Hier la salle de conférence du palais du peuple a abrité les travaux d’un atelier de réflexion sur les sports olympiques auquel plus de 250 participants issus des fédérations et des athlètes ont pris part.

Cette initiative organisée par le Comité National Olympique a vu la participation des dirigeants de toutes les organisations fédérales de sports du pays, une dizaine de coureurs de demi-fond qui ont interrompu le stage qu’ils effectuaient à Sullulta en Ethiopie. Il y avait également les représentants du secrétariat d’État, chargé des sports ainsi que les journalistes sportifs des différents médias.

Avant d’ouvrir le débat, la vice-présidente du comité olympique,Mme Fardouza a présenté le rôle et les missions du CNOSD, le secrétaire général Faissal Abdourahman a pour sa part exposé le bilan de Tokyo 2020, le programme des bourses olympiques et également parlé de l’équipe nationale d’athlétisme.

Ensuite, ce fut au tour de la présidente du comité national olympique Mme Aicha Ali Garad, initiatrice de la journée de réflexion de prendre la parole. Dans son intervention, elle n’a pas usé du langage de bois.

« Le sport Djiboutien est en difficulté, a –elle affirmé, nos résultats au niveau international sont catastrophiques.  Les principales questions qui se posent sont les suivantes : qui a failli à ses missions? – Le Comité National Olympique ? -Les fédérations nationales? – Les athlètes ? – Les entraîneurs ? – Le Ministère chargé des sports qui représente l’Etat ? Cette journée est une journée pour se dire la vérité.»

Pendant plus de 3h des sujets houleux et critiques ont été soulevés de part et d’autre, la responsabilité de chacun a été pointée du doigt. Les athlètes venus spécialement d’Ethiopie pour cette assise ont profité de cette occasion pour évoquer tous les difficultés qu’ils rencontrent en amont et en aval de chaque compétition. Les témoignages du champion Ayanleh Souleiman et de Moumin Guelleh ont été poignants et ont ému toute la salle. « On nous demande de défendre les couleurs nationales alors que notre situation est précaire » ont-ils dit avec rage.

Après le débat il a été procédé à l’élaboration des recommandations et le ton est annoncé dès l’introduction avec l’article 1 qui dit « à élever le sport au rang d’ Affaire de l’État en lui accordant une place prioritaire dans les plans de développement social et économique à venir, en égard au rôle mondialement reconnu au sport en tant que vecteur d’Éducation, de Solidarité, de Prospérité et de paix ».

L’article 7 va plus loin  puisqu’il demande “d’accorder un statut particulier aux  sportifs d’élite en tant que porte-drapeaux de la nation dans les compétitions internationales en leur consacrant un budget conséquent à hauteur de 300 million de franc qui soit géré au sein du comité National  olympique Djiboutien ».

Pour plus de  détails, veuillez lire ci-dessous l’intégralité des recommandations qui ont été adoptées par les membres de la grande famille des sports.

Les recommandations de la journée de réflexion

Après une large consultation du mouvement sportif et olympique national avec la participation des parties prenante le CNOSD appelle à :

1- élever le sport au rang d’ Affaire de l’ État en lui accordant une place prioritaire dans les plans de développement social et économique à venir, en égard au rôle mondialement reconnu au sport en tant que vecteur d’ Éducation, de Solidarité, de Prospérité et de paix;

2-réorganiser le secteur de l’Éducation Physique dans les Établissements Scolaires en tant que matière de base dans la formation des jeunes citoyens, dirigeants de demain

3- mettre en place un plan de formation et de recyclage des techniciens de l’élite qui leur permet d’ accéder à des formations de haut niveau international en tenant compte des nouvelles méthodes d’ entraînement et de l’ apport des nouvelles technologies dans la réalisation des performances ;

4-rationaliser l’exploitation des infrastructures et des équipements sportifs publics en les ouvrant gratuitement aux fédérations de façon à leur permettre une meilleure planification de leurs programmes;

5- octroyer aux sportifs faisant partie des sélections nationales ainsi que leur staff d’encadrement un passeport de service pour leur faciliter les déplacements à l’étranger  dans le cadre de leur stage d’entraînement et/ou leur participation aux compétions

6-Veiller à la mise en application stricte du décret n 2014-270 portant statut des sportifs de haut niveau et qui prévoit une récompense aux athlètes lors d’une victoire et selon leur performance

