Tout au long de l’entretien accordé à la chaîne de télévision « Al Jazira », le Président Ismaïl Omar Guelleh est resté égal à lui-même. Sans la moindre perturbation malgré la teneur de certaines questions choisies pour gêner, voir fâcher l’interviewé. C’est oublier à quel point les clameurs du peuple ont dopé le chef de l’Etat et consolidé sa confiance. Les réponses furent donc d’une parfaite clarté. A commencer par sa prochaine candidature aux élections présidentielles du mois d’avril 2021. 

Plus de 60 000 personnes parmi nos jeunes concitoyens ont levé le rideau ouvrant sur la scène d’un cinquième mandat. De Djibouti à Arta, de Tadjourah à Obock, de Dikhil à Ali Sabieh, partout dans le pays, des foules en liesse ont clamé haut et fort leur volonté de voir le président de la République poursuivre ses actions sur ce magnifique  parcours des programmes de développement économique et social initiés dès l’aube de ce 3ème millénaire. Bien sûr, les clameurs du peuple djiboutien et sa requête ne l’ont pas laissé indifférent. C’est la raison pour laquelle il lança un avis favorable au désir du peuple en acceptant de se représenter pour un cinquième mandat, aux toutes prochaines élections présidentielles, pour continuer de rester au service de la nation et de poursuivre sa politique : si telle est la volonté du peuple. C’est ce qu’il a clairement déclaré dans cet entretien accordé à la chaîne arabe Al-Jazira. 

En effet, dans ce pays épris de liberté, le pluralisme politique et la démocratie sont devenus une solide réalité et le reflet d’une profonde maturité de sa population. Et cette population n’a jamais caché son choix et l’exprimera encore une fois de façon démocratique. Pour le Président, c’est ce choix du peuple qui prime avant toute autre considération. 

Aujourd’hui, l’homme d’Etat qu’il est n’a presque plus rien à prouver et les résultats de ses promesses de campagne passées sont visibles sur le terrain. Malgré sa grande modestie, le Président Ismaïl a hissé le pays vers une position émergeante très enviée et une stabilité politique, économique et sociale des plus rassurantes. Faisant de la république de Djibouti un havre de paix, dans une Corne de l’Afrique  tourmentée par d’incessants conflits et un pays respecté à l’échelle régionale, continentale et internationale. 

Le succès du récent du sommet de l’Igad qui s’est tenu à Djibouti le jeudi 17 décembre 2020 et qui a réuni, pour la première fois depuis longtemps, un nombre important de représentants des pays membres, est le reflet de cette politique de paix que le leader djiboutien a toujours prôné depuis qu’il est à la tête des affaires de l’Etat. Homme de consensus, il a réussi au cours de ce sommet à mettre tout le monde autour d’une table et à privilégier le dialogue. Ni les différends frontaliers entre Djibouti et l’Erythrée ou encore entre l’Ethiopie et le Soudan, ni le problème somalien n’ont été étouffés ou passés sous silence. Tout les dossiers brûlants furent abordés dans la sérénité et le Président Ismaïl Omar Guelleh reste convaincu que tout règlement de litige doit se traiter au sein de cette organisation et faire preuve d’une «résolution négociée et consensuelle». Le chef de l’Etat n’a pas hésité à réaffirmer que la république Djibouti,  à cause des multiples liens culturels, familiaux, historiques et commerciaux, demeure très « attachée à la paix, à la stabilité, à la coexistence pacifique et à l’intégration régionale ».

Quelle autre analyse peut-on tirer de cet entretien ? Tout d’abord, nous avons senti une expression sincère, sans langue de bois et des convictions solides loin de toute influence extérieure. A l’image de la question israélienne où le Président maintien une position sans équivoque nourrie par une profonde certitude et une foi inébranlable que les récentes activités de rapprochement entre certains pays arabes et l’Etat hébreux n’ont en aucun cas provoqué le moindre doute. Proclamant un soutien sans réserve à la Palestine, il s’en tient à cette position claire, adoptée par ailleurs par la ligue arabe, qui exige le règlement du problème par  la concrétisation de la solution à deux Etats. Une solution favorable à une paix définitive et viable mais malheureusement, qu’Israël continue de refuser son réel aboutissement.  

Egal à lui même, le Président réaffirme encore une fois le soutien sans relâche que la république de Djibouti apporte au peuple frère somalien pour qu’il puisse s’assurer d’une stabilité durable et retrouver son rayonnement passé. Espérant de tout son cœur que les futures élections qui vont avoir lieu en Somalie soient couronnées de succès et que les attaques terroristes des Shebabs soient mises à terme.

Faisant le parallèle avec la Somalie, le chef de l’Etat djiboutien s’est exprimé sur la situation du Yémen et étalé, sans ambigüité, la solidarité et la compassion du peuple djiboutien à l’égard du peuple frère yéménite avec lequel le pays partage « des liens séculaires, privilégiés, tissés par le fil de l’Histoire et de la proximité géographique ». Déplorant cette crise profonde et meurtrière qui secoue le Yémen dont l’unité, fragilisé, a pu être sauvé  grâce à cette forte coalition qui s’est dressée pour empêcher l’écroulement de la nation yéménite.

Autre remarque, le Président s’est exprimé sans ambages sur tous les sujets qui gênent. A commencer par le litige frontalier entre l’Ethiopie et le Soudan. Le Président djiboutien estime, tout en tempérant ses propos, que l’affaire n’est autre qu’une petite escarmouche qui surgit de temps à autres du néant. Proclamant par là-même que le tracé des frontières réalisé entre les deux pays en 1902 restait l’unique repère valide à ce jour. Les deux pays voisins devraient donc tenir compte de cet élément et s’y conformer.

Ensuite, l’affaire du Nil et la crise entre l’Ethiopie, le Soudan et l’Egypte, déclenchée par le projet du Barrage de la Renaissance, n’a pas laissé le Président djiboutien indifférent. En homme de paix, il écarte d’un revers de la main toute  perspective d’escalade. Le Nil, qui est le plus grand fleuve du monde, draine, selon Ismaïl Omar Guelleh, suffisamment d’eau pour alimenter l’ensemble de ses riverains et, par conséquent, invite les pays concernés à privilégier une solution à l’amiable et à faire abstraction de toute forme de passion qui risquerait d’envenimer les relations et qui rendrait difficile cette conciliation tant souhaitée.

MAH