique du gouvernement pour éviter une dépendance excessive à l’égard des importations afin de privilégier l’investissement dans la production alimentaire locale en vue de renforcer leur capacité de résilience.

L’amélioration de l’alimentation et de la nutrition exige un effort collectif, le combat pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle est une cause juste, car c’est une nécessité pour l’humanité».

« Promouvoir la prise de conscience du défi à tous les niveaux de la société »

Dileita Mohamed Dileita, président d’honneur de l’Alliance Parlementaire Djiboutienne contre la Faim et la Malnutrition

« Le droit à une nourriture saine et suffisante pour tous les citoyens est une aspiration légitime indissociable des droits fondamentaux du genre humain. Aujourd’hui, l’accès à une alimentation saine et suffisante est reconnu comme facteur de cohésion sociale et de croissance économique et intégré dans la formulation de politiques de développement nationales. En favorisant l’inégalité sociale, la faim et la malnutrition ruinent la dignité humaine et rendent propices l’émergence de troubles sociaux. Ces fléaux perturbent le développement cognitif des plus jeunes sapant par la-même l’avenir des nations aux économies fragiles dont notre pays appartient.

Notre pays fait face à un défi alimentaire et nutritionnel devenu une préoccupation majeure au fil du temps. Les données nationales disponibles sur l’insécurité alimentaire et la malnutrition touchant les plus jeunes révèlent à cet égard un niveau global de malnutrition élevée. Pour répondre à ce défi, le gouvernement, avec l’appui des partenaires au développement a très tôt engagés les mesures nécessaires à travers la mise en place d’un cadre juridique, politique et institutionnel approprié. À ce propos, il me plait de rappeler, entre autres mesures, l’élaboration de la Stratégie et du Programme National de la Sécurité Alimentaire qui ont été validés en 2007 et l’adoption d’une Stratégie Nationale de Sécurité alimentaire en 2009.

Cependant, nous sommes conscients que de nombreux obstacles se dressent devant nous pour parvenir à lutter efficacement contre la pauvreté, la faim et la malnutrition.

Notre engagement en tant parlementaires ne doit pas se résoudre uniquement à initier les réformes normatives et budgétaires relatifs à la lutte contre la faim et la malnutrition et assurer le suivi de l’action gouvernementale. En tant qu’acteurs politiques de premier rang, notre mission est avant tout de promouvoir la prise de conscience du défi qui nous interpelle à tous les niveaux de la société ».

« Cette journée marque une étape importante dans la lutte contre la faim »

Pissans Tchangai Dademanao, représentant de la FAO à Djibouti

« La problématique de la lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition requiert une action urgente et décisive. En effet, la crise alimentaire mondiale de 2008 a sonné le réveil de la Communauté internationale et depuis, nombre d’initiatives ont été prises pour lutter radicalement contre la faim et la malnutrition. La solution préconisée pour une lutte efficace est justement l’implication des parlementaires car un programme bien conçu et soutenu par un cadre législatif adéquat améliore considérablement les indicateurs et les paramètres de malnutrition. Cette évidence met en lumière le rôle clés des parlementaires comme garant du droit à l’alimentation et à la nutrition.

C’est pourquoi cette journée marque une étape importante dans la lutte contre la faim. Cette alliance parlementaire aura pour mission de doter le pays d’outils légaux lui permettant de mieux lutter contre l’insécurité alimentaire. Outre ce caractère législatif, cette structure jouera aussi le rôle d’instance de plaidoyer vis-à-vis de l’exécutif afin de mettre en œuvre des politiques sociales pour appliquer les prescrits de la loi. Je vous confirme l’engament de la FAO, par tous les moyens, à vous accompagner et vous soutenir en tout temps et en tous lieux ».