La République de Djibouti a accueilli mardi 29 Octobre 2019, la 10ème Retraite de Haut niveau organisée par le département « Paix et Sécurité » de la Commission de l’Union Africaine. La tenue d’une telle réunion, qui est une grande première à Djibouti, est un excellent baromètre affichant la place de choix que le pays occupe aujourd’hui au sein de l’organisation du Continent, le poids de sa crédibilité et l’étendue de son implication. Dès son accession à la magistrature suprême, le Président Ismaïl Omar Guelleh a su très vite positionner le pays sur les devants de la scène africaine et internationale et ne s’est jamais contenté de jouer des rôles de figurant. Bien au contraire, grâce à la diplomatie dynamique, ambitieuse et clairvoyante de son Président, Djibouti s’est frayé tous les chemins pour faire briller son nom et œuvrer en faveur d’une politique de développement économique et social capable de tirer la population africaine de la pauvreté. C’est la raison pour laquelle, il cherche par tous les moyens à promouvoir une intégration régionale et une libre circulation des biens et des personnes qui ne seraient que bénéfiques pour l’ensemble des pays.
L’ambition d’une Afrique interconnectée n’a jamais quitté les esprits et l’utopie de la liaison Djibouti-Dakar continue de nourrir les rêves. Surtout, depuis l’arrivée des capitaux chinois sur le Continent et la renaissance d’un optimisme perdu. Le réveil de la croissance et l’espoir d’ouverture des frontières promettent des lendemains meilleurs. Les accords de libre-échange sont légion mais les signataires n’ont jamais réussi à les rendre totalement opérationnels. Le dernier en date est l’accord de création de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF) dont le lancement, au mois d’Août dernier, a eu lieu à Niamey (Niger). Le marché, dont le potentiel représente environ 1,2 milliard de consommateurs, est immense et ne pourra être que bénéfique à l’ensemble des pays. Si son fonctionnement réussit bien sûr ! Mais, le plus grand obstacle du développement africain a les racines très profondes. Il s’appelle l’insécurité, provoque l’instabilité et maintient le Continent dans les profondeurs du sous développement et de la misère. Des milliers de vies partent chaque année pour rien et la gangrène semble incurable.
Le Président Ismaïl Omar Guelleh a toujours soulevé les questions de la gouvernance, de la justice sociale, de la stabilité et de la sécurité ; crié haut et fort qu’il était essentiel de s’attaquer aux véritables maux qui empêchent la durabilité des accords de paix en Afrique. Lorsqu’un foyer est presque éteint, il y a de forte chance que la moindre brise l’attise ou qu’un autre lieu précieux prenne aussitôt le feu. C’est la raison pour laquelle, le Président djiboutien a présenté mardi dans son discours, l’évolution du concept même de la médiation en proposant de passer «d’une approche de pompier à celle d’architecte ». Combien, parmi les hauts dignitaires de l’UA, ont saisie cette idée lumineuse au vol ? Pas des masses.
La Corne de l’Afrique, à travers l’Ethiopie et son Premier Ministre, Abiy Ahmed, vient de recevoir le Prix Nobel de la Paix 2019. Et c’est les inlassables efforts de tous les pays de la région, de leurs dirigeants, de l’Igad et de l’Union Africaine qui ont été indirectement récompensés.
La République de Djibouti, sous l’impulsion du président Ismaïl Omar Guelleh, est un partenaire incontournable du processus de paix lancé par l’UA, ainsi que l’Igad, et joue un rôle central dans la recherche d’une stabilité et d’une sécurité durable dans la Corne de l’Afrique. Une région longtemps déchirée par des conflits armés ravageurs et des guerres civiles meurtrières qui ont provoqué la perte d’un nombre incalculable de vies humaines. Sans oublier les millions de déplacés qui croupissent toujours, loin de leurs terres, dans des camps.
Malgré la détente déclenchée par la signature d’un accord de paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée; malgré les pourparlers entamés entre la République de Djibouti et l’Érythrée et la volonté du Président de la République pour trouver une issue pouvant conduire vers un règlement définitif du conflit ; malgré les efforts de paix et de sécurité de l’Union Africaine en Somalie et au Soudan du Sud ; l’incertitude règne toujours dans la région et cette paix tant applaudie reste précaire.
Au Sud Soudan,
Selon le HCR, la guerre civile déclenchée en 2013, a fait plus 300 000 mille morts, déplacé près de 2 millions de personnes à l’intérieur du pays et créé 2,5 millions de réfugiés dans les pays voisins. Et aujourd’hui, sur les 13 millions d’habitants, plus de la moitié dépendent de l’aide humanitaire pour survivre. Depuis le déclanchement des hostilités, l’Union Africaine et l’Igad n’ont pas ménagé leurs efforts pour appeler les belligérants à la raison et les obliger à s’assoir à la table des négociations.
Et c’est en application du dernier accord de paix conclu en septembre 2018, que le chef de l’aile armée de l’opposition sud-soudanaise, Riek Machar, est arrivé à Juba pour finaliser, avec le président Salva Kiir, cet accord qui prévoit la création d’une armée unifiée et la formation d’un gouvernement dont il serait le Premier Ministre. La date-butoir fixée au 12 novembre 2019 approche à grand pas. L’Union Africaine et l’Igad retiennent donc leur souffle.
