Les travaux de la 3ème conférence des ministres de l’éducation des pays de l’IGAD, ont débuté le lundi 6 décembre dernier, à l’hôtel Kempinski. Il s’agit ici pour l’Autorité intergouvernementale pour le développement de son acronyme en anglais IGAD, organisateur de ces assises de haut niveau, d’examiner les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Déclaration de Djibouti et de l’Appel à l’action d’Addis-Abeba, pour assurer l’inclusion des réfugiés, des rapatriés et des populations hôtes dans les systèmes éducatifs des pays membres de son organisation.

L’éducation est le bien public le plus lourdement impacté par les catastrophes d’origine humaine, naturelle ou sociale, notamment la pandémie de  la COVID-19. En effet, les multiples conflits et les catastrophes naturelles dus aux changements climatiques, qu’a connus la région de l’IGAD, au cours des dix dernières années, ont engendré les interruptions de l’éducation et des services connexes, détruisant ainsi les espoirs et les aspirations des personnes, dont les conséquences se font sentir pendant des générations.

En vue de remédier à cette problématique, qui aurait des conséquences graves quant au développement des pays de la région, l’Autorité Intergouvernemental pour le développement (IGAD), avait organisé il y a quatre ans de cela, jour pour jour, à Djibouti, une conférence, où les ministres de l’éducation nationale des pays membres, avaient adopté une décision permettant aux enfants des réfugiés, des expatriés et des populations hôtes d’intégrer dans les systèmes éducatifs nationaux au même titre que ceux des citoyens des pays d’accueil.

Mesurer les progrès réalisés en ce qui concerne la mise en œuvre de cette décision intitulée ‘‘Déclaration de Djibouti’’, notamment ralentie au cours des deux dernières années par la pandémie de la COVID-19, s’avère donc nécessaire pour l’IGAD, initiatrice de programme d’envergure.

C’est du moins le sens de la conférence de haut niveau dont les travaux ont débuté le lundi 6 décembre dernier à l’hôtel Kempinski.

Présidé par le secrétaire exécutif de l’IGAD, Workneh Gebeyehu, l’événement a vu la participation de l’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne à Djibouti, Michael Haeusler, le chef de la délégation de l’Union européenne sous nos cieux, l’ambassadeur Aidan O’Hara, du secrétaire général du ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, Mohamed Abdallah Mahyoub, la directrice de la division Santé et développement Social de l’IGAD, Fathia Alwan, du représentant du HCR à Djibouti, Yohondamkoul Sakor, de la représentante de l’organisation, ‘‘Education Cannot Wait’’, Fadela Novak-Irons, des représentants d’universités des pays de la région, des experts en système éducatifs et des représentants des organisations partenaires au développement comme la GIZ, l’UNICEF, la Banque mondiale, l’UNESCO,…etc.

Tout ce beau monde, devra au cours des 3 jours où se déroulent ces assises, examiner les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Déclaration de Djibouti et de l’Appel à l’action d’Addis-Abeba sur l’éducation des réfugiés, des rapatriés et des communautés d’accueil, adopter la feuille de route pour le cadre régional des qualifications de l’IGAD, échanger les leçons et les bonnes pratiques entre les États membres de l’IGAD dans le développement des plans de réponse pluriannuels chiffrés de l’éducation nationale, et discuter, entre autres, sur les voies et les moyens d’introduire le programme de bourses d’études de l’IGAD pour l’accès inclusif à l’enseignement supérieur par les étudiants réfugiés talentueux et éligibles, faire le point sur le statut du programme régional de formation des enseignants de l’IGAD. Au cours de la cérémonie inaugurale de cette conférence de haut niveau, le secrétaire exécutif de l’IGAD, Dr. Workneh Gebeyehu a dans son intervention, souligné l’importance de cette conférence qui selon lui «permettra de revenir sur les progrès accomplis et les leçons apprises, mais aussi de regarder vers l’avenir en réalisant des engagements régionaux et internationaux pour améliorer la vie de millions de personnes déplacées à travers le monde »

« En 2017, nos ministres en charge de l’éducation ont adopté la Déclaration de Djibouti, qui a défini les principaux domaines prioritaires pour une éducation équitable, inclusive et de qualité pour tous, avec un accent particulier sur l’éducation de notre population déplacée qui est la plus importante du continent» a-t-il rappelé. 

