《 … Le rejet et l’élimination sous toutes ses formes, de l’injustice, des inégalités, des discriminations à l’égard des femmes resteront les motivations profondes du Président de la République M. Ismail Omar Guelleh dans son combat perpétuel pour l’amélioration de la condition féminine dans notre société… 》
La ministre de la Femme et de la Famille, Mme Mouna Osman Aden est en effet à la tête du ministère de la Femme et de la Famille depuis le Remaniement de mai 2021. Pour rappel, avant d’être appelée en 2016 au Gouvernement pour occuper le portefeuille des affaires sociales et de la solidarité, elle occupa des postes de responsabilité au sein du ministère de la Santé où elle fut remarquée en tant que Coordinatrice, pour une période de cinq ans, du Programme National de lutte contre le Paludisme financé par le Fonds Mondial à compter de 2005, puis en tant que Coordinatrice du Programme élargi de Vaccination pendant une année avant d’assumer les responsabilités de Directrice du Centre Antituberculeux pendant trois années et de Secrétaire Permanente du Comité de Coordination Multisectoriel et Inter partenaires pour le Fonds Mondial. Elle fut aussi Secrétaire Exécutive du Comité Intersectoriel de lutte contre le VIH/SIDA, le Paludisme et la Tuberculose, organe rattaché au ministère de la Santé et Conseillère Technique du ministre de la Santé en matière de VIH/SIDA, le Paludisme et de Tuberculose avant d’être membre du Gouvernement Djiboutien. Mme Mouna Osman Aden est d’autre part, membre du comité africain d’évaluation par les pairs en matière de protection sociale. Elle est également membre du Partenariat mondial pour une protection sociale universelle USP 2030. En qualité de ministre des Affaires Sociales et de la Solidarité, elle s’attacha d’abord à s’attaquer au cœur de ses attributions, qui est la lutte contre la pauvreté, en appliquant la même alliance entre le stratégique et le ponctuel, trouvant dans la Vision 2035 du Président de la République le cadre propice pour le développement d’une stratégie de lutte contre la vulnérabilité sociale à long terme.
• Madame la ministre, L’heure n’est pas au bilan évidemment, mais à peine êtes-vous arrivé e à la tête du MFF que l’on note déjà plusieurs actions notamment dans le cadre des ” 16 jours d’activisme”, en matière de ” l’ enfance “, ou encore dans les zones rurales. Vous avez aussi participé au forum des pays arabe. Quels sont les bienfaits de ces actions ? Comment concevez-vous vos actions ?
La Ministre Mouna Osman Aden : D’abord, je dois vous dire que je conçois mes fonctions de Ministre comme une mission de service public. Être ministre, ce n’est pas une carrière, c’est un effort continu en vue de réaliser des objectifs de développement, le plus vite possible. La célérité dans l’action est d’autant plus requise qu’elle vise la famille, structure de base de la société, la femme qui représente la moitié de la population et les enfants, générations montantes de notre pays et son véritable capital humain.
Dans ce contexte, je dis toujours à mes collaborateurs que nous devons être une équipe de résultats capable de faire bouger les lignes rapidement mais efficacement aussi.
J’ai en plus l’obligation politique et morale de concrétiser la vision et les choix du Président de la République qui m’a fait l’honneur de me confier ces responsabilités gouvernementales pour traiter de problématiques essentielles, complexes, urgentes mais combien exaltantes.
Dans ce sens, avec mon équipe et nos partenaires nationaux et étrangers, nous devons toujours viser plus haut et plus loin pour accélérer la promotion de la femme, des enfants et de la famille et être à la hauteur de la confiance du Chef de l’Etat et de son ambition pérenne pour ces catégories de notre population.
Concernant la femme, par exemple, permettez-moi de rappeler ici que, déjà, dans son message à la nation, le 31 décembre 2007, le Président de la République, Monsieur Ismail Omar Guelleh, avait déclaré : « Le rejet et l’élimination sous toutes ses formes, de l’injustice, des inégalités, des discriminations à l’égard des femmes resteront mes motivations profondes dans le combat pour l’amélioration de la condition féminine dans notre société».
D’autre part, il est important de dire qu’en tant que membre de la communauté internationale, nous nous devons de garder toujours en tête les objectifs du développement durable et la nécessité d’y parvenir malgré les barrières de toutes sortes où figurent en premier lieu les impacts désastreux de la pandémie sanitaire et des changements climatiques.
● Que signifie pour vous l’autonomisation de la femme ? Quels en sont les enjeux pour le développement d’un pays ?