En Somalie
Après des années de guerre civile, d’activités terroristes et d’instabilité politique, l’Union africaine a mis en place au mois de février 2007, la plus importante mission militaire jamais déployée sur le continent. Connue sous son acronyme « AMISOM », cette mission active dans le sud et le centre du pays comprend aujourd’hui, outre Djibouti et l’Éthiopie, des contingents du Kenya, de l’Ouganda et du Burundi. Le but de cette mission étant de promouvoir et de maintenir la paix et la sécurité afin de rétablir l’ordre civil et l’autorité du pouvoir central de l’Etat.
Au-delà d’un engagement militaire conséquent, l’UA mène également des actions politiques, diplomatiques, humanitaires et économiques en Somalie. Et ce, avec le soutien financier, annuellement renouvelable, des Nations Unies et de l’Union Européenne.
Malgré une grande avancée dans le domaine de la stabilisation et de la situation politique, tant dans la capitale que dans les régions, les terroristes islamistes Al-Shebaab, affiliés à Al-Qaïda, contrôlent des zones rurales, mènent toujours des opérations de guérilla et brillent minablement par des éclats terroristes marqués d’attentats aussi meurtriers qu’inhumains.
Selon un calendrier adopté en 2017, l’Amisom doit progressivement transférer les pouvoirs de sécurité aux forces armées somaliennes. Mais, l’Union africaine ne cache ni ses réticences, ni ses inquiétudes. Selon les derniers rapports de l’AMISOM et du Conseil Paix et Sécurité, le gouvernement central “n’est pas encore en mesure d’assumer cette responsabilité”. Un autre rapport conjoint de l’ONU et de l’UA, présenté au mois de mai dernier, soulignait la résurgence des attaques Shebaab, qui ont pilonné au mortier le siège même des Nations Unies à Mogadiscio et perpétré en mars, deux attentats majeurs dans la capitale en faisant exploser pas moins de 28 bombes.
Et ces événements parmi d’autres, n’ont fait qu’augmenter les craintes de l’UA qui compte, sous la pression de Djibouti, convaincre les Nations Unies de maintenir la mission de la paix en Somalie et de ne pas réduire les effectifs du contingent de l’AMISOM.
Juste après le règlement de la levée, à Khartoum, des derniers obstacles du processus de réconciliation des antagonistes sud soudanais, voici que les vieux démons se réveillent au Soudan. Le coup d’état perpétré par les militaires et la chute du régime d’OmarAl-Bashir ont provoqué des vagues de mécontentement civiles, Le Soudan s’enflamme à son tour et sombre dans le chao, perdant des vies chères pour rien. Abiy fait le pompier. Ismaïl Omar Guelleh hausse le ton et menace la junte militaire qui accepte finalement de s’assoir à la table des négociations et de composer avec les civils. Sous la pression de l’Ethiopie et de l’Union Africaine, un accord de transition historique est signé. Abdalla Hamdok, économiste et ancien fonctionnaire des Nations Unies est nommé au poste de Premier Ministre.
Au Soudan
L’espoir d’un retour définitif de la paix au Soudan vient d’être paraphé à la mi-octobre. Et devinez où ? A Juba, au Sud-Soudan. Un cessez-le-feu permanent, global et sans condition est décrété et le nouveau gouvernement autorise l’acheminement de l’aide humanitaire dans les régions déchirées par la guerre. On peut dire que le malade d’hier réussit des prouesses aujourd’hui au chevet de son médecin et, cela semble marcher.
Mais la contagion continue. Les premiers symptômes apparaissent au Kenya qui engage un bras de fer avec la Somalie dans l’espoir de s’emparer d’un espace maritime appartenant à son voisin. Un tracé qui, depuis les indépendances, n’avait jamais été contesté, ni remis en question. Profitant de la fragilité de l’Etat somalien, le Kenya semble vouloir réaliser un coup de force mais, ce sera à ses risques et périls car, la flamme libératrice qui s’est allumée en 1963, après le rattachement du NFD au Kenya, n’est jamais éteinte.
Malgré des poches de feu ravivées par des vents imprévus, malgré les risques de rechute, la hache de guerre est presque partout enterrée et l’on peut dire aujourd’hui, que l’Afrique est mathématiquement au crépuscule de ses difficultés. Pour s’éloigner définitivement de tous les obstacles et autres ralentisseurs de développement, la 10ème Retraite de Haut niveau qui vient de fermer ses portes a conclu que l’Afrique se doit de réussir tous ses programmes, sans exception et commencer sans attendre par réformer profondément le secteur de la sécurité, promouvoir la justice et la bonne gouvernance et assure une parfaite stabilité pour réussir un développement réel et conséquent.
Si les feux de la terreur ont l’habitude de semer la peur et la désolation, ceux de la paix font renaître l’espoir et la joie. Nos lendemains ne peuvent donc être que meilleurs.
A-A Mahé