Le romancier relate dans ce livre les épreuves tragiques de l’immigration clandestine.

Pouvez-vous d’abord vous présenter à nos lecteurs ?

Je me nomme Yacine Daher Omar, ‘‘Yaas Daher’’. Je suis d’origine somalilandaise et panafricaniste. Je suis né à Mogadiscio. J’ai fait mes études en partie en Somalie et après  la guerre civile qui a sévi dans ce pays je me suis installé en France où j’ai pu continuer mes études. J’ai une formation de Géomètre, j’ai travaillé pendant dix ans comme maquettiste de modèle réduit de bâtiment dans une société de promoteur immobilier. Je suis  actuellement consultant en stratégie de développement et management transversal. Pour en venir à mes activités d’écriture, je ne me considère pas comme écrivain, car je n’ai fait que relater la vie quotidienne de mes semblables, surtout celles de ces compatriotes qui ont périe dans les océans et les mers et qui continue jusqu’à présent à mettre leurs vies en danger. Simplement parce qu’ils avaient entendu parler de l’Europe à partir de ceux qui fantasmaient à rejoindre ses côtes.

Quelles sont les aventures des voyages d’enfer clandestins qui ont fait l’objet de l’histoire de votre roman?

Mon livre intitulé ‘‘Migrant Avec Sa Palme D’or’’, décrit la souffrance endurée pendant le périple infernal par des migrants africains et leur désespoir en arrivant dans le soi-disant ‘‘Eldorado’’ tant désiré. Sachant que certains migrants n’arriveront jamais à leur destination finale. Je ne raconte pas une histoire romanesque, bien que par moments, elle devient rocambolesque. Il n’y a pas un iota de fiction dans ce récit, c’est un drame vécu et raconté sans détour.

Le Tahriib (l’immigration clandestine) est une tragédie sans précédent qui détruit des familles, des quartiers, des villages, qui compromet le développement de certaines régions, voire des pays entiers.  Imaginez,  l’investissement d’une famille pauvre qui a tout misé sur leur fils en sacrifiant beaucoup de choses pour l’envoyer à l’université pour qu’il soutienne la famille. Au bout de compte, la famille apprend le décès de leur fils, mort dans le naufrage d’un bateau en traversant la méditerranée. Beaucoup d’entre eux, ne parviennent pas à faire le deuil de leurs enfants ou proches, surtout quand elles apprennent les conditions effroyables de leur périple.  Certains subissent des violences de toutes sortes, tortures, viols, etc. et ne se remettent jamais de ces traumatismes. Certes, à l’instar de ces histoires de migrants qui se terminent mal, j’aurais pu raconter un récit qui se termine mal, mais puisque nous (Somalis) nous sommes plus bas que terre, nous avons besoin d’une petite lumière qui jaillisse dans le tunnel  qui redonne espoir en  l’avenir et c’est pour ça que le récit de Takar (le personnage principal de livre) enchante un peu….

Et les autres projets que vous voulez entreprendre suite à ce roman?

Je vais bientôt commencer à produire un film tiré de l’histoire de mon roman, pour cela j’ai discuté avec des producteurs de renommée internationale qui semblaient s’intéresser à mon histoire. Ce qui est  une extraordinaire nouvelle pour moi et pour Djibouti. Les producteurs et moi  sommes en discussion pour signer le contrat définitif et c’est pour cette raison que je suis à Djibouti pour étudier la faisabilité de ce projet et la préparation du terrain pour le tournage du film ici à Djibouti, qui est mon pays de cœur, un pays qui représente beaucoup de choses pour moi, un pays que je chéris véritablement. En outre, je suis en train de peaufiner, l’aboutissement final de deux nouveaux livres, l’un en somali ‘‘Sinji Waa Ma Guuraan, Danina waa seeto’’, et l’autre intitulé ‘‘La Chute Finale du Capitalisme’’ qui sera écrit en français.

Quel est le message que vous souhaitez transmettre à la jeunesse djiboutienne ?

C’est un atout majeur d’être jeune à Djibouti car la jeuneuse Djiboutienne l’une des plus formées dans la région. C’est un pays qui a su miser sur sa jeunesse en investissant sur le capital humain, alors il est temps que sa jeunesse renvoie l’ascenseur. Le patriotisme est un engagement entre le pays et le citoyen. Il faut qu’ils rendent ce que le pays leur avait octroyé, comme capital en les formant. Et  c’est ce qu’on appelle un patriote. Ce que je peux dire à la jeuneuse Djiboutienne, il faut qu’il croie en l’avenir de leur pays car Djibouti est en phase de décollage.

En ce qui me concerne je vois un avenir radieux pour Djibouti, alors c’est maintenant au jamais  de bien vouloir prendre une place convenable, mais il faut aimer sa patrie en s’investissant physiquement, mentalement, moralement et financièrement. S’ils font cela, je crois qu’ils iront en Europe ou ailleurs en tant que touristes, et non en tant que migrants, dans un futur proche. Mais c’est à condition de croire en  l’opportunité inestimable qu’il y a ici à Djibouti et en Afrique en général.

En tant qu’observateur extérieur, je constate le progrès indéniable réalisé dans tous les secteurs d’activités. Cela me ravit en tant que Somalien et Africain. La raison de ce succès étant fondée premièrement sur l’instauration et la sauvegarde de la paix. C’est  une raison cardinale pour  pérenniser cette paix, localement et régionalement, et la léguer à sa jeunesse qui  donnera les leaders de demain. Je leur répète inlassablement qu’il faut se prendre en mains et se retrousser les manches pour aider le pays à aller de l’avant. Ce qui fait la différence d’un pays, ce sont leurs citoyens tout d’abord, et ensuite leurs leaders.

Je salue le président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, et la première dame, Kadra Mahmoud Haid, pour leurs efforts constants axés sur le développement socio-économique du pays.  Je termine mon interview en disant à la jeunesse djiboutienne que leur futur se prépare aujourd’hui, leurs efforts d’aujourd’hui seront les fruits  qu’ils récolteront demain. Alors avancez, innovez et entreprenez.

Propos recueillis par Rachid Bayleh