C’est une longue histoire avec son enchaînement de péripéties inarticulées formant autant de récits dans le récit. En somme, un fatras d’événements qui, bien que sans lien apparent, sont à la base d’une aventure à la fois singulière et cohérente. Concours de circonstances ? Scénario savamment orchestré ?Quoi qu’il en soit, cinéastes et autres romanciers ne s’empresseraient sûrement pas de vouloir en imaginer la suite. Et pour cause, ils sont les premiers à savoir que c’est la réalité qui dépasse toujours la fiction. Qui, en effet, pouvait penser qu’il serait possible de dématérialiser toutes les procédures de douanes il y a encore dix ans ? Pour comprendre les ressorts d’une telle prouesse technologique, il faut en revenir à la genèse. Tout commence en 2006. Cette année-là, la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects (DGDDI) ne peut éviter de constater amèrement que le système de dédouanement Mirsal – c’est son nom- qu’elle utilisait jusque-là a révélé ses limites en ce sens qu’il n’était plus en mesure de répondre à ses attentes Il fallait donc en sortir. Le plus tôt possible.

Cette histoire serait toutefois d’une banalité déconcertante si elle n’en cachait pas une autre. Ou, plus exactement, d’autres histoires. Comme une multitude de récits enchâssés, imbriqués les uns aux autres.

A la même période, la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) développe une nouvelle version du système douanier automatisé SYDONIA. Appelée SYDONIAWorld, la dernière édition est une petite merveille technologique tant elle propulse les douanes de plus de 100 pays dans le monde dans l’ère du numérique. Ses plus grands atouts : compatibilité avec les principaux systèmes de gestion de base de données et d’exploitation (Oracle, DB2, Sybase MS/Windows et Linux), utilisation d’un langage de balisage extensible (XML) et de systèmes de télécommunications modernes intégrant des équipements et des dispositifs sophistiqués comme VSAT. Face aux immenses opportunités offertes au travers de ces innovations technologiques, la DGDDI ne pouvait se permettre de tergiverser. Bien au contraire. Mais c’était là déjà le début d’une autre histoire.

SYDONIAWorld inaugure donc des nouvelles perspectives tant pour la DGDDI que pour les opérateurs qui sollicitent au quotidien ses services. Se doter d’un outil aussi performant, c’est être en phase avec les défis de notre temps. C’est être aussi à la hauteur de la transformation des administrations douanières internationales amorcée sous la houlette de la CNUCED. Dans la mutation de la DGDDI, 2010 est une année charnière puisqu’elle marque l’acquisition de SYDONIAWorld et sa mise en service effective en 2012. En ce temps-là, ils sont encore à peine une centaine de pays à pouvoir se targuer d’utiliser la technologie de la CNUCED dont l’efficacité se mesure à l’aune des facilités qu’elle impulse dans la diversité des tâches douanières. Concrètement, cela se traduit par un système de gestion plus ouvert en conformité avec les standards internationaux, la possibilité de l’adapter aux besoins spécifiques de la DGDDI en y ajoutant, par exemple, des modules développés par ses propres équipes suivant l’évolution de la demande et dans le souci de garantir des prestations de qualité. SYDONIAWorld a, en outre, le mérite de favoriser l’échange d’expertises dans la communauté douanière mondiale et d’être exploité à distance par une panoplie d’acteurs et de services allant des bureaux installés dans les postes frontaliers aux barrières de contrôle douanier à la sortie des ports en passant par les sociétés des zones franches, la direction générale des impôts, la direction générale du trésor, la DISED, pour ne citer que ceux-là. Tout ce beau monde se coordonne en temps réel et travaille d’arrache-pied pour gagner ensemble le pari de la compétitivité et soutenir une économie de services dont la vitalité repose sur notre capacité à nous approprier des avancées technologiques nécessaires à une utilisation optimale de nos infrastructures. Toujours est-il que d’autres acteurs, à l’image de l’APZFD, le DMP, la STGD, le PAID ou le Port de Tadjourah, se sont ajoutés à la liste à partir de 2019. Il était temps.

Après une première phase couvrant la période 2010-2018, l’introduction, grâce à un financement de la Banque mondiale obtenu dans le cadre du projet MAPAP axé sur la réforme de l’administration publique et porté par l’ANSIE, d’une nouvelle version de SYDONIAWorld a été le point de départ de la seconde phase (2018-2022) des travaux visant à installer définitivement les douanes djiboutiennes dans l’ère du numérique. Ce vaste programme, qui est entré dans sa troisième phase au cours dès l’année écoulée, implique entre autre chose le lancement du document unique (DAU) et la mise sur pied d’un module de transit régional avec le concours de l’administration douanière du grand voisin éthiopien.

Rapidité, efficacité, connectivité, fluidité, SYDONIAWorld est donc tout cela à la fois, et son histoire est loin d’être finie.

Isman O.