La salle de conférence du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MENSUR) a abrité le lundi 28 et le mardi 29 octobre 2019 un congrès réunissant des chercheurs nationaux (CERD et université de Djibouti principalement), régionaux et européens travaillant sur la valorisation des ressources naturelles terrestres et marines. Présidé par le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de Djibouti Dr. Nabil Mohamed Ahmed, ce congrès organisé par l’Institut de Recherches Médicinales (IRM) en collaboration avec la Direction des Systèmes d’Information (DSI) du Centre d’Etude et de Recherche de Djibouti (CERD), s’est déroulé en présence du Directeur Général de ce centre, Dr. Jalludin Mohamed et de la Directrice du département organisateur de ce congrès, Dr. Fatouma Mohamed Abdoul-latif.

Tout comme beaucoup de pays, Djibouti dispose d’un potentiel d’espèces de plantes répertoriées présentant un réel intérêt pour leur utilisation médicinale. L’exploitation de ce potentiel s’avère capitale, car la plupart des médicaments pharmaceutiques ont des effets secondaires néfastes pour la santé. Vue la dangerosité de certains produits synthétiques sur la santé et l’environnement, l’Institut de Recherches Médicinales (IRM) en collaboration avec la Direction des Systèmes d’Information (DSI) du Centre d’Etude et de Recherche de Djibouti (CERD), a organisé le lundi 28 et le mardi 29 octobre 2019 un congrès qui a réuni dans la salle de conférence du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MENSUR), des chercheurs nationaux et étrangers, travaillant sur la valorisation des ressources naturelles terrestres et marines. L’organisation de ce congrès arrive justement à un moment où le monde prend conscience de l’importance de la conservation de notre biodiversité.  Placée sous l’égide du ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Dr. Nabil Mohamed Ahmed, l’événement a également vu la participation du Directeur Général du CERD, Dr. Jalludin Mohamed et de la Directrice du département des Recherches Médicinales (IRM), Dr. Fatouma Mohamed Abdoul-Latif. Pour valoriser les ressources naturelles terrestres et marines de notre pays et encourager ainsi la conservation de la biodiversité, le département du CERD organisateur de ce congrès, cherche à mettre en évidence les substances naturelles et à encourager les recherches axées dans ce domaine.  Le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Dr. Nabil Mohamed Ahmed, qui a présidé la cérémonie inaugurale de ces assises, a dans son allocution félicité le département de son ministère, organisateur de cette rencontre. Il a par ailleurs, mis l’accent sur l’importance de l’utilisation des plantes dans le domaine de la pharmacologie et a encouragé les jeunes chercheurs du CERD et de l’université de Djibouti qui mènent des travaux de recherche dans ce domaine. Dr. Nabil Mohamed a en outre souligné l’importance de la conservation du patrimoine et de la biodiversité. «Aujourd’hui, nous avons un intérêt de plus en plus important dans la nature et plus particulièrement vers les plantes. Pour nous africains, c’est très important pour la valorisation de nos ressources. Car qui dit valorisation dit également conservation de ce patrimoine et cette biodiversité», a-t-il dit aux scientifiques en face de lui. Et de poursuivre, «Je voudrai au-delà des dimensions que vous allez avoir ce matin, de réfléchir à l’élargissement des champs d’interventions dans l’inventaire des plantes, de leurs utilisations, mais également de leurs préservations; de réfléchir à l’intérêt que peuvent apporter les biotechnologies». On entendait des propos similaires dans l’intervention du directeur général du CERD, Dr. Jalludin Mohamed. Quant à la directrice de l’Institut de Recherches Médicinales (IRM) Dr. Fatouma Mohamed Abdoul-latif, elle mit l’accent sur l’extinction des essences locales et la menace sur les savoirs traditionnels où leurs détenteurs sont en âge avancé ainsi que les différentes mesures de sauvegarde mises en œuvre par son département. «Un périmètre de mise en défense (25X10 m2) a été aménagé dans la région de Day, au Nord du pays. Ce pépinière héberge actuellement une douzaine d’espèces les plus menacées et leurs graines sont conservées. Cette arche de Noé grandit au rythme de la détérioration des conditions climatiques du pays» a-t-elle dit.   En ce qui concerne les guérisseurs qui ne partagent pas facilement le savoir immense qui constitue leur gagne pain, Dr. Fatouma Mohamed a ajouté : «Il a fallu construire une relation de confiance pour sauvegarder les connaissances millénaires dont ils disposent». Dans son intervention, la directrice de l’Institut de Recherches Médicinales a en outre indiqué que le premier livre recensant les identités et les usages des plantes médicinales Djiboutiennes a été édité aux Editions Universitaires Européennes en 2018.  Durant les deux jours de ces assises, une trentaine de travaux de recherche ont été présentés et discutés. Un nombre important de produits d’origines naturels ont en outre été exposés.