Dr. Gebeyehu a également mis l’accent sur les efforts réalisés dans ce domaine, par son organisation, au cours de ces quatre dernières années et s’est dit ravi des progrès remarquables  depuis l’adoption de cette Déclaration et l’appel à l’action d’Addis-Abeba entériné en décembre 2018.

 Pour le représentant du HCR à Djibouti, Yohondamkoul Sakor, qui l’a suivi, ‘‘cette réunion est crucial’’ car selon lui les attentes sont nombreuses en ce qui concerne le mise en œuvre des engagements pris en matière d’éducation des réfugiés mais également dans l’adoption des plans et des directives pour les trois prochaines années (2021-2025).

En ce qui concerne, la situation de l’éducation des réfugiés, le responsable onusien a indiqué qu’elle «ne semble pas bonne». «Il est nécessaire de plaider en permanence en faveur de politiques et de mesures renforcées et inclusives pour les étudiants réfugiés afin d’accélérer la scolarisation des réfugiés dans le système éducatif des pays d’accueil, aussi bien dans les enseignements primaires et secondaires que ceux des études universitaires» a souligné M. Yohondamkoul, alors représentant du HCR à Djibouti.

Quant au secrétaire général du MENFOP, Mohamed Abdallah Mahyoub qui représentait son ministre de tutelle à cette réunion de haut niveau, a rappelé que les pays de l’IGAD ont adopté au cours de la première conférence des ministres de l’éducation, tenue sous nos cieux il y a quatre ans de cela, la décision courageuse d’inclure les enfants réfugiées dans les systèmes de l’éducation nationale.  «Nous avions déclaré le droit inaliénable des enfants à une éducation quel que soit leur statut et nos pays de l’IGAD ont depuis beaucoup accompli en ce sens». Selon M. Abdallah Mahyoub cette décision prise, il y a quatre ans, a permis «à beaucoup de jeune d’espérer et de croire en l’avenir».

Rachid Bayleh

Le point avec…Dr. Workneh Gebeyehu

Secrétaire exécutif de l’IGAD

«Nous avons élaboré un outil de suivi des performances pour évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Déclaration de Djibouti»

«Comme vous le verrez au cours des trois prochains jours, l’IGAD, en partenariat avec différents partenaires et parties prenantes, a réussi à aider les États membres à élaborer leurs plans de réponse chiffrés en matière d’éducation nationale pour la mise en œuvre de la Déclaration de Djibouti ainsi que d’autres engagements régionaux et internationaux. En outre, l’IGAD a également élaboré un cadre politique régional complet en matière d’éducation et une stratégie régionale pour l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP).

En outre, l’IGAD a lancé deux initiatives régionales majeures :   – Un programme de bourses d’études visant principalement à aider les étudiants réfugiés, rapatriés ou issus de communautés d’accueil défavorisées.

–  Un programme régional de formation des enseignants qui vise à renforcer les aptitudes et les compétences des enseignants du secondaire dans les communautés d’accueil des réfugiés.

Ce programme pilote a débuté en février 2021 en Ethiopie, au Soudan et en Ouganda. Sur la base des enseignements tirés de la phase pilote de la formation, nous prévoyons d’étendre à la fois la portée et l’échelle de ce projet afin d’accroître la couverture et la diversité des compétences.

Nous avons également élaboré un outil de suivi des performances pour évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Déclaration de Djibouti et une feuille de route pour un cadre régional des qualifications. Ces deux outils seront examinés et adoptés lors de cette conférence, ce qui nous permettra d’avancer dans la mise en œuvre accélérée de la Déclaration.

À cet égard, je souhaite exprimer ma sincère gratitude à nos partenaires pour leur soutien financier et technique continu, notamment le gouvernement allemand par l’intermédiaire de la GIZ, L’éducation ne peut attendre, l’UNESCO, l’UNICEF, le HCR et l’UE.

Je voudrais encourager ces partenaires et bien d’autres à se joindre à nous pour soutenir l’agenda de l’éducation des réfugiés en tant qu’outil d’intégration régionale et l’un des éléments constitutifs de la reconstruction de la vie des individus, des familles et des communautés touchés par les conflits et les déplacements.»