Ayant pris part lundi à Nairobi au 9e sommet des chefs d’État et de gouvernement ACP qui avait pour thème : «Un groupe ACP transformé et engagé en faveur du multilatéralisme», le premier ministre a prononcé un important discours dont nous reproduisons ici la quintessence.

((Nous avons choisi pour ce 9e sommet le thème de « Un Groupe ACP transformé et engagé en faveur du multilatéralisme  ». Pour la république de Djibouti, le multilatéralisme que le groupe ACP cherche à fortifier ou à mettre en place avec les autres institutions internationales partenaires, telle que l’Union Européenne, et ce à travers le fonds européen de développement (FED), aura pour centre d’intérêt l’Homme. En d’autres termes, les engagements que nous prendrons à la fin de ce sommet devront avoir une valeur ajoutée pour tous les projets de développement contenus dans les programmes du FED.

C’est dans ce nouveau cadre de renforcement d’un multilatéralisme basé sur la défense de l’intérêt supérieur de nos populations que mon Président Ismaïl Omar Guelleh a relevé dans son discours, prononcé lors de la 74ème session de l’assemblée générale des Nations Unies, les différents antagonismes existant, d’une part, entre les institutions internationales, et d’autre part, entre les pays mêmes. Dans son discours aux Nations Unies, le président de la République avait évoqué les « bouleversements géopolitiques en cours, la montée des tensions dues à la guerre commerciale dont la combinaison génère des risques et soulèvement des questions quant à la capacité que nous avons à mobiliser les ressources nécessaires pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable d’ici 2030 ».

Nous sommes aujourd’hui réunis dans ce contexte préoccupant dans lequel le multilatéralisme, qui a pour fondement la coopération internationale, subit des assauts répétés. Cette “mise en crise” est d’autant plus paradoxale qu’elle intervient à un moment où les liens d’interdépendance entre les pays du monde n’ont jamais été aussi étroits – les défis globaux requièrent donc des actions collectives globales. L’action multilatérale est vitale. Elle est urgente ! Ce n’est que collectivement que l’on peut trouver des solutions aux défis globaux que sont la pauvreté, l’inégalité et le développement.

Même si les défis mondiaux nous affectent tous, les pays les plus pauvres sont les plus exposés

Je soutiens pleinement l’Accord de Georgetown révisé porté par notre groupe afin de placer notre organisation dans le concert des nations pour qu’elle soit une organisation plus responsable et plus efficace. Mon pays est en faveur des changements de politiques stratégiques et les transformations organisationnelles pertinents permettant à notre organisation de devenir un acteur incontournable et d’utiliser les plateformes appropriées dans les instances multilatérales pour accroître sa visibilité et sa reconnaissance.

Même si les défis mondiaux nous affectent tous à de degrés divers, les pays les plus pauvres sont les plus exposés en raison de leur fragilité. En effet, les bouleversements géopolitiques en cours, la montée des tensions due à la guerre commerciale et les prévisions de ralentissement de la  croissance économique mondiale génèrent des risques et soulèvent des questions quant à la capacité que nous avons de mobiliser les ressources nécessaires pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable d’ici 2030.

Les rapports de la Banque Mondiale soulignent la faiblesse préoccupante du volume d’investissement et l’impact négatif que cela pourrait avoir sur la mise en œuvre des ODD. Ces développements sont à craindre alors qu’au moment même de l’adoption de l’agenda des ODD, potentiellement transformateur, nous étions conscients que  nous devions adopter une approche radicalement différente.

Le changement climatique est le défi le plus menaçant et le plus grave de notre époque

Alors que l’urgence climatique mondiale s’intensifie et que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, nos experts et représentants de nos pays sont en ce moment même présents à Madrid, en Espagne, pour la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP25) pour plancher sur la mise en œuvre intégrale de l’accord de Paris sur le changement climatique.

Le changement climatique est le défi le plus menaçant et le plus grave de notre époque. Nous avons une pensée particulière pour nos frères et sœurs de Bahamas, du Zimbabwe, du Mozambique et récemment dans notre propre région notamment mon pays qui a connu une situation naturelle inhabituelle. A cet égard, nous appuierons les nombreuses initiatives qui seront prises dans cette COP25 en vue de continuer à attirer l’attention sur ces phénomènes aux conséquences catastrophiques.

Nous devons rassembler nos efforts, nos ressources, former des conditions sures et solides afin de consolider le multilatéralisme

Le mouvement salutaire vers une paix définitive dans la Corne de l’Afrique se poursuit et notre conviction qu’une paix totale et durable dans notre région est possible se renforce chaque jour davantage.

Djibouti, en tant que membre de l’IGAD et des ACP continuera à exhorter toutes les parties à poursuivre les efforts visant à sortir de l’impasse politique et à concrétiser les engagements pris. Djibouti demeure profondément attachée à la paix et à la promotion de solutions bilatérales et multilatérales saines et vigoureuses avec l’ensemble de ses voisins qui nous permettront de travailler à l’accélération des efforts visant à promouvoir l’intégration régionale.

Nous devons rassembler nos efforts, nos ressources, former des conditions sures et solides afin de consolider le multilatéralisme. L’échec n’est pas une option !  C’est la raison pour laquelle nous soutenons l’initiative lancée par certains états membres de notre partenaire européen appelée «L’Alliance pour le Multilatéralisme »)).