Du 20 au 23 novembre, la République de Djibouti a connu des fortes précipitations qui ont causé la perte de vies humaines et endommagé les maisons d’un bon nombre de sinistrés.  Au total, 9 personnes  ont trouvé la mort. Les membres d’une seule famille de 6 personnes ont péri  suite  à l’affaissement d’une structure de leur maison à Balbala. Voici un bilan de la situation  après ces intempéries qui ont causé de nombreux dégâts matériels.

Selon les services de la météorologie plus de 150 mm d’eau sont tombés, c’est-à-dire l’équivalent de la quantité d’eau prévue pour une année sur le territoire national.

Vue l’étendue des dégâts, un plan ORSEC a été déclenché le jeudi  21 novembre par le gouvernement sous l’impulsion du Président de la République  afin de porter aide et assistance aux populations sinistrées.

En raison des dégâts matériels, plusieurs sites ont été aménagés pour accueillir et héberger provisoirement les sinistrés dont les logements sont totalement inondés. Plus de 5000 sinistrés ont été recensés et repartis dans 12 sites d’accueil aménagés pour l’occasion. Il s’agit au total  de 3500 familles (ménages) dont 2000 enfants selon les chiffres fournis par le ministère des Affaires sociales et des solidarités.  Ce département ministériel a estimé qu’au total 20.000 familles ont été sinistrées  à Djibouti.

Compte tenu de la situation, le ministère des Affaires sociales  et des solidarités s’est mobilisé pour apporter l’assistance humanitaire dans l’optique d’assurer  les besoins primaires  des sinistrés  à savoir un repas chaud servi trois fois par jour, des literies  et une assurance de l’hygiène  et de la propreté de l’ensemble des sites.

Aussi un élan de solidarité de la part des bonnes volontés la société civile s’est déclenché. Elles ont initié des opérations d’aide et assistance aux sinistrés en leur octroyant des produits de première nécessité.

Les élus, les associations, les ONG et des particuliers djiboutiens ont mis la main à la pâte.

Mobilisation  des moyens de l’Etat

Après ces intempéries les moyens des différents services de l’Etat ont été mobilisés au premier rang  desquels le  service de la projection civile et ceux de la préfecture de la ville de Djibouti qui  ont commencé des opérations de  pompage  des eaux sur les principales artères de la ville et les zones et quartiers  durement touchés par les inondations.

Les forces armées ne sont pas  en reste et ont participé à l’évacuation et à la mise à l’abri des sinistrés. Ainsi les forces armées  Djiboutienne (FAD), la Gendarmerie Nationale, la  Force Nationale de Police (FNP) , les gardes-côtes. Une répartition géographique des zones d’intervention des différents corps d’armée a été effectuée pour bien coordonner les opérations. Ainsi, ils ont pu apporter un appui logistique aux opérations de distributions des vivres et autres assistance  et ils ont assuré la sécurité des différents sites. Ils ont participé aux opérations de ramassage  des populations bloquées sur plusieurs endroits de la ville de Djibouti. Toutes les équipes des sous-préfectures et de la mairie mais aussi celles de l’ONEAD et de l’EDD ont été mobilisés.  Afin de permettre à la population d’appeler au secours et à l’aide, un numéro vert  a été mis en place pour assistance en cas d’urgence. Les forces étrangères présentes sur notre sol ont, elles aussi, participé aux opérations d’évacuations et assistances des populations sinistrées. Ainsi les forces françaises et chinoises  ont mis en place des équipes d’intervention  pour le pompage des eaux dans certaines zones très impactées par les inondations.

Après l’accueil et l’hébergement  des familles, un suivi en matière d’hygiène et d’environnement  sanitaire a été effectué par les services compétents. Ainsi le service d’hygiène en étroite collaboration avec le croissant rouge de Djibouti et le ministère des Affaires sociales  sont intervenus rapidement  pour désinfecter et purifier les lieux d’installations des populations sinistrées.

Des matériels de nettoyage (javel, sceau, sac à poubelle, gants ) ont été distribués.

