L’institut de recherche indépendant de la corne de l’Afrique (IRICA) a abrité jeudi dernier dans l’auditorium du centre de leadership et de l’entreprenariat, une conférence internationale intitulé « Adolescentes et jeunes adultes, parcours de vie, défis et perspectives », rappelons que ce colloque international a réuni  des chercheurs de l’université de Djibouti, de Hargeisa , de la somalie, des spécialistes de la  question du genre, des  avocats, des écrivains,des représentants de la DISED, la représentante de la FNUAP à Djibouti, Aicha Ibrahim Djama, des enseignants chercheurs, des spécialistes djiboutiens de la littérature africaine et linguistique  ainsi que de personnalité  de marque.

Les parcours de vie sont loin d’être des fleuves tranquilles au débit constant. La société djiboutienne connait un changement social important impactant fortement les relations de genre et les relations inter-générationnelles depuis quatre dernières décennies au moins.

C’est dans un contexte social particulier, les adolescents et jeunes adultes peinent à trouver leur place en l’absence d’un système efficace d’encadrement et de transmission de valeurs quelles qu’elles soient. Dans cette optique, plusieurs chercheurs djiboutiens, des experts et des universitaires ont convenu d’enquêter sur un thème ci-particulier qui est de l’adolescente et jeunes adultes, parcours de vie, défis et perspectives. A travers cette enquête, les chercheurs ont dégagé trois axes, les besoins spécifiques des adolescents et jeunes adultes à Djibouti, les parcours de vie et de défis et les perspectives d’avenir et enfin la prise en charge et l’encadrement des adolescents et des jeunes adultes.

Outre, les conférenciers ont abordé durant leurs débats, la santé reproductive des adolescents et des jeunes adultes, l’accès des femmes djiboutiennes dans les hauts fonctions du pays, les relations entre parents et adolescents, la difficulté des jeunes adultes à trouver une source des financements pour subvenir à leurs besoins et enfin le célibat prolongé des jeunes actifs.

Ils ont entre autre débattu de la sédentarisation massive de la population  qui a brutalement mis un terme aux formes traditionnelles de prise en charge et d’encadrement des adolescents et jeunes adultes avec la fin de l’encadrement des passages d’âge et des parcours de vie, etc.

Ces formes traditionnelles de prise en charge et d’encadrement n’ont pas été remplacées par d’autres.

Pire, la prise en charge et l’encadrement des adolescents et jeunes adultes, qui incombaient jusque là à la communauté co-résidente dans son ensemble, ont été laissés à la charge de la seule famille (de plus en plus nucléaire qui plus est) et du système scolaire qui n’a pas été conçu pour cela.

Au final, les adolescents et les jeunes adultes s’en sont trouvés livrés à eux-mêmes. Leurs comportements s’en sont retrouvés durablement altérés. Ceux qui ont quitté précocement le système scolaire ont développé des comportements déviants : consommation de drogue, intégration de gangs, violence. Ceux qui ont réussi à rester dans le système scolaire et qui en sont sortis diplômés ont été confrontés à des problèmes d’insertion liés à l’absence d’un réseau social permettant l’accès aux ressources emploi, logement, etc.

Ils ont ensuite été confrontés à l’organisation de leur parcours de vie. Ils ont du supporter seuls le financement de leur mariage, un événement dont la charge incombait traditionnellement à la famille. Naturellement, ceux qui ont été confrontés à ce problème sont ceux qui ont réussi à s’insérer sur le plan professionnel.

Les jeunes adultes dont l’insertion sociale et professionnelle a été contrariée pour une raison ou pour une autre n’ont pas pu planifier la fondation d’une famille. Nombreux sont ceux et celles qui ont été confrontés à des grossesses non désirées, aboutissant parfois à des mariages arrangés à la va-vite. Pour prévenir ce type de problème, d’autres (les filles en particulier) ont été obligées par leur famille d’accepter un mariage précoce.

Afin de comprendre les problèmes rencontrés et posés par cette catégorie sociale et de produire la connaissance scientifique souhaitée ainsi que des outils d’aide à la décision mobilisables pour une meilleure prise en charge et un meilleur encadrement, les chercheurs de l’IRICA ont  mené, sur l’ensemble du territoire national, des enquêtes auprès des adolescent(e)s et jeunes adultes en se basant sur les démarches d’analyse des rapports de genre.

SOUBER