L’Institut National de la Statistique de Djibouti, en collaboration avec le bureau local de l’Organisation Mondiale pour les Migrants, a organisé hier matin au palais du peuple un atelier où il était question d’assurer une meilleure coordination  des activités sur la migration en vue d’harmoniser les données nationales sur ce phénomène sous nos cieux. Il s’agit ici pour les participants de répondre à un questionnaire pays qui servira la troisième édition du rapport sur les statistiques concernant la migration de la main d’œuvre en Afrique.

La migration de la main d’œuvre est de nos jours un enjeu non seulement politique et économique mais également social et culturel. Pour mieux cerner cette problématique, l’institut national de la statistique à Djibouti a élaboré un questionnaire qui permettrait à notre pays d’avoir des données fiables dans ce domaine.

Pour compléter ledit questionnaire, l’institut de notre pays, en charge d’assurer la coordination technique des activités du système statistique national (INSD) a organisé hier matin au palais du peuple, un atelier qui a réuni des cadres de plusieurs ministères en charge de la thématique à savoir, le MFF, le MASS, l’ANEFIP et ceux des organisations telles que l’UNHCR, l’OIM.

Il s’agit ici pour ces participants de répondre le questionnaire pays sur la migration de la main d’œuvre qui servira non seulement selon les concepteurs de ce programme, à la troisième édition du rapport sur les statistiques de ce phénomène en Afrique mais de posséder également des données fiables sur la migration irrégulière.

Lors de la cérémonie inaugurale de cet atelier, le directeur général de l’INSD, Idriss Ali Soultan a, dans son allocution, indiqué que cette rencontre est la première d’une série de réunion dans ce domaine.

«L’un des plus grands défis de notre époque est de répondre efficacement aux déplacements de populations à grande échelle, et notamment aux mouvements de migrants en situation irrégulière sur lesquels il est particulièrement difficile d’obtenir des informations précises» a-t-il précisé. Idriss Ali a également mis en exergue l’ampleur du phénomène migratoire à Djibouti et les difficultés rencontrées par manque de données fiables.

«Les enjeux qui nous attendent sont de taille mais je suis convaincu que nous pouvons relever le défi, grâce à l’implication de toutes les parties prenantes. Au regard de la qualité des participants et de l’engagement de tous, je suis persuadé que des enseignements pertinents sortiront de vos échanges. Ils permettront à chacun de nous de jouer sa partition, pour favoriser une migration sûre, ordonnée et régulière au service du développement économique et social de notre pays» a-t-il lancé à l’endroit des participants avant de lancer officiellement les travaux de cet atelier.  

Rachid Bayleh

Le point avec…Idriss Ali Soultan

Directeur général de l’Institut National des Statistiques de Djibouti

«A l’instar d’autres pays africains, Djibouti est confronté à un problème de lacunes dans les données existantes sur la migration»

Comme vous le savez, la migration est aujourd’hui un phénomène planétaire qui affecte la vie de la plupart des gens à travers le monde. En 2019, on estima à 227 millions le nombre de migrants internationaux, et chaque année, le nombre de personnes qui franchissent une frontière internationale ne cesse d’augmenter. L’un des plus grands défis de notre époque est de répondre efficacement aux déplacements de populations à grande échelle, et notamment aux mouvements de migrants en situation irrégulière sur lesquels il est particulièrement difficile d’obtenir des informations précises. Notre région, la Corne de l’Afrique, n’est pas épargnée par les mouvements migratoires. En effet c’est une région caractérisée par d’intenses flux de migrations internes et internationales et ce depuis plusieurs décennies. Le nombre de migrants, de personnes déplacées internes et de réfugiés se chiffrent à des millions. Notre pays, en raison de sa position géostratégique en l’Afrique de l’Est et les Etats du Golfe, constitue de transit essentiel pour les flux, migratoires dans la région. Selon les estimations de l’OIM, environ 100 000 personnes arrivent chaque année à Djibouti (OIM, 2019).

A l’instar d’autres pays africains, Djibouti est confronté à un problème de lacunes dans les données existantes sur la migration. Sur certains aspects importants, il n’existe même quasiment aucune information.

Par exemple, nous ne connaissons pas à l’heure actuellement l’impact économique de migrants présent sur le territoire national et leur contribution à la croissance économique de notre pays. Les sources administratives des données existantes sur la migration à Djibouti proviennent de la police nationale, des gardes côtes, de l’office du tourisme, de l’ONARS, du ministère de l’emploi, du ministère des affaires étrangères, et de l’INSD. Les données collectées par ces différentes institutions sont dispensées et parfois difficilement accessibles et comparables. Une étroite collaboration entre nos départements s’avère donc nécessaire pour améliorer la production et le partage des données sur la migration dans notre pays. Le présent atelier de travail sur les statistiques migratoires à Djibouti se veut un creuset d’échanges entre les différents partenaires œuvrant dans le domaine des migrations dans notre pays. Au-delà de son objectif de remplissage de questionnaires sur la migration de la main d’œuvre et la migration irrégulière, cet atelier sera, je l’espère, le premier d’une série de rencontres périodiques entre nos différentes institutions pour une meilleure coordination de nos activités respectives sur la migration et pour œuvrer ensemble à l’harmonisation des données nationales sur la migration à Djibouti.