L’officialisation de la journée internationale de la femme coïncide avec l’année de l’indépendance de notre pays. Effectivement, c’est en 1977 que l’ONU invite tous les pays de la planète à célébrer une journée en faveur des droits des femmes. La « Journée internationale des femmes » fait ainsi partie des 87 journées internationales reconnues ou introduites par l’ONU. C’est une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société et de revendiquer plus d’égalité en droits. Traditionnellement, les groupes et associations de femmes militantes préparent des manifestations partout dans le monde, pour faire aboutir leurs revendications, améliorer la condition féminine, fêter les victoires et les avancées. Mais qu’en est-il de la situation de la femme djiboutienne ? Dans les institutions ou de la vie de tous les jours bénéficie-t-elle de tous ses droits ?

Tout au long de cet article, nous allons essayer de répondre à cette  double  question.

L’avancée des droits de la femme dans les institutions djiboutiennes est satisfaisante.  Les filles dès le plus jeune âge bénéficie des mêmes droits que les garçons (droit à l’éducation, abolition des mutilations génitales…)

Sur le marché du travail, la femme n’est pas mise à l’écart. Contrairement à dautres pays, quand la femme a le même diplôme que son collègue, elle bénéficie d’un salaire équivalent. Et n’oublions pas que la femme bénéficie d’un congé de maternité  de six mois depuis que le président Ismaïl Omar Guelleh a fait une  déclaration dans ce sens le 8 mars dernier.

La femme djiboutienne n’est pas abandonnée non plus lors des divorces ou de violences conjugales. Elle a le droit  à une pension et de la garde des enfants. Les femmes battues bénéficient d’une cellule d’écoute au siège de l’UNFD (l’union nationale des femmes djiboutiennes ) présidée par la première dame, madame Kadra Mahmoud Haïd. Elles sont prises en charge, guidées dans leur démarche, bien défendues.

Mais le problème est qu’une grande partie des femmes battues ne viennent pas demander de l’aide. Stigmatisée par une société encore patriarcale, la femme divorcée est souvent tenue pour responsable de la faillite du couple. Ainsi, pour éviter une telle situation, beaucoup de femmes ne partent se plaindre nulle part.  Elles s’aliènent volontairement de leurs droits.

Mais est-ce vraiment volontaire ? Je ne le pense. La société encore assez traditionaliste éduque les filles en leur faisant croire que le garçon doit toujours avoir tous les droits. La fillette dès son plus jeune âge apprend à servir son frère. De ce fait, on lui inculque de manière très peu implicite que l’homme est le chef auquel on doit soumission.

Dans leur mentalité, beaucoup d’hommes se croient encore supérieurs  à la femme. Quel Djiboutien n’a pas prononcé cette phrase qui dans sa connotation dénigre tant : ” Iskaa daa waa naag ee”? Je peux traduire ces mots en ces termes  :”Laisse la, c’est une femme (dans le sens être inférieur)”.

Certains hommes qu’on rencontre souvent dans les bus osent appeler les maternités : le garage.  La femme qui a le bonheur de devenir mère dans ces lieux est ainsi considérée comme un vulgaire automobile défaillant à réparer. C’est bien dommage.

Les institutions heureusement soutiennent la femme djiboutienne. L’existence des   droits de la femme sont bien une réalité à Djibouti. Mais pour que chaque femme puisse en profiter ” ce n’est pas demain la veille “. La mentalité   traditionnellement patriarcale dicte encore ses lois. La citadine éduquée peut se défendre si tel est son désir .Mais la femme en milieu rural est encore sous l’emprise d’une tradition qui la maintient comme être inférieur. Même le statut de mère lui est pleinement accordé si et seulement si elle compte dans sa progéniture un enfant mâle.

Finalement, la femme djiboutienne est reconnaissante aux institutions qui la soutiennent.

Quant à la mentalité, cette même femme peut la faire évoluer. C’est elle qui peut faire de son fils un homme respectueux envers les femmes ou au contraire un goujat.

Choukri Osman Guedi