Dans l’interview qui suit M. Sérgio Pimenta, vice-président régional d’IFC (Société financière internationale) pour l’Afrique nous parle des tenants et aboutissants de sa visite à Djibouti. « Notre stratégie à Djibouti vise à soutenir la transformation de l’économie en mettant en place les conditions d’une croissance durable et inclusive, tirée par le secteur privé. », a-t-il déclaré en substance.

Monsieur Sergio Pimenta, vous êtes à la tête d’une délégation  de la Société Financière Internationale en visite à Djibouti Quel est l’objectif de votre déplacement dans notre pays ?

Sachez, d’abord, que c’est ma première visite à Djibouti en tant que vice-président d’IFC pour l’Afrique. C’est donc un voyage très important pour moi et pour IFC ! Cette visite intervient aussi alors que l’économie de Djibouti reprend de la vigueur après le choc provoqué par la pandémie de COVID-19. La reprise a été forte en 2021 et la croissance devrait s’établir à près de 6% en moyenne cette année et l’an prochain. Ce sont des perspectives très positives. Néanmoins, et même si nous espérons que le pire de la pandémie est derrière nous, les difficultés économiques risquent de persister, au regard notamment des récents événements en Europe et aussi du contexte dans la corne de l’Afrique. C’est pourquoi nous devons redoubler d’efforts pour créer les conditions favorisant la croissance, la création d’emplois et le développement durable. Et pour cela, il est essentiel d’améliorer le climat des affaires et de renforcer les investissements du secteur privé. Le gouvernement de Djibouti a montré sa volonté d’entreprendre des réformes pour créer un secteur privé fort et dynamique. Ma visite et mes différentes rencontres, notamment avec le Président,. M. Ismaïl Omar Guelleh, le Premier ministre, M. Abdoulkader Kamil Mohamed et M. Ilyas Moussa Dawaleh Ministre de l’Economie et des Finances chargé de l’Industrie, ont donc pour but de témoigner de l’engagement d’IFC à soutenir Djibouti durant la reprise et voir comment nous pouvons collaborer avec les autorités, le secteur privé djiboutien et d’autres partenaires, pour appuyer le développement du secteur privé et créer plus et de meilleurs emplois pour les Djiboutiennes et Djiboutiens.

Pourriez-vous nous présenter IFC en quelques mots ?

IFC est un membre du Groupe de la Banque mondiale. Nous sommes la principale institution de développement axée sur le secteur privé dans les pays émergents. Nous sommes actifs dans plus de 100 pays et notre mission est de promouvoir le développement économique et d’améliorer les conditions de vie des populationsà travers l’essor du secteur privé. Notre action contribue à la réalisation du double objectif du Groupe de la Banque mondiale : mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. Nous nous y employons en apportant des financements, en créant de nouveaux marchés, en mobilisant d’autres investisseurs et en partageant notre expertise dans un certain nombre de domaines et de secteurs économiques, y compris les services financiers, le secteur agro-alimentaire et l’économie numérique. In fine, notre objectif est d’aider à créer des emplois et à améliorer les conditions de vie des populations, en particulier pour les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables.

Quels sont les projets d’IFC à Djibouti ?

Nous avons à la fois des programmes de financement et d’assistance technique à Djibouti. Nos opérations dans le pays s’élèvent actuellement à 13,7 millions de dollars et sont essentiellement consacrées au financement du commerce, au logement abordable et au développement hôtelier. Nous avons réalisé nos premiers financements à Djibouti lors du dernier exercice fiscal qui s’est terminé en juin 2021, et nous en sommes très fiers. Nous avons ainsi soutenu la East African Bank (EAB) afin de promouvoir le financement du commerce et le groupe hôtelier Onomo Hotels. Quant à nos programmes d’assistance technique, ils visent à favoriser l’accès de la population djiboutienne à des logements abordables et renforcer les capacités et les compétences de la EAB en matière de gestion des risques et du crédit. Enfin, l’équipe d’IFC chargée des activités Upstream, dont le rôle est d’étudier comment nous pouvons aider les pays à créer des marchés pour susciter de nouveaux investissements, travaille actuellement sur les secteurs de l’énergie et des télécommunications et sur le secteur financier. L’objectif est de déterminer dans quelle mesure ces secteurs sont susceptibles de se prêter à de futurs investissements.

Comment IFC soutient-elle le plan de développement « Vision 2035 » de Djibouti ?

Notre stratégie à Djibouti vise à soutenir la transformation de l’économie en mettant en place les conditions d’une croissance durable et inclusive, tirée par le secteur privé. Notre stratégie est en phase avec les propres objectifs de développement de Djibouti et s’inscrit dans la droite ligne de la « Vision 2035». Ce plan de développement, porté par les autorités djiboutiennes, met fortement l’accent sur le développement du secteur privé et la consolidation de la position stratégique de Djibouti à la porte de la mer Rouge. C’est une vision que nous partageons pleinement et que nous souhaitons soutenir. Concrètement, notre action à Djibouti s’articulera ainsi autour de quatre grands axes : l’amélioration du climat d’investissement et de la gouvernance ; le soutien aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME) ; le renforcement du secteur financier, notamment afin de favoriser l’accès au financement pour les entreprises et en particulier pour les PME ; et, enfin, la réduction des coûts auxquels sont confrontées les entreprises de Djibouti en favorisant notamment le développement des technologies de l’information et de la communication (TIC), des énergies renouvelables et du secteur financier.

Quels sont les secteurs qu’IFC considère comme prioritaires pour le développement de Djibouti ?

En 2021, IFC a réalisé un diagnostic du secteur privé à Djibouti afin d’orienter les activités du Groupe de la Banque mondiale dans le pays et maximiser les financements pour le développement. Ce diagnostic a permis d’identifier trois domaines clés où le renforcement des investissements du secteur privé peut avoir un grand impact sur le développement. Il s’agit d’abord de tirer parti de la position stratégique de Djibouti en Afrique et de ses infrastructures, comme son port maritime, pour en faire un « hub » régional pour le commerce, la logistique, les télécommunications et la finance. Djibouti a aussi une opportunité d’exploiter ses ressources naturelles pour diversifier son économie et ainsi favoriser la création d’emplois. Enfin, le troisième domaine porteur identifié par notre diagnostic est l’entreprenariat : il est en effet essentiel de stimuler l’esprit d’entreprise et le développement des MPE en développant le capital humain et en améliorant l’accès au financement. A l’ IFC, nous savons combien l’influence et les atouts de Djibouti sont immenses. Nous souhaitons en faire davantage pour que le pays puisse pleinement en tirer parti pour soutenir son développement économique et social.

Propos recueillis par Kenedid Ibrahim Houssein