« La séparation de la Radio et de la télévision a pour objectif la redynamisation de l’audio-visuel »

Le ministère de la Communication chargé des postes et des télécommunications a engagé une vaste réforme des médias visant à restructurer ce secteur  qui doit jouer pleinement son rôle à l’heure des Nouvelles technologies de l’information et de la communication. Pour en savoir plus sur cette réforme et ses tenants et aboutissants, nous avons rencontré notre ministre de tutelle M. Radwan Abdillahi Bahdon qui nous fait le point sur cette réforme qui vise à redynamiser l’environnement médiatique djiboutien.

La Nation : Monsieur le ministre, votre département compte mettre en œuvre bientôt une réforme de l’environnement médiatique de notre pays. Pouvez-vous nous donner des détails sur les tenants et aboutissants de cette réforme ?

Radwan Abdillahi Bahdon: La vision du Président de la République son Excellence  M. Ismail Omar Guelleh  dans le domaine de la communication est axée sur l’avènement d’une presse au service du développement du pays et s’acquittant de ses missions avec rigueur et professionnalisme.  Raison pour laquelle  mon département a lancé un projet de réforme de la presse écrite et de l’audiovisuel dont la finalité consiste à prendre les mesures appropriées pour atteler ce secteur aux grandes mutations technologiques du XXIe siècle.  L’accent sera mis tout particulièrement sur l’ADI (l’Agence Djiboutienne de l’information), qui représente le pivot central de l’information à Djibouti et la RTD. L’ADI doit fournir les informations en continu. Elle doit être redynamisée  et reprendre sa place de leader. Pour cela, nous allons aujourd’hui accélérer les choses et donc redynamiser au plus vite cette agence. D’où la nécessité  de  cette réforme qui est en cours. Il s’agit de  la réorganisation de  la presse écrite et audiovisuelle.

La Nation : Qu’en est-il de la séparation de la Radio et de la Télévision nationale ?

Cette séparation entre la Radio et la Télévision est effective et c’est une initiative du Président de la République son Excellence M .Ismail Omar Guelleh. Elle a également trait à ce cadre de réforme. C’est pour accélérer la redynamisation de l’audiovisuel que le processus a été enclenché et c’est en ce sens qu’il y a eu une communication sur  la  séparation entre la Radio et la Télévision. Il s’agit pour nous de permettre à travers cette réforme à la Radio de notre pays de retrouver son autonomie de jadis. Elle doit non seulement couvrir l’ensemble du territoire national mais aussi atteindre les pays de la région comme cela se faisait auparavant. Actuellement, les journalistes de la télévision sont en même temps ceux de la Radio. Cette pratique n’est plus en cours dans le monde d’aujourd’hui. Il faudra que chaque entité possède ses propres journalistes. Pour redynamiser et donner son autonomie de jadis à la RTD, nous sommes en train  donc  de procéder à la séparation de ces deux entités. La télévision  aura donc ses propres programmes et ses propres productions. Et la Radio aussi aura également ses journalistes qui vont faire leurs investigations sur le terrain et traiter les informations dans le contexte de la radio. Il y aura certes une collaboration, mais ils auront deux informations distinctes. Ils auront dans le domaine institutionnel un Directeur Général commun mais seront divisés  en deux directions distinctes. Dorénavant chaque entité gardera  ses propres journalistes.

Les médias numériques font florès grâce aux Nouvelles Technologie de l’Information et de la Communication (NTIC). Mais certains dérapages et de non respect à l’éthique et à la déontologie du journalisme existent. Comment comptez-vous réguler ce secteur et intervenir dans ce domaine ?

Comme vous le savez, l’audiovisuel est depuis ces dernières années concurrencé en grande partie par l’internet. Ce qui fait qu’elle se retrouve actuellement en arrière plan face au numérique. Et c’est pour cette raison que les réseaux sociaux sont devenus la principale source d’information. Cette réforme permettra donc à  la télévision de Djibouti de récupérer la place qu’elle occupait avant l’invention du numérique. Nous allons la mettre au diapason avec cette nouvelle technologie. Elle va donc à l’instar des grands pays du monde passer définitivement  au numérique. Nous avons en ce sens fait une commande de matériels pour numériser  complètement  notre télévision. Djibouti  a ratifié l’accord de Genève (GE-06) par lequel les pays signataires s’engagent à transformer leur diffusion télévisuelle de l’analogique vers le numérique. Dans ce sens, nous avons mis en place un projet et deux experts internationaux  ont été dépêchés  à Djibouti pour l’évaluation et la mise en place de  la TNT (la Télévision Numérique Terrestre). La qualité des images à la télévision djiboutienne va passer en haute définition (HD).

Actuellement, nous avons 7 chaines, donc des nouveautés sont en cours, lesquelles  vont nous permettre de remplir la grille des programmes de ces chaines tout en privilégiant les productions nationales. Nous devons être  en phase avec l’évolution technologique. Dans le cadre de la réforme,  des lois vont être  mises en œuvre pour délimiter les prérogatives du journaliste et de la source même de l’information. Les auteurs des fausses informations, des messages haineux, racistes, tribalistes et qui incitent à la violence, véhiculés à travers les réseaux sociaux seront également poursuivis en justice dans un cadre légal djiboutien. Actuellement  nous sommes  en train d’élaborer de nombreux  textes  juridiques  pour prévenir ce genre  de situation. Tous ces arsenaux juridiques que nous comptons mettre en place dans le cadre de cette réforme  vont nous permettre de lutter contre ces genres de fléau.

Interview réalisée par Rachid Bayleh