Nous sommes le 8 mars. Et ce jour met à l’honneur chaque année la femme. À cette occasion, je voudrais rendre hommage à celles qui ont inauguré l’émancipation de la Djiboutienne.  À celles qui  appartiennent à la fameuse  corporation des ” charchari”. Ces commerçantes itinérantes  aux revenus plus ou moins modestes sont effectivement à l’origine de l’émancipation de la femme de notre pays. A une époque où les coutumes ancestrales primaient sur notre société patriarcale, les charcharis osèrent  travailler en voyageant pour leurs affaires.  C’est avec l’avènement du train qui remplaça les caravanes entre Djibouti et Addis-Abeba, que ces  femmes se sont mises à faire de petites affaires entre les deux pays aux frontières encore indécises. De l’Éthiopie, elles ramenaient souvent des produits frais comme les fruits, les légumes, le beurre et même de la volaille bien vivante. Et surtout le fameux khat qui pousse en Éthiopie et qui se consomme à Djibouti. En allant en terre abyssine, les charcharis emmenaient avec elles des produits manufacturés comme les habits, les chaussures, des sacs de voyage ou encore des pâtes, du riz ou du sel. Djibouti  grâce à son port bénéficiait d’une multitude d’arrivages indispensables à l’Ethiopie. Depuis longtemps, les charcharis ont évolué. Elles ont conquis le monde.

Elles sont encore nombreuses à voyager dans les pays limitrophes (Éthiopie, Somalie). Mais maintenant elles vont plus loin : Dubaï, Thaïlande, Chine, Inde, Turquie… Elles commandent aussi sur le net. Wathsap et Messenger n’ont plus de secret pour elles.

Ces femmes, souvent millionnaires, méritent l’admiration et le respect car pour la plupart elles sont autodidactes. Sans diplôme ni sorties d’aucune école de commerce, pourtant  elles font rarement faillite. Pour économiser, elles sont adeptes des tontines, un système qui consiste à former une association d’épargnants. .

À la gare, à l’aéroport ou surtout au port, chaque matin, on les rencontre entrain de faire les démarches auprès de la douane. Elles ne sont plus concentrées dans  les shops aux alentours de la Place Harbi. Maintenant, on peut trouver les boutiques des charcharis à Hayabley, Pk12… Elles fournissent nos souks, habillent nos dames et meublent nos maisons souvent à crédit.

Longue vie donc à ces dames d’affaires pas comme les autres.

Choukri Osman Guedi