Considéré par beaucoup comme l’une des figures de proue de la scène artistique nationale, grâce à l’abondance de ses compositions musicales, le légendaire guitariste, chanteur et compositeur djiboutien, Hassan Loita Hassan, alias Hassan Dimo, est décédé le lundi 28 août 2023 à l’hôpital Peltier suite à une longue maladie. Il était alors âgé de 72 ans. Détenteur de la Palme de la Culture, il a laissé orpheline une fille mais également beaucoup de Djiboutiens qui l’admiraient.

Issu de la famille du sultanat de Gobaad, dans la région de Dikhil, Hassan Loita Hassan, était non seulement un guitariste très talentueux, mais il était aussi un homme merveilleux, que tous ceux qu’il côtoyait ne pouvaient que l’aimer. Le regretté grand artiste a toujours été simple, accueillant et toujours souriant dans la vie courante.

Né le 30 mars 1951 à proximité de l’oued Dagadle, dans la sous-préfecture d’As-Eyla, Hassan Loita Hassan a d’abord fait un apprentissage du Saint Coran dans cette localité frontalière, où son père, Loita Hassan Hanfare, était Cadi, avant de rejoindre les bancs de l’école de la ville de Dikhil, chef-lieu de la région éponyme, pour faire ses études primaires.

Une carrière artistique prometteuse…

Quelques années plus tard, Hassan Loita quitte sa région natale, et s’installe à Djibouti-ville.

Dans la capitale, le jeune Hassan découvre la scène artistique. Envouté par la magie de la musique, il charge alors subitement de carte en 1965 et rejoint la troupe artistique Data Maqo animée alors par Ahmed Hassan Laqde.

Au sein de cette troupe, Hassan Dimo compose de nombreuses mélodies et joue même des rôles dans les différentes pièces de théâtres musicales. 1968

Par la suite, avec l’appui de Hassan Moyaleh et d’Ali Moussa, des jeunes militaires membres de la fanfare de l’armée coloniale, il commence en 1968 à apprendre d’abord le violon avant d’opter pour la guitare. Il s’investit pleinement et une seule année lui a suffi pour maîtriser l’instrument. Les Rolling Stones, les Beatles, DeepPurple, Led Zeppelin l’inspirent beaucoup.

Capable de passer d’un style à l’autre (rock, blues, jazz…), il se produit, en ce temps, avec toutes les troupes du pays et côtoie ainsi l’ensemble des grands artistes nationaux de toutes les générations et de toutes les langues nationales confondues, à savoir : Ibrahim Wayté, Dalha, Kamal Haji Ali, Ibrahim Gadhlé, Abdo Ismail Bouh alias Gofane, Salem Zed alias Hanjo Bouf, Abdoulaziz Ali Saleh, Hassan Elmi, Mohamed Ali Daoud, Ismaël Aynan, Qormo Abdi-Nour Allaleh, Fatouma Ahmed, …etc. Sa popularité grandit.

Un inlassable bâtisseur…

Soucieux de valoriser la scène artistique nationale, Hassan prend part en 1969 à la création de la troupe Egla Maqo. Le groupe fonctionne comme une famille, chaque membre amène son savoir-faire : les textes des chants pour Talha, composition des mélodies et guitare pour Hassan Dimo. Et ce n’est pas tout. L’homme était également, à l’instar de son compagnon de toujours, à savoir le grand pianiste (Paix à son âme), Kamal Hadji Ali, un fédérateur. Ensemble, ils ont réussi à fusionner les artistes afar et somali en organisant un concert DATA MAQO/ARREY. C’est une première dans les annales de l’histoire de la musique djiboutienne. Et surtout un premier pas de plus vers l’unité et la cohésion sociale. De cette union historique naît alors en 1972 le groupe BADON qui aura un succès remarquable.

Toujours disponible pour les multiples sollicitations qu’il reçoit, il collabore, entre autres, avec les troupes nationales les plus emblématiques à cette époque à savoir : Ras-Bir, Eveil, les Frères Unis …etc. Coiffé d’un chapeau de Cow-boy et une cigarette toujours dans la bouche, Hassan accroché à sa guitare, apparait dans presque toutes les représentations artistiques de notre pays. Sa taille imposante ne passait guère inaperçu…  

Puis en 1982, époque de la renaissance de EGLA MAQO, il ne manque pas d’accompagner avec sa guitare, le trio Feu Abdalla Lee, Amanda et Fatouma Mansour, pour enregistrer des nombreux tubes dont notamment la fameuse “ANU KOO MA GACA”.

C’est juste après la création en 1983 de la formation musicale et théâtrale “AMIGOS BAND” (DATE MAQO) qu’il a joué encore la guitare pour la couverture musicale de l’inoubliable pièce “YABSUMAY MAABIN” du poète et compositeur également issu de la région de Dikhil Abass Ismaïl Abass, alias AbassDoogali.  

Outre ses doigts magiques, Hassan Loita avait également une voie magique et a dans son palmarès des nombreuses chansons parmi lesquelles ‘‘Rukkum, rukrukum, rookuh’’, ‘‘Nannoh Nanih Innaah’’, ‘‘Anniwaalisso’’, ‘‘A Qarow Kok Amo Koreyyo Addal Kok Tan Iqiyal Kok Tan Camar Ablu’’.

Au fil des années, le regretté guitariste djiboutien, Hassan Loita Hassan alias Hassan Dimo, se décrit comme quelqu’un de déterminé et toujours de bonne humeur. Tissant étape par étape un lien unique avec son public à qui il est resté fidèle, le défunt artiste a laissé une empreinte indélébile sur la scène artistique de notre pays.

En 1985, il se retire dans sa région d’origine, Dikhil. Et là encore il ne chôme pas. Il intègre la troupe 4 Mars de Dikhil, joue la guitare et signe les mélodies de pas moins d’une cinquantaine de chants patriotiques.  

En guise de reconnaissance pour sa contribution au développement artistique de notre pays, le président de la république, lui discerne en décembre 2016, lors de la journée nationale de l’artiste, la Palme de la Culture.

Avec le poids de l’âge, il mettra en 2020, un terme définitif à sa carrière d’artiste guitariste, compositeur interprète et abandonne la scène.

Des suites d’une longue maladie, Hassan Loita Hassan alias Hassan-Dima a rendu son dernier souffle le lundi 28 Août à l’hôpital Peltier de Djibouti après plusieurs jours d’hospitalisation.

Les hommes passent mais leurs œuvres restent et les prolongent. Hassan, tu seras toujours présent parmi nous. Car le sillage de lumière que tu as tracé derrière toi, telle une étoile filante, pourra inspirer et guider d’autres sur le chemin de la création artistique. Le défunt a laissé derrière lui une veuve et une fille. Il a laissé aussi orphelins beaucoup de Djiboutiens qui l’admiraient énormément.  Adieu Hassan !

L’ensemble des artistes nationaux présente les condoléances les plus attristées à la fille, à la famille, aux proches aux amis du défunt.

INNAA LILAAH WA’INNAA ILAYHI RAAJICUUN ! La vie est éphémère, ici-bas. Nous sommes faits pour la quitter. Dieu le Vainqueur, emmène-nous, le Jour du Jugement vers le Paradis éternel auprès du Prophète Muhammad (PBSL). AMIIN !

Rachid Bayleh