« C’est pour moi un immense plaisir aujourd’hui d’assister au lancement de la foire combinée au forum de l’emploi. Un événement de grande envergure qui consacre notre volonté de bâtir une société du travail où la participation des forces jeunes et dynamiques de notre pays constitue la pierre angulaire. Le travail, c’est un droit humain. C’est en travaillant que l’on peut vivre décemment, éduquer  ses enfants, profiter de l’existence, apprendre à tisser des liens avec les autres. C’est aussi le travail qui permet de sortir de sa condition et de se faire une place dans la société. Autant le travail est un droit fondamental, autant la notion de l’emploi reste un élément assez relatif lié à des aléas socioéconomiques.

C’est la raison pour laquelle notre gouvernement a abandonné cette dernière notion dans l’appellation de ce grand ministère du travail qui autrefois était dénommé « ministère de l’emploi » et a privilégié la notion du travail qui est plus large, et donc plus inclusive. Un choix sémantique qui a un double sens. Le premier est que nous considérons que tout travail doit être décent et c’est notre humanité qui nous dicte cette morale. Le second est que notre appareil productif a besoin de travailleurs qualifiés pour être performant et compétitif. C’est vous dire que tout se tient et que les politiques publiques sont là pour offrir des solutions pérennes et des traitements de fond à des problématiques certes douloureuses qui mettent du temps à se résorber.

La lutte contre le chômage, c’est le sens de toute action politique et le combat de tout homme politique animé par le sens de la responsabilité. C’est également le devoir d’une combativité constante de toute la société mais aussi de chaque individu. Mon engagement premier a été la lutte contre le chômage et singulièrement celui de nos plus jeunes compatriotes, homme comme femme. Comme Djibouti n’a jamais manqué d’ambitions et encore moins de méthodes, j’ai cette conviction que je partage avec vous :

                1/ que notre pays jouit d’une réalité qui est que notre économie dispose d’un fort vivier d’emplois pas toujours exploités ;

                2/ que pour la méthode, les politiques que nous édictons  s’appuient sur le pragmatisme et non sur le dogme car le résultat quantifiable est notre seule boussole.

Notre port illustre bien cette dynamique car depuis sa modernisation, il a permis de générer près de 30 000 emplois directs. Que dire des activités connexes liées à cette chaîne logistique ? Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

Je ne reviendrais pas non plus sur les nombreuses reformes structurelles, ni sur les politiques de grandes travaux engagées dans les secteurs portuaires, énergétiques et de télécommunications engagées depuis 20 ans qui ont permis de créer bon nombre d’emplois; ni sur les acquis de la réforme de la protection sociale en faveur des travailleurs. 

C’est parce que je ne saurai m’inscrire dans ce discours politique qui dit “on a tout essayé contre le chômage,  mais…», qui me vient désormais le temps d’évoquer, on ne peut plus clairement les leviers essentiels pour booster davantage nos politiques publiques visant plus spécifiquement à accroître l’emploi :

                – Le premier levier, c’est celui de la commande publique et elle concerne les entreprises publiques qui doivent améliorer leurs empreintes contributives à l’emploi.

                – Le second levier, c’est la mise en place d’un dispositif qui facilite l’insertion professionnelle des jeunes qui ne sont ni en formation et qui n’ont pas d’emploi. Et cela passe par les contrats d’apprentis. A cela s’ajoute, un second dispositif pour améliorer toujours l’employabilité de nos jeunes et ce, par le biais des contrats d’alternance qui représente un double avantage à la fois pour nos jeunes et nos entreprises.

                – Le 3ème levier, c’est la fiscalité. La question du coût du travail peut être posée sans porter atteinte à notre système de protection sociale ni remettre en question les acquis sociaux. Cela suppose qu’il nous faudra réfléchir à un moyen de financement innovant et intelligent de notre solidarité nationale et pouvoir réfléchir à des allègements.

                – Le dernier levier, ce sont les investissements directs étrangers.  Ils doivent être socialement responsables avec une forte contribution à l’emploi et être un outil au service de transfert de compétences.

Capitalisme humain. La philosophie que je porte n’oppose pas les entreprises contre les salariés mais elle vise à bâtir un capitalisme humain tous ensemble. Car je crois au capitalisme humain, celui qui crée de la richesse grâce aux hommes. Oui, je crois au capitalisme humain qui investit dans l’avenir et qui porte les germes d’une économie inclusive.

Je me réjouis particulièrement que parmi les exposants, les invités d’aujourd’hui, qu’il y ait des chefs d’entreprise, des responsables d’entreprise, des structures d’insertion, des structures de formation et des services publics et des collectivités locales parce qu’on a besoin d’être tous ensemble pour réussir.

Chacun tient un bout de la solution mais la solution, elle, n’existe vraiment que quand on la construit ensemble sur le terrain. C’est pourquoi, je compte beaucoup sur l’implication des entrepreneurs, des employeurs, des décideurs publics. Pour nos jeunes, on se doit d’être mobilisés. Pour l’avenir, on se doit d’être mobilisés. Et moi je crois à l’engagement de chacun ici présent.

Je crois qu’il y a beaucoup de forces dans cet engagement qui nous permettra aussi de progresser dans la construction d’une société attachée à la valeur travail.

Mais pour ça, la dimension réseau est essentielle, la dimension partage des solutions est fondamentale. Et le rôle de l’État, ce n’est pas simplement d’édicter des normes et de les contrôler.

Mais c’est aussi d’être un État stratège qui prépare l’avenir et un État social qui protège et qui est garant de la solidarité nationale.

Merci donc à tous ceux qui ont rendu possible ce rendez-vous. Merci d’en faire un succès qui sera le prélude d’une vie professionnelle pour des milliers de jeunes djiboutiens plein de talents.

Puisse cette initiative se transformer en une tradition, un rendez-vous prometteur, le rendez-vous incontournable pour tous ceux qui espèrent accéder à un travail. »