L’autonomisation de la femme est la meilleure voie pour lui accorder ses droits essentiels, sa dignité et les moyens d’être une citoyenne à part entière
En effet, les États et les communautés ne peuvent atteindre des niveaux optimaux de bien-être social, économique et physique lorsque la moitié de la population (plus de 51% dans notre pays) est exclue ou fait l’objet de discriminations. Il s’agira d’abord d’améliorer l’accès à des services publics abordables et généralisés, tels que la garde des enfants, l’éducation , la santé et la protection sociale.
Il faudra également reconnaître et examiner les facteurs multiples qui affectent la capacité des femmes à accéder au marché du travail , tels que les mariages précoces, la grossesse chez les adolescentes, la violence basée sur le genre et les politiques discriminatoires qui entravent l’accès des femmes à l’éducation, à la participation politique et à des secteurs spécifiques du marché de l’emploi.
En outre, c’est un fait admis, l’absence d’autonomisation des femmes est un facteur essentiel de contribution à l’aggravation de la pauvreté. Le rapport des Nations Unies ” les femmes du monde 2015″ avait indiqué que le monde connaissait une féminisation de la pauvreté. Ce qui avait amené le mouvement mondial ” ONE ” qui milite pour mettre fin à l’extrême pauvreté et aux maladies évitables d’ici 2030 à lancer en 2016, une campagne mondiale sur le thème 《 La pauvreté est sexiste 》.
L’autonomisation des femmes est donc un enjeu moral puisqu’elle permet aux femmes de jouir de leurs droits humains essentiels et un défi de développement à relever pour construire des sociétés égalitaires et inclusives.
● En matière d’intégration et d’autonomisation, où en est-on avec la femme djiboutienne et surtout la femme « rurale »?
Nous convenons tous aujourd’hui que l’autonomisation des femmes suppose l’existence de préconditions que notre pays s’est employé à remplir dans une large mesure.
Il s’agit d’abord de faire évoluer la position et le statut social de la femme djiboutienne par l’accès à l’instruction et à l’information, à l’acquisition des compétences, à l’emploi au titre de salariée, à la participation à des activités associatives, à l’exercice d’AGR qui permettent l’accès à des ressources monétaires en dehors du cercle familial.
Il s’agit ensuite de faire évoluer les rapports sociaux de genre vers plus d’équité, voire d’égalité compte tenu des changements dans la situation de la femme (niveau d’instruction, rôle “économique”, etc.) ;
Il s’agit enfin de faire plus en matière de scolarisation des enfants en la rendant systématique, irréversible et sans différenciation entre garçons et filles et d’intensifier l’alphabétisation des filles et des femmes.
Compte tenu de ces prérequis, nous travaillons en ce moment sur la formation à la création d’AGR de même que sur le développement des capacités entrepreneuriales de ces AGR et à leur formalisation. Nous visons ici le cœur de la pauvreté où les femmes analphabètes figurent en premier lieu, mais nous pensons cibler également les diplômées de l’Université dont le chômage, dans le secteur salarié, commence à devenir préoccupant. Une stratégie d’inclusion par des start-up ouvertes sur l’innovation et les métiers de l’avenir sera proposée à ces dernières.
Dans ce contexte, outre les départements ministériels concernés au premier plan avec lesquels travaille le MFF, nous comptons nouer des relations de partenariat avec des institutions dont la valeur ajoutée est certaine en matière de développement de l’employabilité des femmes. Je citerais, ici, l’agence nationale de l’emploi, de la formation et de l’insertion professionnelle (ANEFIP) pour l’impulsion de l’emploi salarié et le Centre de leadership et de l’entrepreneuriat (CLE) pour amener les femmes porteuses de projets de nouvelle génération à créer des start-up à forte valeur ajoutée.
Les résultats obtenus par le Centre d’action sociale pour l’autonomisation des femmes (CASAF) montrent que ces résultats sont d’autant plus probants lorsque la connexion entre ce Centre et l’UNFD est plus étroite.
En conséquence de quoi, nous allons systématiser cette relation dans le cadre d’une convention de coopération entre les deux instances ouvrant la voie à une extension des AGR aux régions en mettant à profit le réseau étendu de l’UNFD et son expérience dans la mise en place de projets pour l’inclusion économique des femmes dans les régions.
Pour résumer, je dirais que notre plan stratégique d’autonomisation est fondé sur des préconditions où nous sommes bien avancées, que ce plan ne se suffit pas de la lutte contre la pauvreté mais vise aussi à créer la richesse et qu’il est conçu comme un ensemble de synergies d’accélération entre partenaires complémentaires.
● Vous êtes habilitée à élaborer et mettre en œuvre la politique relative à « la femme et à la famille. Quelles sont les grandes lignes de la nouvelle politique du département de « la femme et de la famille » que vous gérez ?
Notre défi aujourd’hui est de faire vite mais tout en veillant à garantir la pérennité des progrès accomplis par les femmes et en se fixant des objectifs, des cibles et des indicateurs de résultats et d’impacts.
