Tourné à Djibouti avec des acteurs djiboutiens et somaliens, le film « La Femme du Fossoyeur » du réalisateur finlandais d’origine somalienne Khadar Ayderus Ahmed, a été diffusé en avant-première à l’Institut Français de Djibouti durant la semaine de la Francophonie.

La salle de spectacle de l’Institut français de Djibouti débordait de gens à la diffusion en avant-première du Film pittoresque et photogénique «  La Femme du Fossoyeur ». Une comédie dramatique qui raconte les mésaventures  d’un couple très amoureux qui vit dans la périphérie de la capitale. Lorsque l’épouse de Gouled, personnage principal du long métrage, tombe gravement malade, l’homme qui travaille comme  fossoyeur se lance dans une piteuse quête d’une importante somme d’argent pour couvrir les frais de l’intervention chirurgicale qui doit sauver la vie de sa chérie.

D’un bout à l’autre du film, le public chavire, il est transporté dans d’intenses émotions souvent contradictoires. L’on passe du rire aux larmes, de l’extrême sympathie et l’affection pour ce charmant foyer où l’amour règne en seul maitre, malgré les difficultés du quotidien. Puis, vient ce moment dramatique où l’épouse tombe gravement malade et pousse le mari à défier tous les obstacles pour réunir les fonds destinés à l’intervention chirurgicale qui va lui sauver la peau. Pour son premier film, le réalisateur Finlandais d’origine somalienne Khadar Ayderus Ahmed, a fait appel à des acteurs pour certains novices mais qui jouent leurs rôles à merveille.

Notons la présence dans le film de Lula Ali, notre star du cinéma national, Fahmi Guirreh (FA) mais aussi d’autres figures du petit écran comme Fardoussa Moussa, qui toutes deux font à la fois la différence mais aide aussi à rehausser les prestations des acteurs moins connus voire parfois débutants. Dans le concert des jeunes talents, Khader Abdoul Aziz, qui interprète Mahad, le fils du couple Guled et Nasra vaut le détour car il tient bien le 3ème rôle dans le film.

Khadar Ahmed fait découvrir la vie à Djibouti à travers des  vues sur la vie quotidienne : un marché foisonnant, un bal de mariage, un bar où on se retrouve entre collègues, les jeux des enfants qui sèchent l’école… Il montre aussi les différences des classes pour ne pas entériner l’idée que l’on pourrait se faire de son pays, notamment avec la scène de l’acheteuse qui se fait porter sa marchandise. Dès le début du film, le héros Guled creuse une tombe. C’est la première rencontre avec la mort qui émaille le film tout au long. Omar Abdi, qui joue le personnage de Gouled courre après une ambulance près de l’hôpital d’un faubourg de Djibouti, dans l’espoir d’enterrer le corps qu’elle transporte, car c’est ainsi qu’il gagne sa vie, comme il est d’usage en Somalie. Puis, il doit lutter contre la mort annoncée de sa femme Nasra, rôle assuré par le mannequin canadien Yasmin Warsame, dont l’opération salvatrice coûterait la somme faramineuse de 5 000 dollars qu’il ne possède naturellement pas.

“La Femme du fossoyeur” a permis à son réalisateur Khadar Ayderus Ahmed de remporter l’Étalon d’or au Fespaco 2021. Mieux encore, le film avait été sélectionné à la Semaine de la critique à Cannes. “La Femme du fossoyeur” est salué par la critique «Un film tourné à Djibouti, comme un qu’on voit rarement au cinéma», soulignait Charles Tesson. L’amour ne connaît aucune frontière, le drame non plus… Ce premier long métrage du jeune Khadar Ahmed est une histoire d’amour universelle inédite en ce sens qu’elle prend place dans la corne africaine, avec son environnement, ses us et coutumes Déjà projeté au Festival de Cannes.

 A l’issue de la projection du film, le public est tellement sous le  charme que la direction de l’IFD promet une rediffusion. Car « les images et la musique sont belles et les comédiens sont très bons ». “La Femme du fossoyeur” est donc un voyage au cœur du pays qui lui donne tout son charme. « La ministre de la jeunesse et de la Culture, Dr Hibo Moumin Assoweh et d’autres figures publiques, donnent un gage de succès au cinéma djiboutien et aux réalisateurs désireux de venir tourner leurs courts ou long métrage à Djibouti et permettre à de jeunes talents djiboutiens à percer dans le monde du cinéma » reconnait-on dans le public.

Il faut souligner enfin la collaboration active de la société logistique Dolphine et la société de production Samawada Films de Lula Ali Ismail ont collaboré dans la mise en place du tournage, tant dans le casting que dans le recrutement de l’équipe technique djiboutienne, etc. Sans oublier que “DHALINYARO” et “LAAN” de notre chère Lula Ali avaient déjà fait vivre le paysage, la culture et le quotidien djiboutiens dans le monde du cinéma. Comme quoi, le cinéma made in Djibouti aurait encore de beaux jours devant lui ? « Rêvons grand » pour reprendre la devise d’un prestigieux club de foot qui attend son heure de gloire !

MAS