
Dans un pays où les chemins de la réussite sont souvent parsemés d’embûches, un jeune homme au nom prédestiné, Himilo – « espoir » en somali – choisit de ne pas se résigner. Iconoclaste, inclassable, profondément humain, il fait de chaque faux pas une marche vers l’avant, de chaque chute un point d’appui pour se relever.
Dans Chemins de la persévérance, premier roman d’Ali Farah Djama, le lecteur est happé dès les premières lignes par un récit d’une intensité rare, un souffle narratif porté par une profonde sincérité.
Himilo n’est pas un héros au sens classique. C’est un jeune homme de chair et de sang, de doutes et de rêves, un individu en perpétuel mouvement, façonné par les erreurs autant que par les épreuves. Il traverse la vie comme un funambule sur le fil de l’espérance, avançant lentement, mais sûrement, porté par un seul impératif : montrer aux autres de quoi il est capable. Son ambition n’est pas tapageuse. Elle est intime, silencieuse, obstinée. Tel l’albatros qui, du haut des cieux, domine les tempêtes, Himilo apprend à voler avec grâce au-dessus du tumulte.
Une autobiographie déguisée ?
Une leçon de vie, assurément
L’auteur ne s’en cache pas : ce roman est nourri de ses propres combats. Ancien instituteur, maître-formateur, aujourd’hui Directeur de l’Agence de la Voirie d’Ali-Sabieh, Ali Farah Djama connaît la valeur de chaque effort, le poids de chaque silence, la force de chaque redémarrage. À travers Himilo, il questionne notre société : Quels repères donnons-nous à nos jeunes ? Que reste-t-il de la solidarité familiale ? Comment transformer l’échec en tremplin ? Ce roman, loin d’être un simple parcours individuel, interroge tout un système, du foyer à l’école, de la rue aux institutions.
Loin de toute moralisation, l’auteur tisse une fresque pleine de nuances où la persévérance se décline sous toutes ses formes : la patience face à l’adversité, la résilience face au rejet, le courage de recommencer à zéro. Son message est clair : le bonheur ne réside pas dans les possessions, mais dans la justice, l’équité, et la foi en ses propres ressources.
Un récit haletant, une écriture lucide, un appel vibrant à croire en soi
Il n’y a pas de miracles dans ce roman, pas de success story hollywoodienne. Mais il y a une tension dramatique permanente, un souffle de vérité, une poésie du quotidien qui bouleverse. Himilo apprend à survivre dans un monde qui ne lui fait pas de cadeau. Il est trahi, oublié, marginalisé. Mais jamais brisé. Chaque difficulté devient un révélateur de sa propre force. Et lorsque le doute l’envahit, c’est sa soif de justice, son désir d’un monde plus humain qui le remet debout. Le lecteur se surprend à retenir son souffle, à trembler pour ce personnage devenu miroir. Car dans ce combat contre l’abandon, chacun se reconnaît un peu.
Un roman pour les jeunes, mais pas seulement
Chemins de la persévérance est une œuvre destinée à toute personne qui a un jour ressenti l’injustice, douté de son avenir, ou cherché une lumière au bout du tunnel. C’est un cri d’espoir, une main tendue, une promesse : tant qu’il y a du souffle, il y a du possible. Et derrière Himilo, c’est toute une jeunesse qu’Ali Farah Djama invite à se relever, à croire en la beauté du combat, à refuser la fatalité. Car la vraie victoire ne se lit pas dans les trophées, mais dans la capacité à se tenir debout, encore, et encore, et encore.