Il y a de ces évènements qui marquent l’histoire d’un pays et le lancement en 2005 du Terminal Pétrolier de Doraleh fait parti de ceux qui resteront à jamais dans la mémoire collective du peuple djiboutien. Surtout, quand elle est contemporaine et que nous sommes-là pour témoigner et admirer le développement fulgurant de cette côte, jadis désertique, sur qui personne n’aurait parié un jour une telle transformation. Lorsque l’idée de construction de plusieurs ports émergea et que l’information se propagea peu à peu, la majorité d’entre nous afficha un sourire presque moqueur. Aujourd’hui, chacun salut la vision et le courage d’un Président bâtisseur qui, dès l’entame de son premier mandat, a voulu que son pays entre dans ce troisième millénaire par la grande porte. Et le Terminal Pétrolier de Doraleh marqua en caractère d’or le début de cette période glorieuse qui continue d’étonner tout en suivant son cours. Ce Terminal, qui est unique dans la région, fut donc le premier chef d’œuvre réalisé sur le littoral presque 118 ans après la construction de l’ancien port de Djibouti. Ses qualités, ses capacités et ses performances restent encore de nos jours tout simplement extraordinaires et se positionne très vite comme un important acteur économique de la République de Djibouti. Jugez vous-même !
Située sur une route maritime à grande circulation, Djibouti possède un littoral stratégique hors du commun sur ce détroit de Bab el Mandeb très convoité et considéré comme l’une des plus importantes voies de navigation et d’acheminement du pétrole. Débouché méridional de la mer Rouge, le pays offre en effet, un accès direct à un marché régional en pleine croissance.
A l’image de ce géant voisin et ami qu’est l’Ethiopie. Ses perspectives de croissance à moyen et long termes sont excellentes. Elles sont confortées par des investissements privés importants, engagés dans les secteurs de la production, du bâtiment et des infrastructures de communication, qui permettent de renforcer la santé économique de l’Ethiopie. S’ajoute à cela, les premières retombées de la politique d’intégration régionale initié par les dirigeants de nos deux pays.
Tous les paramètres devinrent donc favorables malgré une démographie galopante ; et, au fil des années, la consommation des produits pétroliers ne cessa de croître.
Le lancement des activités du Terminal de Doraleh, venait donc à point nommé. Ce projet grandiose fut planifié dès le départ, pour être réalisé en 4 phases. Les deux premières phases, respectivement d’une capacité de 239 650 m³ et 131 500 m³, avaient démarré au mois de Mars 2004 pour s’achever au mois de Septembre 2006. Un vent révolutionnaire vient de balayer tous les vestiges du passé.
Mais qu’a-t-il de plus ce Terminal flambant neuf ?
Pour mieux saisir l’ampleur du changement, sachez que le Terminal s’est caractérisé non seulement par sa possibilité d’accueillir des navires ayant un tirant d’eau de 20 mètres mais, également par son volume de stockage qui s’élève à 399 000 m³. Il est géré par la société «Horizon Djibouti Terminal Limited» (HDTL) dont l’objectif principal est de devenir un incontournable centre d’approvisionnement local, régional et international en matière d’hydrocarbures.
Ce volume est réparti entre la consommation courante de Djibouti, de l’Ethiopie et de la Somalie ; ainsi qu’un stockage stratégique important appartenant aux Forces Armées Américaine stationnées dans le pays.
Horizon Djibouti Terminal Limited est une société multinationale dont le capital est partagé entre « Horizon Terminals Ltd » (filiale d’Emirates National Oil Company de Dubaï) actionnaire majoritaire, le gouvernement djiboutien et des investisseurs privés. Emirates National Oil Company Ltd (ENOC) est une compagnie pétrolière qui a développée ses activités, à travers sa société Horizon, sur des terminaux situés aux Émirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite avant d’élargir son rayon d’action et de s’implanter en Extrême-Orient et en Afrique en 2003. Djibouti étant le premier dépôt du groupe Horizon réalisé en dehors des Emirats Arabes Unis, une porte d’entrée du marché africain et un modèle d’encouragement pour les investissements qui ont suivi. C’est-à-dire les terminaux de Singapour, d’Arabie Saoudite et de Tanger (Maroc).