Cinq thématiques principales sont traitées au cours de cette rencontre scientifique de haut niveau, à savoir la Phytothérapie, l’homéopathie et l’ethnobotanique; la Phytochimie et la pharmacognosie; les innovations et les procédés phytopharmaceutiques et phyto-environnementaux; les activités biologiques, toxicités des substances naturelles; la biodiversité, l’environnement et la législation. Les conclusions de ce congrès serviront de leviers pour booster le développement de la phytothérapie ainsi que la valorisation des substances naturelles à Djibouti et dans le reste du monde. Une revue spéciale sur les données exposées sera d’ailleurs éditée en décembre prochain.

Rachid Bayleh

Le point avec… Dr Fatouma Mohamed Abdoul-Latif

Directrice de l’Institut de Recherches Médicinales du CERD

«Les substances d’origines naturelles ont fait et font toujours leurs preuves dans la santé»

«A l’aube du IIIème millénaire, l’humanité fait face à des défis majeurs environnementaux résultant de deux siècles d’industrialisation massive et d’utilisations des produits synthétiques et ultra transformés occasionnant parfois des échecs thérapeutiques et une montée fulgurante de l’anti-bio-résistance. Des cancers, des maladies cardiovasculaires et des diabètes explosent dans les quatre coins du monde. Les conséquences de la pression d’utilisation des médicaments s’illustrent avec un tableau sombre nécessitant la recherche d’autres alternatives. Parmi les alternatives, la recherche des substances d’origines naturelles à propriétés thérapeutiques semblent être la voix la plus prometteuse et efficiente. La prise de conscience de la dangerosité de certains produits synthétiques sur la santé et l’environnement prend de l’ampleur. Les interdictions et les restrictions de ces produits artificiels se multiplient et à l’inverse les demandes des substituts naturels explosent. Cependant, la recherche et le développement dans ce dernier domaine est entravé entre autres par les grands groupes pharmaceutiques et chimiques qui voient les Substances Naturelles comme un danger pour leurs bénéfices colossaux. Les substances d’origines naturelles ont fait et font toujours leurs preuves dans la santé. En effet, 45% des médicaments sont issus ou dérivés des Substances Naturelles. On peut citer par exemple l’anticancéreux comme le taxol et la vinblastine ou l’antimalariale et l’artémisinine. De plus, le savoir traditionnel transmis de générations en générations est un apport d’informations essentiel dans la recherche de nouvelles molécules bioactives. En effet, près de 74% des principes actifs d’origine végétale ont été découverts à partir des utilisations traditionnelles. Egalement les substances naturelles sont utilisées dans les dépollutions écologiques des agents polluants chimiques ou biologiques. L’herbier/alguier national au sein de l’IRM est désormais indexé dans ‘‘Index Herbariorum’’ sous le code ‘‘HND’’ géré par New York botanical garden.

Djibouti bénéficie d’un potentiel intéressant par sa biodiversité (marine et terrestre) et ses spécificités, liées notamment à sa position géographique favorable. La pluviométrie moyenne est faible, de l’ordre de 250 mm. Cependant, plus de 800 espèces sont répertoriées et leur adaptation dans ces conditions difficiles peut présenter un intérêt pour leurs utilisations médicinales. La mise en valeur de ce potentiel demeure encore quasi inexistante. Pour en définir les dimensions réelles, ce congrès est une rencontre pour évaluer scientifiquement la ressource, tout en mettant en évidence les substances d’intérêt et les orientations de recherches prioritaires».