Les services de l’Etat comme l’EDD et l’ONEAD se sont mobilisés aussi. L’EDD a déclenché dès la première heure des intempéries  un plan d’urgence et mis en place une cellule de crise qui coordonne l’ensemble de ses interventions aussi bien dans la capitale que dans les régions de l’intérieur. L’ensemble du service technique de l’EDD a été mobilisé. Jusqu’au 25 novembre,  ses équipes ont réalisé 750 interventions  suite à des dépannages divers.

Pour ce qui est  de l’ONEAD,  ce service s’est attelé à rétablir l’eau courante dans les différents quartiers  affectés par les intempéries et déboucher les canalisations d’assainissement qui  étaient obstrués par les déchets et autre détritus.

Le service des la voirie de Djibouti a,  quant à lui,  assuré le travail de collecte des déchets et d’ordures ménagères. Plusieurs centaines d’éboueurs et éboueuses ont été mobilisés. Munis de bennes tasseuses, de chargeurs  et de niveleuse, ils ont investi les quartiers inondés  pour nettoyer les détritus et  autres boues stagnantes.

Aide des partenaires au développement

Les agences du système des Nations Unies basées à Djibouti (le HCR,  le PAM, l’OIM, le PNUD et l’UNICEF) sont venues à la rescousse des populations sinistrées en mettant à leur disposition des motopompes, des kits d’hygiènes et des vivres pour les personnes évacuées dans les écoles et les centres de développement communautaire dans certains quartiers de la ville de Djibouti.

Il faut signaler que l’IGAD  a débloqué un fonds d’urgence de 50.000 dollars pour les sinistrés.

Une évaluation rapide des experts nationaux en collaboration avec les agences du Système des Nations Unies  est en cours  et permettra de débloquer des fonds d’urgence auprès des organisations internationales et multilatérales.

Quelles leçons tirer de ces intempéries ?

Ces pluies torrentielles sont venues alors que l’on s’y attendait le moins. Tout le monde a été pris au dépourvu. La météo annonçait il y a trois semaines des fortes précipitations mais tel n’a pas été le cas. Après avoir déclenché le plan ORSEC, le chef de l’Etat,  M. Ismaïl Omar Guelleh, a martelé que l’on doit tirer les leçons de ce désastre.  Il a ordonné qu’au niveau du trésor public un  fonds de 100 millions doit être disponible pour faire face à ce genre de calamités. Aussi, le système d’assainissement de notre capitale doit être revu de fond en comble. Celui-ci a montré ses limites et il faudra trouver une solution pour ses eaux usées stagnantes  dans les quartiers populaires, entraînant une situation sanitaire précaire pour les habitants. Comme l’accès à l’eau potable, l’assainissement doit devenir une priorité du gouvernement.

Autre conséquence des pluies diluviennes est le déclenchement possible de maladies comme la Diarrhée, le Cholera et autres maladies vectorielles. Le ministère de la Santé doit prendre toutes les dispositions pour prévenir l’éventualité d’une prolifération de ce genre d’épidémies. Après les inondations de 1994, 2004 et  le cyclone Sagar en mai 2018, , il est temps de tirer les leçons du passé et repenser tout notre système d’assainissement. Nous devons réorganiser  notre système de gestion des catastrophes qui doit être efficace et efficient et opérationnel à tout moment.  Une mobilisation de tous les acteurs doit être de mise. C’est le moment où notre traditionnelle  solidarité est plus que jamais nécessaire.

Tout le monde doit se retrousser les manches pour soulager un tant soit peu la souffrance des populations touchées par cette calamité naturelle.

Enfin, Il y a lieu de féliciter la société  civile et surtout les jeunes  volontaires djiboutiens qui ont porté  aide et assistance à leurs compatriotes affectés  par les intempéries.

Un élan spontané de solidarité  s’est enclenché. Surtout avec cette organisation nommée ” société civile solidaire” qui a fait un travail remarquable. Le slogan utilisé “par un djiboutien et pour un djiboutien” démontre  si besoin  était que nous pouvons  compter  sur nos propres  moyens. Chapeau  bas donc à cette  jeune ONG qui pourrait  dans l’avenir  servir  d’émulation pour les autres bonnes volontés du pays.

Kenedid Ibrahim