C’est dans un contexte global de développement qu’est née le Terminal de Doraleh. Et dès 2007, le volume traité caracole à plus de 3,1 millions de m³, contre 2 millions de m² en 2006 : 90 % de ces produits pétroliers étant destiné à l’Éthiopie. Pour assurer l’acheminement de ces hydrocarbures, plus de mille camions font tous les jours la navette entre le Terminal de Doraleh et les milliers de points de distribution du territoire Éthiopien. Faisant de ce corridor, l’un des plus importants d’Afrique sinon le plus important.
Pour accueillir cet énorme flux de poids lourd, une aire de stationnement et d’attente a été créée dans la commune de Balbala, au PK12, et un système informatique sophistiqué gère les rotations et les ordres de remplissage des camions citernes.
Les installations de pointe du Terminal de Doraleh ont une capacité globale de chargement fixé 600 camions par jour. Actuellement, le Terminal charge en moyenne 350 à 400 camions par jour. Par ailleurs, utilisant une technologie de pointe de dernière génération, le Terminal pétrolier de Doraleh a été conçu pour s’adapter parfaitement et répondre de manière efficace et économique aux exigences de stockage locales, régionales et commerciales des produits pétroliers raffinés et aux délais de chargement des camions ; bénéficiant d’un équipement intégré et entièrement automatisé pour tenir la cadence. Avec une jetée au tirant d’eau profond, une grande capacité de ses réservoirs, ses 16 bais équipées de 30 bras de chargement et son emplacement géographique au carrefour des principales voies de navigation, le Terminal devient encore plus attractif et acquiert un label pour le moins stratégique.
Autre particularité, toutes les activités du Terminal son entièrement exécutées par un personnel local compétent et bien formé ; composé de 200 nationaux (100 employés permanents et 100 contractuels). Et fait rare, le personnel du Terminal a augmenté de 67% depuis 2005.
C’est l’image d’une structure devenue un véritable hub régional. Un hub qui distribue les différentes qualités de produits pétroliers raffinés. Ainsi chaque année, près de 3 millions de m³ de ces produits, en provenance des raffineries Saoudiennes et Koweïtiennes, sont distribués par le Terminal.
Le Terminal de Doraleh collectionne les certifications internationales tant dans le domaine de la qualité de ses services que des systèmes de gestion de la santé, de la sécurité au travail et de l’environnement. Remplissant ainsi toutes les normes requises pour obtenir les spécifications garantissant l’existence d’un professionnalisme de haut niveau. Une simple anecdote démontre le savoir faire et l’efficacité des activités du Terminal Pétrolier de Doraleh. Au mois de juin 2020, les autorités Ethiopiennes préviennent la direction d’Horizon de l’arrivée d’une grosse commande de carburant ordinaire à bord d’un super tanker dénommé MT Sanmar Santor. Leurs soucis : la capacité de déchargement de ce navire gigantesque ! En effet, vider 60 000 M3 dans un délai très court n’est pas une mince affaire. Pour faire face à cet évènement et relever le défi, le Directeur du Terminal a dû prendre toutes ses dispositions et s’organiser au mieux pour assurer la tâche. Pourquoi ? Parce que le bateau était imprévu dans le planning mensuel des navires éthiopiens. Dès lors, il a fallu effectuer d’importantes modifications sur les infrastructures et réaliser l’opération dans un délai très court, tout en évitant de perturber le travail quotidien. Le résultat surprendra bien du monde. En effet, à partir du 18 juin, commence le déchargement qui s’achèvera le 26. C’est-à-dire une prouesse de 8 jours. L’Ethiopian Petroleum Supply Enterprise (EPSE), qui est le seul importateur des produits pétroliers en Ethiopie, a d’ailleurs salué la performance et n’a pas hésité à envoyer au Directeur d’Horizon Djibouti, un e-mail de reconnaissance.
