En plus d’être actrice, réalisatrice, scénariste et productrice de films, Lula Ali Ismail est aussi une ambassadrice de l’élégance djiboutienne. Dans les grands festivals de cinéma internationaux, auxquels elle est de plus en plus conviée, la réalisatrice du long métrage DHALINYARO, ressent une fierté sans pareille. De retour de Djedah, en Arabie Saoudite où elle a pris part à la première édition du RedSea International Film Festival, Lula Ali Ismail, discrète, nous confie : « Représenter mon pays dans le monde du cinéma est juste magnifique ». Entretien.

Mme Lula, vous venez de participer à Djedah, en Arabie Saoudite, à la première édition du RedSea International Film Festival, un grand événement qui avait pour objectif principal de célébrer les nouveaux talents de l’industrie cinématographique du monde arabe. Que ressentez-vous ?

Une fierté sans pareille. Représenter mon pays dans un tel contexte est juste magnifique, Alhamdullilah. J’étais invitée à titre de réalisatrice par la Commission du Film Saoudien. Par la même occasion, je voudrais remercier Monsieur Abdullah Aleyaf, CEO de cette commission. Également, un grand remerciement à la Ministre de la Jeunesse et de la Culture et à l’ambassadeur de Djibouti en Arabie Saoudite.

Le public a pu découvrir près de 138 films de 67 pays dans 34 langues produits par une multitude de talents émergents. Est-ce que DHALINYARO, votre premier long-métrage, faisait partie des films qui ont été projetés ?

Malheureusement Dhalinyaro ne faisait pas partie des films qui ont été projetés car la date de sortie de mon film est de 2019, donc trop vieux. En revanche, le film intitulé « La femme du fossoyeur » de KhadarAyderous a été projeté. Un film entièrement tourné à Djibouti en 2020 avec un casting 99% djiboutien, 50% d’une équipe technique djiboutienne. N’oublions pas que ce même film était en compétition à Cannes 2021 dans la catégorie « Semaine de la Critique.»

Ces dernières années, l’on remarque de plus en plus votre présence aux grands festivals de cinéma africain, européen et arabe. La consécration d’une actrice et réalisatrice djiboutienne, en somme…Vous qui êtes considérés dans notre pays comme la « First Lady » du cinéma djiboutien.

Énormément de travail pour réaliser LAAN et DHALINYARO.  J’ai encore du chemin à faire car je n’ai que deux films à mon actif mais je suis très touchée par l’accueil qu’ils ont reçu ici et ailleurs. Mes films sont tout d’abord pour les Djiboutiens. C’est un véhicule magnifique qui permet de lancer les débats, qui permet de voir notre propre image. Bien-sûr, je suis très contente qu’ils soient bien reçus à l’international.

Au Fespaco, le réalisateur somalien Ahmed Khadar a remporté l’Étalon d’or pour son premier long-métrage « La femme du fossoyeur » tourné à Djibouti avec l’assistance de votre société de production “Samawada Films”. Que représente pour vous cette victoire ?

Ça représente une fierté à moi et à toute l’équipe qui ont pris part dans ce projet. Ça indique également que nous sommes prêts à recevoir les productions étrangères à venir tourner leurs films dans notre pays. Dans notre pays émergent, il est aujourd’hui possible de croire que la culture peut être un des moteurs pour le développement. Le cinéma au-delà d’être un art qui crée des emplois, permet d’instaurer des mécanismes de production qui deviennent une industrie.

Quels sont vos projets dans le court et moyen terme ? Comptez-vous réaliser d’autres œuvres ?

Je travaille actuellement sur l’écriture d’un scénario depuis l’été 2021.  Une fois que j’aurais une version solide, Samawada films entreprendra une levée de fonds dans le secteur privé et public djiboutien. Malheureusement, il n’existe pas encore un guichet pour mobiliser des fonds destinés aux productions des films. À savoir que ce projet de long-métrage intéresse déjà une société de production étrangère. Il est néanmoins crucial que le financement de nos films vienne en partie de chez nous.  Investir dans le cinéma djiboutien, c’est croire en notre potentiel, pour dire au monde que nous existons, que nous créons. C’est seulement à partir du moment où on crée notre propre contenu qu’on pourra dire notre vérité, notre perspective.