C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Mohamed Ali Houmed, alias Kamal Hadji Ali, survenu hier, mardi 7 janvier 2020, à Djibouti. Officier de l’Ordre du 27 Juin et détenteur de la Grande Etoile de la Culture, Kamal était une figure emblématique du paysage artistique de notre pays. Chanteur, musicien, danseur et compositeur, le défunt était parmi les artistes nationaux qui ont participé à la lutte de l’indépendance de notre pays. Depuis l’annonce de sa disparition, tous les artistes et  journalistes nationaux rendent hommage à celui qui était considéré comme «l’un des piliers de la musique djiboutienne».

Issu de la famille du sultanat de Gobaad, Kamal Hadji Ali était non seulement un musicien très talentueux, mais il était aussi un homme merveilleux, que tous ceux qu’il côtoyait ne pouvaient qu’aimer. Né en 1948, Mohamed Ali Houmed, alias Kamal, a d’abord fait ses études primaires à Djibouti, puis à Addis-Abeba au lycée Guebre Mariam. Il débute sa carrière en 1969 avec le groupe Data Maco animé alors par Hassan Dalga et Houmed Lacde. Artiste polyvalent, la batterie, la guitare, le piano ou encore le Oud n’ont pas de secret pour lui. Kamal ne se produit pas seulement avec les groupes afar, il a aussi joué la batterie avec le groupe Arrey où il y avait déjà le défunt guitariste et chanteur Abdi Ibrahim Bowbow, Karshilé, et une certaine Neima Djama avec sa chanson ‘‘MIIRAN HOOYADAY’’. Ce n’est pas tout.

L’homme était un fédérateur. Rassembler les hommes et les idées autour des nobles valeurs, Kamal a toujours su le faire mieux que quiconque. Il réussit à fusionner les artistes afars et somalis en organisant un concert DATA MACO/ARREY.

C’est une première dans les annales de l’histoire de la musique djiboutienne. Et surtout un premier pas de plus vers l’unité. Et la cohésion sociale. De cette union historique naît alors le groupe BADONIS qui aura un succès remarquable. A la même année, il interprète la chanson de Talha “YAAMO LOOWO MALIM”. Il chanta également “AMAY TU HINNA YOK TAAMAL “, sa propre composition dans laquelle il évoque le chagrin d’un amour perdu.

Grand indépendantiste, il fait partie d’une délégation de la LPAI qui se rend à Mogadiscio. Et là, il fait une tournée de six mois dans toutes les provinces somaliennes, en compagnie du grand chanteur djiboutien Abdi-Nour Allaleh pour jouer la guitare dans la pièce musicale ‘‘GEEDIGII KOOWAAD’’, de notre plus grand parolier, feu Ibrahim Gadhlé, devant Siad Barré, Hassan Gouled et Ahmed Dini à Mogadiscio. Entre Kamal et la Somalie, ce fut le coup de foudre. Quitte à devenir animateur de la section afar de Radio Mogadiscio de 1978 à 1979.

Aux débuts prometteurs d’Ibrahim Wayté, Kamal vient prendre la guitare pour relancer le groupe EGLA MACO. Puis en 1982, époque qu’il appelle “la renaissance de EGLA MACO” en compagnie du trio Feu Abdalla Lee, Amanda et Fatouma Mansour, il a choisie le piano pour accompagner la chanson “ANU KOO MA GAXAA” qui avait fait un succès remarquable.

C’est juste après la création en 1983 de la formation musicale et théâtrale “AMIGOS BAND” qu’il a joué encore l’orgue aux côtés du grand guitariste Dikhilois Hassan Dimo pour la couverture musicale de l’inoubliable pièce “YABSUMAY MAABIN” du parolier Abass Doogali. Le mérité de Kamal fut qu’il fut à l’origine des centaines des mélodies de 1967 jusqu’en 1990.

Apres cinq ans d’absence sur scène, il refait surface en 1989 et remporte, avec sa chanson ‘DINKARA’, le premier prix du forum culturel.

Les hommes passent mais leurs œuvres restent et les prolongent. Kamal, tu seras toujours présent parmi nous. Car le sillage de lumière que tu as tracé derrière toi, telle une étoile filante, pourra inspirer et guider d’autres sur le chemin de la création artistique. Le défunt a laissé derrière lui une veuve et onze enfants. Il a laissé aussi orphelins beaucoup de Djiboutiens qui l’admiraient énormément. Un immense artiste musicien vient de nous quitter définitivement. Adieu l’artiste, repose en paix !

Nous prions Allah, le Miséricordieux de l’accueillir dans son paradis éternel. AMIN !

INNAA LILAAH WA’INNAA ILAYHI RAAJICUUN !

Rachid Bayleh