Le président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, a pris part aux travaux d’une réunion de haut niveau sur la Somalie en marge de l’assemblée générale des Nations Unies, hier à New York aux Etats-Unis d’Amérique. Devant ses interlocuteurs, le chef de l’Etat djiboutien a dressé un tableau réaliste du contexte sécuritaire, politique, et économique prévalant chez notre voisin somalien. Il a appelé la communauté internationale à soutenir la Somalie qui est à un tournant de son histoire. Et ce afin qu’elle puisse renouer avec une paix durable et retrouver son rang dans le concert des nations.

C’est pour moi un privilège certain de me tenir devant cette tribune afin d’échanger avec vous sur la situation en Somalie. Ces trois dernières années ont été marquées par des développements  remarquables en Somalie. Malgré les nombreux obstacles auxquels la Somalie était confrontée tant sur le plan politique que sécuritaire, nous pouvons aujourd’hui nous féliciter que les efforts du gouvernement, appuyé par la communauté internationale, aient donné lieu à des résultats tangibles  et louables ; je pense à la formation d’un gouvernement doté d’un programme de réformes capitales,  l’amélioration des finances et de l’environnement sécuritaire ou encore la réduction de l’impact des catastrophes humanitaires pour ne citer que quelques uns.

Sur le plan politique, nous avons vu que le système fédéral adopté n’a pas toujours suscité le même niveau de compréhension et d’acceptation à travers tout le pays et a été à la source de terribles tensions qui ont, pendant longtemps, empêché les progrès qu’aurait pu réaliser ce pays frère.

C’est dans cet esprit que le gouvernement actuel s’est attelé, depuis le tout début, à changer cette perception et a réussi à faire adopter le Système National de Sécurité à Londres et l’accord sur le partage des ressources lors de la conférence de Baidoa en février 2018.  Ce qui a rendu  possible, la tenue de la conférence de réconciliation organisée sous l’égide du gouvernement somalien  qui s’est clôturée, la semaine dernière à Dhusamareb, chef-lieu de l’Etat fédérée de Galmudug, par un accord  de consensus. Nous nous réjouissons que cette conférence, qui visait initialement à résoudre les différends politiques qui opposaient les principales forces politiques de la région  sur la tenue des élections, s’est finalement étendue à la pacification de toutes les tribus en conflit afin de rétablir la paix et la concorde sociale dans ce pays frère.

Sur le plan économique, malgré un taux de croissance positif, le pays reste très dépendant de l’aide internationale. Classée dans la catégorie des pays surendettés, la Somalie s’est fixée comme objectif  l’effacement de sa dette en se conformant aux instructions des institutions financières afin  de normaliser ses relations avec ces dernières. Nous nous en félicitons et formons le vœu de voir se concrétiser l’annulation de la dette.

Il y a, certes, eu une nette amélioration sur le Plan de la sécurité. Toutefois, il reste beaucoup à faire car la situation sécuritaire reste instable. La capitale fait, en effet, face à des attaques régulières de la part des Al Shababs qui, en dépit d’énormes pertes et défaites infligées par les troupes de l’AMISOM, ne perdent pas espoir et se préparent à revenir en force au retrait de l’AMISOM en 2021. Nous ne le réitérons jamais assez : une armée somalienne capable de prendre la relève après la sortie des troupes étrangères est nécessaire, mais ceci n‘est pas viable sans un soutien de la communauté internationale ; et ce soutien est souhaité aujourd’hui plus qu’hier car nous sommes à un tournant de l’histoire de la Somalie ; tournant car nous sommes témoins aujourd’hui du rejet du peuple somali des Al Shabab et des autres entités extrémistes, de l’intégration des troupes paramilitaires fidèles à Ahlu-Sunna Wal Jama’a dans les rangs de l’armée régulière, de l’Enrôlement et  de l’enregistrement effectif de tous les éléments militaires et leurs équipements dans le fichier commun de la Somali National Army (SNA).

Ceci  prouve si besoin  est que la Somalie est prête à prendre en main son avenir car pour la première fois en trois décennies, la Somalie va tenir  des élections  basées sur un homme, une voix en 2020-2021. La commission électorale indépendante mise en place à cet effet, travaille d’arrache pied et a accompli d’énormes progrès ; les partis politiques sont enregistrés et le gouvernement de son côté a soumis au Parlement la loi électorale.

Ces acquis là, nous ne pouvons pas nous permettre de les perdre car les défis auxquels est confrontée la Somalie ne pourront être relevés que si la communauté internationale fait converger  tous ses efforts dans la même direction. C’est une vérité, même une évidence qui doit nous servir de matrice.

Pour notre part, nous restons optimistes et disponibles car nous avons toujours été du côté de la Paix  et avons constamment œuvré  pour une Somalie stable et en paix avec elle même.