Pour mieux comprendre le niveau de coopération entre Horizon et l’entreprise publique Ethiopienne, nous avons voulu savoir davantage en demandant l’avis du PDG d’EPSE M.Tadesse Hailemariam. Cette entreprise qu’il dirige étant chargée d’importer tous les produits pétroliers dont a besoin ce pays mais également de stocker, gérer et administrer ses réserves stratégiques. M.Tadesse Hailemariam, qui a eu l’amabilité de répondre à cette question par Email, nous a affirmé que le Terminal de Doraleh « est un fournisseur de services pionnier depuis plus de quinze ans pour gérer et transférer des produits vers l’Éthiopie. Tout au long de ces périodes, la collaboration entre HDTL et EPSE a été très étroite et basée sur la compréhension mutuelle et la coopération, qui se manifeste par des services adéquats, ininterrompus et hautement professionnels. Ce service responsable a abouti à un système d’approvisionnement et de distribution de carburant très fluide en Éthiopie. Pour les années à venir, nous cherchons à moderniser la logistique et travaillons en étroite collaboration pour desservir le Terminal Horizon à la ligne de chemin de fer qui relie nos deux pays. Le Terminal de Doraleh prend une part très importante dans la qualité de notre système d’approvisionnement et de distribution des produits pétroliers. Et ceci, grâce à sa parfaite gestion, sa compétente et son professionnalisme. Nous sommes donc très satisfait et ravis de continuer de travailler avec HDTL pour les années à venir».
La demande actuelle de l’Éthiopie en matière de produits pétroliers est de plus de 5 millions de M3. 95% de ces besoins était importé via Horizon Djibouti Terminal (HDTL) et les 5% restant (essentiellement de l’essence) provenaient du Soudan. Cependant, depuis mars 2020, le terminal de Doraleh assure l’approvisionnement de la totalité des produits pétroliers importés par l’Ethiopie. Les besoins de cet immense pays augmentent chaque année de 10% et la croissance du marché régional suit les mêmes proportions. C’est la raison pour laquelle les responsables d’Horizon, après avoir obtenu le feu vert du Gouvernement Djiboutien, vont lancer bientôt la troisième phase du projet d’extension du Terminal pétrolier. Cette extension augmentera de 35% les capacités de stockage de ses cuves qui vont passer désormais à près de 500 000 m³. Sans oublier le lancement de la deuxième phase du projet d’extension du GPL dont la capacité totale de stockage sera augmenté de 6 000 m3. Le Terminal de Doraleh attend avec impatience sa connexion avec la ligne de chemin de fer pour pouvoir assurer l’exportation par voie ferroviaire des produits pétroliers vers l’Éthiopie.
Un marché régional en pleine expansion
L’intégration régionale chère au Président de la République a déjà commencé à poser ses premiers jalons. Djibouti et l’Ethiopie montrant l’exemple par la concrétisation de pas mal de projets dont la modernisation des anciennes voies de communication et la création de nouvelles. A l’exemple de la route de Balho qui a été ouverte à la circulation. Par ailleurs le port de Tadjourah vient également de démarrer ses activités et prêt à servir de tremplin aux richesses souterraines des régions Nord de l’Ethiopie. Le Sud Soudan consolide petit-à-petit cette paix que Djibouti et toute la région attendait avec impatience. Le financement d’un quatrième corridor, Loyada-Borama-Jigjiga, est à l’étude et l’ébullition économique est totale dans la sous région. Le projet de raffinerie du complexe industriel de Damerjog, une fois réalisé, réduira les coûts d’approvisionnement et les délais de livraison des produits pétroliers destinés à la consommation régionale et le Terminal pétrolier de Damerjog ne fera que renforcer les capacités de stockage de la République de Djibouti. Tant que l’énergie fossile dominera le monde, tant que l’essentiel de notre existence dépendra de son usage, le Terminal de Doraleh ne chômera pas et ses activités resteront florissantes.
Finalement, la stratégie de développement mise en place par le gouvernement, sous la houlette du Président Ismaïl Omar Guelleh, pour augmenter la capacité et la qualité des infrastructures de service, est une grande réussite. La vision continue à donner ses fruits et la marche en avant du pays s’effectue à un pas sûr et rassurant à la fois. On ne peut que s’en féliciter !
A.A.-MAHE