Ces paramètres doivent être développés, suivis et évalués sur trois fronts d’égale importance : l’autonomisation des femmes, la protection des enfants et la promotion des activités communautaires.
En matière d’autonomisation, le ministère privilégiera les activités communautaires sources de synergies et d’accélération des résultats dans un cadre qui tient compte des spécificités sociologiques et culturelles locales. S’agissant du couple mère-enfant, notre deuxième front, le ministère s’attachera, en coordination avec ses partenaires nationaux et étrangers, à jeter les bases d’une société de mieux-être à travers l’élaboration, l’exécution et le suivi-évaluation de projets et programmes totalement intégrés dans les orientations stratégiques dessinées par la Vision 2035 et le nouveau Plan national de développement « Djibouti ICI ».
L’UNFD est une institution qui constitue un atout important dans la conduite, sur terrain, de la politique de la famille et qui devrait être, à cet effet, soutenue davantage par l’Etat.
L’Observatoire genre nous servira de plateforme de données capables d’éclairer l’action des Pouvoirs Publics tout en renseignant la communauté internationale sur les avancées que Djibouti aura réalisées sur la voie de la concrétisation des objectifs du développement durable.
● Le Président de la République a rehaussé le nombre des femmes au gouvernement de 3 à 6 femmes ce qui fait près de 25% ou du moins 23,07% des femmes ministres. Cela vient s’ajouter à la loi incluant le quota des femmes au Parlement à 25%. Quelles sont vos réactions ?
Je ne peux qu’être fière de ces avancées et confiante en la volonté politique du Président de la République qui démontre à chaque fois sa détermination à associer les femmes dans la gestion de la chose publique et à leur faire assumer de fortes responsabilités politiques et électives.
Aux femmes de démontrer toujours qu’elles méritent de cette confiance en cassant le mur des idées obsolètes et en s’armant d’esprit de dépassement.
● Le processus de développement des femmes impose sans doute des actions transversales. Qui sont vos partenaires ? Comment allez-vous créer une synergie entre vous et les autres départements concernés par le volet « femmes » ?
À l’instar d’autres ministères, le Département de la Femme et de la Famille a un caractère transversal qui l’amène naturellement à travailler en symbiose avec ses différents partenaires institutionnels, associatifs, privés et en collaboration avec les pays frères et amis, ses partenaires onusiens, ses bailleurs de fonds et les ONG internationales.
Du reste, nous travaillons en ce moment sur la formation d’un Groupe de Partenaires pour la Femme et l’Enfant (GPFE). Cette configuration nous évitera le recours à diverses instances de coordination sans compter que les projets, programmes et études bénéficieront d’une réflexion plurielle, d’informations partagées de nature à éviter les redondances et de financements transparents et plus efficients.
Mon insistance sur la complémentarité interinstitutionnelle et le partenariat avec la société civile trouve sa justification et son illustration dans les résultats probants de la méthodologie d’approche et de travail de l’UNFD avec tous ses partenaires.
Guidée par la Première Dame, son Excellence Madame Kadra Mahamoud Haid, l’UNFD a toujours puisé dans l’esprit militant de sa Présidente et son patriotisme les ressorts de cette prédisposition à travailler de concert avec les instances concernées par la cause des femmes.
Travailler en synergie fait gagner du temps et des moyens et s’avère être ainsi un acte de patriotisme. Merci à la Première Dame de nous donner l’exemple.
A l’occasion de la nouvelle année, quels souhaits avez-vous pour le pays?
Djibouti est aujourd’hui un havre de paix dans une région secouée par les conflits, la crise sanitaire mondiale et les effets destructeurs des changements climatiques.
Cette situation n’est pas fortuite. Elle est le résultat d’une intelligence aiguë de l’environnement régional par Son Excellence Monsieur Ismaïl Omar Guelleh, Président de la République. Nous lui devons cette situation singulière et confortable qui nous permet ainsi de nous concentrer sur les défis du développement de notre pays et de penser son avenir loin des turbulences et des tensions de notre sphère géographique régionale.
Dans ce contexte, et sous la conduite de notre Président, je ne peux espérer que plus de progrès pour notre pays et davantage de prospérité pour notre communauté nationale.
Votre dernier mot.
Les choix nationaux de Djibouti sont justes et pertinents. Il faudra, pour les faire avancer ériger davantage la valeur travail en culture et la solidarité sociale en crédo. Nous avons progressé malgré les défis, les obstacles et l’absence de richesses. C’est une performance qui montre que lorsque la volonté politique est forte au sommet de l’Etat et qu’elle est en symbiose avec le peuple rien ne pourra entraver la marche d’un pays vers le progrès et le bien-être.
Bravo à vous et Bonne Année à toutes et à tous !
Propos recueillis par FAHADEH
Source : le journal “le progrès”