7- accorder un statut particulier aux  sportifs d’ élite en tant que porte-drapeaux de la nation dans les compétitions internationales en leur consacrant un budget conséquent a hauteur de 300million de franc qui soit géré au sein du comité National  olympique Djiboutien

8- Mettre en place une assurance pour les membres des équipes nationales

9- considérer à sa juste valeur, l’effort des fédérations nationales et les soutenir

10-Féliciter et encourager les athlètes d’élites pour leur victoire et leur défaites

11- Disposer d’un meilleur encadrement des équipes nationales en leur permettant d’accéder à des centres régionaux et internationaux.

12-constituer un comité de pilotage pour la mise en œuvre et le suivi de ces recommandations.

Ils ont dit…

Mme Aicha Ali Garad, présidente du comité national olympique

« Notre objectif est tout d’abord de faire le bilan de Tokyo 2020. A la fin de notre débat concevoir ensemble une feuille de route pour des meilleures perspectives des médailles pour Paris 2024.

Cette journée de réflexion a pour but de partager et d’échanger avec vous sur les difficultés que traversent les sports olympiques en général et l’athlétisme en particulier. Comme nous le savons, le sport Djiboutien est en difficulté, nos résultats au niveau international sont catastrophiques.  Les principales questions qui se posent sont les suivantes : qui a failli à ses missions ?

– Le Comité National Olympique ? – Les fédérations nationales ? – Les athlètes ? – Les entraîneurs ? – Le Ministère chargé des sports qui représente l’Etat ? Cette journée est une journée pour se dire la vérité.

– une journée pour comprendre et dresser les obstacles qui freinent ou handicapent nos athlètes.

– une journée pour responsabiliser les athlètes de haut niveau et toutes les parties prenantes. Cette journée de réflexions nous permettra à tous d’identifier, de corriger et d’améliorer ensemble les conditions de préparations de nos athlètes d’élite.  Les résultats de cette journée de réflexion va nous permette d’être au rendez-vous avec dignité  lors des  grandes compétitions internationales et les Jeux Olympiques. En résumé, l’activité sportive à l’échelle de l’élite ne peut se développer que si les athlètes sont déterminés à hisser haut leur drapeau national et que si l’Etat les prend totalement en charge.

Moumin Guelleh, athlète international, trois fois champion du semi-marathon de Djibouti

Cette journée a été pour nous les athlètes l’occasion de mettre en exergue les problèmes que nous avons rencontrés, pendant et après chaque compétition. On nous demande d’affronter des athlètes qui sont financièrement, matériellement et moralement mieux lotis que nous. Certes nous défendons les couleurs nationales mais il nous arrive souvent de perdre le moral et l’espoir avant des compétitions et ainsi d’abandonner les épreuves.  Il se trouve que des pays africains dont la situation laisse à désirer, prennent soin des leurs athlètes sur tous les plans. Il est arrivé à un certain nombre de nos coureurs de chercher des soins pour des blessures par manque de moyen financier et c’est souvent la présidente du comité olympique qui les prend en charge avec ses moyens personnels. Aujourd’hui nous avons évoqués de long en large tous nos soucis et problèmes et ceux-là ont fait l’objet des recommandations. Aicha Garad a pris l’engagement solennel de transmettre au président de la république son excellence Ismail Omar Guelleh ces recommandations et qu’à partir d’aujourd’hui les choses vont changer. A la fin des travaux les athlètes ont fais le serment de défendre avec fougue et hargne les couleurs nationales en jurant sur le drapeau. Qu’on nous donne les moyens et les outils nécessaire et nous saurons faire briller le drapeau national sur toutes les pistes de course.

Youssouf Ahmed Ibrahim alias Youssouf Africain, ancien dirigeant de la fédération de handball dans les années 80

L’initiative organisée aujourd’hui par le comité national olympique est une première dans l’histoire du sport national, je tiens à saluer la présidente du comité olympique qui a offert à tous ceux qui œuvrent de près ou de loin dans le développement de discuter avec franchise et sincérité, de mettre les points sur le i et de faire des propositions et des recommandations propices à l’épanouissement des athlètes et au développement des sports. Sincèrement je pense que ce genre d’assises permet d’avancer en s’inspirant des causes qui ont conduit à nos échecs.