La mangrove est un écosystème tropical. Elle sert d’interface entre le milieu terrestre et celui marin. La mangrove est souvent définie comme étant l’ensemble de la végétation (les palétuviers) qui se développe dans la zone de balancement des marées des régions littorales intertropicales. Une acception plus large considère la mangrove comme l’ensemble de l’écosystème colonisé par cette végétation.

La mangrove colonise des zones alimentées en eau douce et à l’abri des courants marins, comme les estuaires, les systèmes lagunaires, c’est-à-dire des zones calmes et peu profondes. Dans les régions tropicales, la mangrove occupe près de 75% du linéaire des côtes et deltas. Selon les estimations, elle recouvre 14 à 23 millions d’hectares à travers le monde.

Au niveau mondial, les mangroves sont réparties sur deux aires biogéographiques distinctes :

– l’aire orientale qui inclue les côtes est-africaines ainsi que celles de l’Asie et de l’Australie;

– l’aire occidentale qui s’étend le long des côtes atlantiques et de la côte pacifique américaine.

On peut distinguer 3 types de mangroves :

Ø les mangroves côtières, qui ont la particularité d’être mobiles, en fonction des déplacements des bancs de vase qu’elles colonisent ;

Ø les mangroves estuariennes, fixes, situées à l’embouchure et dans les deltas des fleuves ;

Ø les mangroves de récifs coralliens.

L’écosystème de mangrove est caractérisé par des conditions écologiques très particulières :

Ø une salinité très variable en fonction des apports en eau douce (précipitations, fleuves…),

Ø une eau pauvre en oxygène (anoxie due à une très importante activité bactérienne),

Ø un substrat meuble, instable (vase composée de sédiments apportés par les rivières, les écoulements…),

Ø une alternance exondation/inondation due au flux et reflux des marées, entraînant des périodes prolongées de dessiccation et d’immersion.

Dans ces conditions particulièrement contraignantes pour les organismes, seule une soixantaine d’espèces végétales est inféodée aux mangroves. Le terme générique de palétuvier désigne tout arbre ou arbuste capable de s’adapter à une vie en eau saumâtre peu profonde. La végétation spécifique de la mangrove dispose de mécanismes physiologiques adaptés à des conditions de vie très difficiles.

La mangrove est l’un des écosystèmes les plus productifs du monde. Elle serait aussi productive que la forêt tropicale humide. Un hectare de mangrove représente 300 tonnes de matière organique sèche et on produit environ 15 tonnes par an. La faune présente dans les mangroves n’est pas spécifique à ce milieu. Ces espèces sont rencontrées dans d’autres milieux littoraux (estuaires, lagunes), leur aire de répartition est vaste.

En République de Djibouti, les mangroves sont localisées dans les zones caractérisées par l’existence des oueds : huit aires de mangroves ont été identifiées sur tout le littoral. Les trois zones les plus importantes se trouvent toutes sur la Côte Nord entre Obock et Doumeira:

1.- La forêt de Godoriya

2.-  La forêt de Khor Angar

3.-  La forêt de Ras Siyan

Ailleurs, on en rencontre quelques reliques sur la côte sud entre Djibouti et Loyada, à l’embouchure de l’oued Ambouli, à proximité du palais présidentiel, ainsi que dans les Iles Moucha. Les forêts de mangroves couvrent au total environ 700-800 ha et se trouvent actuellement en régression sous les pressions des interactions des facteurs naturels et celles dues aux activités de l’homme.

Au niveau mondial, les mangroves figurent parmi les systèmes biologiques les plus menacés. Cette inquiétude est également partagée par notre pays car les aires de développement des mangroves font l’objet d’une surveillance et de mesures de sauvegarde particulières. Néanmoins ces écosystèmes continuent de subir de multiples agressions qui ont des origines très diverses.

En l’absence de sources d’énergie d’un coût abordable, le bois des mangroves est utilisé comme bois de feu par les communautés vivant près du littoral. A cela s’ajoutent les années de sécheresse qui ont engendré un afflux de nomades en nombre croissant dans la zone du littoral; en certains points, leurs chameaux paissent dans les mangroves.

Outre l’intervention directe de l’homme (coupe de bois pour faire la cuisine, construction des huttes), le développement urbain apparaît aussi comme un facteur de dégradation important des mangroves autour de Djibouti-ville.

Si on n’adopte pas dès maintenant une certaine sagesse écologique dans l’exploitation des mangroves, on encouragera leur destruction ainsi que celle des multiples espèces qu’elles abritent, plus vite que le taux de régénération naturel le permet et ceci engendrera un déficit de biodiversité.

Il est maintenant admis que le développement de la zone côtière doit être basé sur la compréhension de ses propres processus, appuyé par des moyens technologiques conséquents et des capacités socio-économiques pour obtenir un équilibre acceptable entre les bénéfices que l’on tire à court terme et la conservation du capital à long terme.

Ainsi, il y a un besoin urgent pour un développement contrôlé de cette zone. Il y a une nécessité de définir une méthodologie commune qui sera utilisée pour décrire la complexité des interactions entre le système des ressources et ces utilisateurs potentiels. Et il est urgent aussi de planifier et de contrôler ce processus d’une façon systématique et durable. Ce processus est appelé « Gestion Intégrée des Zones Côtières ».

Sur cette base de développement, Djibouti avec ses importantes zones côtières et ses diverses conditions naturelles, sociales et économiques, a commencé à travailler sur la gestion intégrée des zones côtières depuis 2004. Dans le cadre du premier projet PANA, la DEDD a entrepris la restauration de la mangrove de Khor Angar. Grâce à ce projet, 125 000 plantes d’avicennia marina et de Rhizophora mucronnata ont été plantés. Actuellement, la DEDD restaure la mangrove de Raysali. 

Le plan de gestion intégrée de la zone côtière de Djibouti est l’aboutissement de la volonté de la République de Djibouti de se donner les moyens d’un développement économique durable qui prenne soin de préserver les ressources marines et côtières sur lesquelles sont basées des activités économiques importantes telles que le tourisme, la pêche ou le transport maritime.

En effet, la zone côtière de Djibouti est un espace vital où se concentrent les populations, les infrastructures de communication (routes, ports, aéroport) et les principales activités économiques. Ce mouvement de concentration est appelé à s’accélérer dans les années à venir. Il s’agit donc, sans attendre, de prendre les mesures adéquates afin qu’un développement harmonieux du pays puisse se réaliser, au bénéfice des populations, tout en préservant les paysages, écosystèmes et espèces marins et côtiers.