« Les déchets des ménages, des marchés, des hôpitaux et des restaurants peuvent être triés et transformés en charbon pour servir de produit de substitution au charbon de bois et enfin préserver notre capital vert ». C’est le pari dans lequel s’est lancé Houda Saïd Ali, avec un collectif de femmes djiboutiennes et africaines, « concernées par l’héritage qu’elles veulent laisser aux enfants ». Nous l’avons rencontré pour en savoir plus. Entretien…

«  Nous n’avons qu’un seul écosystème »                                             

Qui est Houda Saïd Ali? Et comment avez-vous eu l’idée du projet Green Care ?

Je suis une ancienne cadre de la BCIMR Bred et  mère de deux enfants. Je suis diplômée en économie de la faculté de Tunis III. Je me suis lancée dans ce projet avec d’autres femmes en 2017. Ensemble, nous avons monté le projet après des recherches et une expertise qui nous a permis d’élaborer la meilleure forme juridique qui corresponde le mieux à notre société. J’aimerais ajouter ceci, quand les femmes entreprennent elles pensent toujours « green » (vert) d’où le nom de notre projet « green care ».  En somme, nous sommes un collectif de femmes djiboutiennes et africaines concernées par l’héritage que nous devons laisser à nos enfants. 

Parlez nous justement de Green Care… 

Il s’agit d’un projet novateur dans notre pays car nous pensons transformer des déchets organiques en charbon écologique. Il faut savoir que les déchets des ménages, des marchés, des hôpitaux et des restaurants peuvent être triés et transformés en charbon afin de servir de produit de substitution au charbon de bois et enfin préserver notre capital vert. Ce besoin de protéger notre écosystème nous a menées à Douala, au Cameroun où cette expérience a, d’ores déjà, porté ses fruits.  Puisque nos partenaires camerounais sont déjà passés à la phase d’industrialisation et de commercialisation du produit fini. L’Afrique est concernée par la préservation de son environnement surtout nos pays sub-saharien où une partie de notre patrimoine risque de disparaitre. Ce qui doit nous préoccuper et nous mobiliser pour le sauver. L’acacia est un arbre fabuleux, il produit une sève qui possède des propriétés médicinales et une richesse inestimable ; il représentante même l’emblème de notre pays, on le trouve sur nos passeports. Il y a toute une biodiversité autour de cet arbre qui peut être utilisé dans la fabrication du charbon écologique et par conséquent il ne peut être sacrifié pour servir de bois de chauffe.

Vous dites que l’expérience a été menée avec succès dans d’autres pays d’Afrique…

Absolument, pas très loin de chez nous, le Kenya et l’Ouganda ont été les pionniers dans la transformation des déchets organiques en Afrique de l’Est. Ensuite, ce fut le tour des pays de l’ouest africain dont le Cameroun. Nous avons appris lors d’un voyage d’études à Douala qu’un climat aride ne devrait pas être perçu comme une fatalité mais plutôt comme une force que nous pouvons utiliser à notre avantage. Observez l’exemple du Tchad, un pays aride et sub-saharien qui utilise et exporte la gomme arabique. Le Tchad est actuellement le premier producteur de sève arabique. Notre pays est un hub, un carrefour qui nous oblige à participer activement à la préservation de notre environnement et la protection de la biodiversité, car au final, nous n’avons qu’un seul écosystème que nous ne pouvons ni changer ni le rendre.

Propos recueillis par MAS