Dans le cadre du lancement officiel de la candidature de Djibouti au siège non permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, le président de l’Autorité des Ports et des Zones Franches de Djibouti (APZFD), Aboubaker Omar Hadi, a tenu le 4 décembre 2019 un discours à New York, aux Etats-Unis.

Dans son discours, le président de l’APZFD a, en premier lieu, mis l’accent sur l’importance de la paix en Afrique, un élément vital pour un développement économique durable.

« La paix est un bon indicateur du succès économique », a-t-il expliqué tout en ajoutant que « la croissance économique est indispensable pour promouvoir la paix et la stabilité ».

Selon M. Hadi, « une croissance économique partagée au-delà des frontières et des communautés encourage les échanges, la coopération, l’intégration et la communication. « Développement et Paix » n’est pas seulement une expression – les deux concepts sont entrelacés », a-t-il dit.

En outre, le président de l’APZFD a salué la croissance économique africaine. « Le continent africain connaît une période de croissance sans précédent, tout à fait unique dans le monde », a-t-il indiqué.

« Faire progresser cette croissance de manière inclusive sera vital pour la paix et la stabilité du continent. C’est le programme que Djibouti est déterminé à mettre en œuvre », a-t-il martelé. Ensuite, M. Hadi n’a pas manqué d’exprimer la nécessité d’infrastructures tels que les chemins de fer, les routes, les ports et les aéroports, etc., pour un développement économique.   Aussi, il a soulevé les deux grands défis confrontés par l’Afrique. « La dépendance à l’égard des exportations de produits de base et le manque d’infrastructures de connexion menant à un commerce intra-africain limité», a-t-il précisé. En effet, bien que l’Afrique compte 16% de la population mondiale, le commerce interafricain ne représente au total que 2,5% du commerce mondial. Les échanges entre le continent africain ne représentent que 17% du total contre 69% en Europe, 59% en Asie et 35% en Amérique du Nord.

« Afin de résoudre le problème des infrastructures et de combler ce gap, la Banque africaine de développement estime un déficit de financement annuel d’environ 107 milliards de dollars américains », a indiqué le président de l’APZFD.

De surcroit, M. Hadi a rappelé que Djibouti, ayant tous ces défis dans l’esprit, a un rôle essentiel à jouer, car selon lui, « nous avons le devoir de le faire : libérer le potentiel commercial de l’Afrique ».

Compte tenu de cet objectif, au cours des cinq dernières années, nous avons réalisé d’énormes investissements dans les infrastructures. Rappelons que notre pays, situé au carrefour commercial entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie, a investi dans un réseau multimodal de ports, chemin de fer et routes. « En 2018 seulement, nous avons vu des produits d’une valeur de plus de 51 milliards USD transiter par nos ports. Si nous connectons plus de pays, nous pourrions facilement multiplier ce triple par 150 milliards de dollars. En 10 ans, nous pourrions facilement atteindre 1 500 milliards de dollars », a-t-il informé. « La dette n’est pas un problème, il existe un besoin énorme de développement des infrastructures en Afrique, le marché est là pour justifier l’investissement. Nous devons seulement être audacieux », a poursuivi M. Hadi.

Dans son discours, le président de l’APZFD a mentionné l’Accord de libre-échange continental africain ratifié cette année qui, selon lui, constitue un progrès historique. « Cet accord marque un nouveau chapitre de l’intégration continentale et de la croissance économique. Il constitue un signe d’engagement ferme des dirigeants de tout le continent à travailler ensemble pour réaliser de grandes ambitions », a-t-il suggéré. M. Hadi a rappelé que le continent noir est le seul continent à ne pas avoir de chemin de fer transcontinental et que le lien entre Djibouti et l’Éthiopie a stimulé les échanges bilatéraux. « Mais ce n’est que la première étape de ce que nous envisageons d’être un chemin de fer transcontinental – de Djibouti au Sénégal, en réduisant le fret cargo de quelques semaines à seulement 3 jours pour traverser le continent, de l’océan Indien à l’océan Atlantique », a-t-il indiqué à son audience. Le président de l’APZFD a mis en exergue l’importance de la numérisation. « La numérisation est un moyen de connectivité qui franchit les frontières et facilite les échanges plus rapidement que tout autre moyen. Pourtant, seulement 40% de la population est connecté à Internet »,a-t-il insisté.

« Djibouti est consciente de notre responsabilité particulière en ce qui concerne l’avenir du continent. Nous avons le privilège de disposer de neuf câbles sous-marins intercontinentaux reliant l’Afrique aux 4 autres continents. Djibouti est sur le point de jouer un rôle clé dans la réduction du “fossé numérique” », a-t-il affirmé.

Enfin, M Hadi n’a pas manqué de souligner qu’assurer une croissance inclusive et durable et la stabilité pour l’avenir nécessitera des investissements importants pour nos générations futures.

« A Djibouti, nous y parviendrons grâce à notre zone franche internationale qui créera plus de 350 000 emplois au cours des dix prochaines années. Au niveau continental, au moins 13 millions d’emplois sont prévus dans le cadre de l’Accord de libre-échange continental africain»,a -t-il déclaré avant de confier à son audience qu’ « à travers des projets récents, Djibouti est déjà un hub commercial et logistique et joue un rôle clé dans le renforcement de l’intégration régionale ».

D’autre part, le président de l’APZFD a rappelé le rôle de Djibouti, mais cette fois dans le domaine de la sécurité et de la sûreté du commerce maritime mondial.

Ainsi, M. Hadi a pris comme exemple deux évènements au cours desquels Djibouti a fourni assistance à des navires en détresse : un navire porte-conteneurs qui, en raison de fortes pluies a amarré à quai il y a presque 3 semaines dans l’un de nos ports et un autre navire en feu et à la dérive dans la mer Rouge qui a reçu l’aide nécessaire dans nos côtes maritimes.

« Djibouti était le seul pays de cette partie du monde à se doter des installations nécessaires pour accueillir de si grands navires. Nous ne sommes pas seulement là pour l’Afrique ; nous sommes là pour le monde »,a-t-il conclu.

Notons au passage que le président de l’Autorité des Ports et des Zones Franches de Djibouti, Aboubaker Omar Hadi, a tenu son discours à l’ONU devant des ambassadeurs et des représentants de plus de 30 pays.

Ibrahim Ahmed Djama